p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Si l'Etat n'a pas de religion, pourquoi doit-on en imposer une pour les femmes ? L'égalité successorale est-elle vraiment formelle ? Si le Coran est immuable, pourquoi doit-on l'appliquer uniquement lorsqu'il s'agit de l'égalité entre l'homme et la femme ? La justice remplace-t-elle le droit ? N'est-elle pas fille de l'Etat de droit, de la liberté et de l'égalité ? À force de vouloir ratisser large, Kaïs Saïed n'est-il pas en train de jouer avec le feu ? Oublie-t-il que la Tunisie est Femmes ? Diable, mais quelle mouche a piqué le président de la République pour annoncer, aux femmes, à l'occasion de leur Fête nationale, que l'égalité successorale n'est qu'une pseudo-égalité formelle ? Pour le chef de l'Etat, le texte coranique est clair et il ne souffre d'aucune ambiguïté : l'égalité successorale est fondée sur la justice. Mais, si le Coran est immuable, pourquoi l'est-il seulement pour les femmes ? Si la Tunisie est avant tout un pays musulman qui doit être régi par la loi islamique, il faudrait, alors, jeter la Constitution et déclarer l'Etat islamique ! Bien sûr, la Tunisie est, jusqu'à nouvel ordre, une démocratie et un Etat de droit où tous les citoyens sont égaux et la liberté de conscience est garantie par la Constitution. La justice est fille de l'égalité, de la liberté et de l'Etat de droit. La justice nous rappelle plutôt le féodalisme et le règne du non droit. Un coup d'œil dans le rétroviseur de l'histoire : " J'imposerai la liberté de la femme et ses droits par la force de la loi, sans attendre la démocratie de ceux qui ont été leurrés par une culture machiste au nom de la religion qui en est innocente..." (Habib Bourguiba, le fondateur du Code du Statut Personnel). Le discours du président de la République prononcé, à l'occasion de la Fête nationale de la femme, a suscité un tollé quasi-général auprès des organisations et associations féministes, de la société civile, de certains partis politiques, des intellectuels et sur les réseaux sociaux aussi bien en Tunisie qu'à l'étranger. Certaines voix s'élèvent pour même critiquer sévèrement les femmes ayant assisté à la cérémonie organisée par le chef de l'Etat. Ces voix reprochent aux femmes de n'avoir pas claqué la porte du palais présidentiel en pleine allocution du président de la République ! Le chef de l'Etat oublie, peut-être, que la Tunisie a toujours été, est et sera Femmes ! Il oublie, également, que les courants rétrogrades ne lui pardonneront jamais d'avoir affirmé que l'Etat n'a pas de religion. La morale de l'histoire est qu'à force de vouloir ratisser large, on finit souvent par perdre sur tous les fronts. Les observateurs politiques semblent être partagés entre deux lectures opposées du discours prononcé par le Chef de l'Etat. Pour les uns, le président de la République est un conservateur qui s'adresse, comme souvent, aux électeurs obscurantistes et rétrogrades qui sont en quête de slogans creux, pompeux et tapageurs. Ils expriment leurs déceptions, leurs colères et appellent les Tunisiennes et les Tunisiens à se mobiliser pour se défendre et pour que l'égalité successorale prenne forme. C'est ainsi que l'Association des femmes démocrates exprime son rejet catégorique de la position présidentielle, tout en regrettant que le chef de l'Etat courtise le réservoir électoral des courants obscurantistes et hostiles à l'égalité entre l'homme et la femme...De son côté, l'ancienne députée et présidente de la COLIBE, vient d'affirmer sur RFI qu'elle était "déçue par un discours creux et populiste à outrance". À titre de rappel, c'était feu Béji Caïd Essebsi qui avait chargé, en 2017, la présidente de la COLIBE de préparer un rapport sur les libertés dont l'égalité successorale. Ce projet est toujours en veilleuse dans les couloirs du parlement. Les défenseurs du discours de Kaïs Saïed laissent entendre que le chef de l'Etat sait ce qu'il fait, ce qu'il dit et où il va. Pour eux, le président n'a pas dit par hasard que l'Etat n'a pas de religion. Il sait que, pour le moment, il règne, mais il ne gouverne pas à cause de la Constitution "torchon" actuelle. Il faudrait, par conséquent, attendre la révision de la Constitution et l'instauration d'un régime présidentiel. C'est, à ce moment-là, que Kaïs Saïed passerait à l'action, pour séparer définitivement la vie politique de la religion qui ferait partie de la sphère strictement privée. Et pour que l'égalité entre les Tunisiens et les Tunisiennes soit réelle, effective, concrète et engloberait tous les aspects de la vie politique, économique, sociale et culturelle. C'est, dans ce cadre qu'il faut appréhender, à sa juste valeur, la phrase du chef de l'Etat : "l'Etat n'a pas de religion". Inchallah ! p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"