Décidément, la fièvre catarrhale ovine, appelée « Blue tongue » (maladie de la langue bleue en anglais), a tendance à prendre des proportions inquiétantes dans la région de Beni Khaled avec l'apparition de plusieurs cas à Sidi Toumi, Sidi Alaya, Bir Drassen, Meznine et Sidi Ouhichi. Le phénomène a coïncidé avec le retour des pluies et la prolifération des moustiques et autres insectes. Un constat qui continue à susciter l'inquiétude des éleveurs de la région. Les services compétents s'attellent à infirmer ou confirmer les cas suspects après observation et analyses des ovins concernés. « Cette fièvre catarrhale du mouton ou maladie de la langue bleue, nous explique Béchir Aouanalah, le Président de l'Union locale des agriculteurs de Beni Khalled, est une maladie virale non contagieuse qui touche les ruminants domestiques et sauvages (essentiellement les ovins mais aussi les bovins, les caprins, et les camélidés). L'infection se transmet par de petits insectes piqueurs. La sévérité de la maladie est fonction de l'espèce animale infectée. Les symptômes les plus graves touchent les ovins, provoquant perte de poids, chute de la production de laine et mortalité. Les bovins présentent souvent un taux d'infection plus élevé que les ovins. La nature et la sévérité des signes cliniques varient en fonction de la souche virale. Cette pathologie est transmise par un animal infecté à un autre à travers une piqûre de moustique ou de moucheron dont la prolifération est favorisée par les fortes chaleurs et l'humidité. Cette maladie strictement animale n'affecte aucunement l'homme » Les mesures nécessaires ont été adoptées par les éleveurs locaux, afin d'isoler le mouton atteint par cette maladie en vue d'éviter la contamination du troupeau et de réaliser les analyses vétérinaires nécessaires. Pour juguler l'avancée du fléau, une action de désinsectisation devrait être lancée, en collaboration avec les services sanitaires et agricoles concernés. Les foyers potentiels porteurs de la maladie : gîtes à moustiques, étables, fosses septiques, décharges publiques et autour des abattoirs, devront être préalablement circonscrits par les services vétérinaires. Toutefois, cette maladie ne pourra pas être jugulée sans service sanitaire. Le Président de l'Union locale des agriculteurs de Beni Khalled ne mâche pas ses mots : « Beni Khaled est une zone agricole qui s'étends sur 13.500 hectares et jusqu'à aujourd'hui elle attend la nomination d'un vétérinaire par le commissariat régional de l'agriculture. Chose qui rend la détection de cette maladie difficile. Les éleveurs de la région redoutent une contamination à grande échelle de leur cheptel, dans la mesure où la région, qui compte l'un des plus importants patrimoines animaliers du Cap Bon est ouverte sur des zones qui seraient déjà affectées. À cette situation s'ajoute le phénomène inquiétant de l'abattage clandestin qui a tendance à prendre des proportions alarmantes, selon les éleveurs de la région, avec tous les risques que cela comporte pour la santé publique. Aussi, apparait la nécessité de la déclaration des suspicions et des cas. Dès sa parution, cette maladie doit faire l'objet de mesures de luttes organisées à l'échelle de la région. Il est important de connaître les signes de la maladie pour la repérer assez tôt et soigner les animaux à temps. Cela en diminue la gravité et le risque de mortalité. La prévention passe par des mesures contraignantes de limitation de la circulation des animaux dans les zones touchées et par la vaccination. L'identification, la surveillance et suivi des animaux sensibles et potentiellement contaminés, la mise en quarantaine, l'identification des zones spécifiées et la lutte contre les insectes sont nécessaires. La vaccination est la mesure la plus efficace et la plus simple pour réduire au minimum les pertes liées à la maladie et pour tenter d'interrompre le cycle entre les animaux contaminés et les vecteurs. Il est essentiel d'utiliser un vaccin qui assure une protection contre la ou les souches virales spécifiques présentes dans la zone concernée. ».