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Les dégâts collatéraux d'une démocratie «singée»
Publié dans Le Temps le 04 - 11 - 2020

p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 13px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Le Temps - Raouf KHALSI p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"L'attentat de Nice représente un énième marqueur (chimique) de ce que puissent être ces réactions épidermiques, déraisonnables, sinon carrément passionnelles, d'une classe politique donnant le change à l'effondrement de ce qu'il est communément admis d'appeler « la morale publique ». L'ennui, c'est que les hérésies de cette bonne partie de la classe politique conditionnent les prises de position officielle d'un Etat balbutiant ainsi que la « conscience collective » toute entière. C'est aussi le reflet d'une démocratie qui n'en finit pas d'être « singée », qui s'est brusquement imposée dans le paysage politique tout autant que dans ces rouages publics prenant de plus en plus les sentiers impénétrables d'un labyrinthe sans fin.
En dix bonnes années, nous aurons eu tout le temps de vérifier à quel point le processus démocratique aura finalement conduit à son irréversible médiocratisation.
Démocratie infantilisée
Il en résulte un modèle sociétal nouveau, inédit et où la morale publique, et la morale tout court, se diluent dans les codes factices d'une démocratie dénuée de repères, infantilisée et ne répondant guère aux valeurs universelles sur lesquelles elle a été fondée. A quelques variantes près, on eût dit que sa soudaine irruption au lendemain de la révolution répondait au besoin de chasser une dictature pour la remplacer par une autre. Qu'est-ce finalement que cette démocratie dont on ne sent guère la présence, tant au sein des partis eux-mêmes, qu'au plus haut niveau du processus décisionnel et censé être souverain de l'Etat ? Est-ce là cette démocratie tant souhaitée, caressée du creux de la main par les figures de proue de l'opposition contre le régime déchu et annonçant une nouvelle ère tout autant que la « défatilisation » de l'Histoire ?
Les opposants purs et durs se sont, en fait, perdus en cours de route. Hamma Hammami, Ahmed Néjib Chebbi, Mustapha Ben Jaafar, le défunt Ahmed Brahim lui-même, n'ont pas pris la dimension du bouleversement du 14 janvier et n'ont pas eu le réflexe de, vite, adapter leurs anciens moyens de lutte aux exigences nouvelles d'un leadership politique les ayant taraudés bien plus qu'il ne les ait libérés. Le besoin viscéral de camper sur les gradations idéologiques, alors que la révolution n'avait pas, et n'a toujours pas de pendants idéologiques et, encore moins dogmatiques et doctrinaires ? Il y a de cela : une très mauvaise lecture de ce qui a rendu la révolution possible. Au final, aujourd'hui, dans quelle dialectique sommes-nous, dès lors que tout se fait et que tout se défait selon le métabolisme d'Ennahdha qui n'en finit pas de faire souffler le chaud et le froid ?
Plus paradoxal encore, le « premier parti du pays » est en pleine déliquescence. Ses structures sont ébranlées, il perd de plus en plus de cadres incisifs et ces dissidents ne se retiennent plus : ils dénoncent l'oligarchie sur laquelle trône, depuis un demi-siècle, Rached Ghannouchi. Plus encore, Lotfi Zitoun avertit les Tunisiens quant à la dangerosité du nouveau plan que concocte le parti islamiste. À savoir ce « dangereux » gouvernement d'union nationale, système de gouvernance clientéliste et, comme tous ceux qui l'ont précédé dans le genre, il hypothèquerait l'action du gouvernement en ce contexte où nous n'avons besoin que d'un pilote, un seul, dans l'avion. Est-ce là une planche de salut, alors qu'un fossé abyssal sépare désormais le Président qui a une vision singulière de la démocratie, du Chef du gouvernement qui veut donner l'impression de ne guère avoir d'états d'âme ? Est-ce là la démocratie souhaitée pour le pays ? Car, par ailleurs, lorsque le code électoral ouvre grandes ouvertes les portes du Parlement à des groupuscules extrémistes et qui se sont lâchés dans leurs commentaires et dans leur intégrisme religieux, il n'y a plus d'échappatoire possible : le plan d'islamisation du pays est remis au goût du jour. Voilà donc, la suprême illustration d'une démocratie infantilisée, sinon carrément singée.
« Le Capital social »
Dans une édifiante analyse parue dimanche dernier sur les colonnes de notre journal, tout s'est articulé autour de la démission de nos intellectuels, c'est-à-dire de nos élites. Ce retrait, nos élites et nos intellectuels organiques (au sens de Gramsci) ne l'ont pas voulu. Ils y sont contraints par les pourfendeurs et de ces singes savants qui prennent la vie politique nationale en otage, qui se déversent en pamphlets haineux et menaçants à leur endroit. Déjà, nos élus du peuple ont transformé l'hémicycle en arène de combats où les gros bras exhibent toute l'étendue de leur ignorance des valeurs démocratiques, leur déni même. Et, inévitablement, cela déteint sur la morale publique dont les stigmates de la putréfaction n'ont d'égales que le dépérissement de l'échelle de valeurs régissant les rapports gouvernants/gouvernés.
Loin de tout prosélytisme, le célèbre économiste et philosophe Adam Smith, parle même de « Capital social », c'est-à-dire la transparence tant au niveau de la gouvernance, le rôle de l'Etat dans le contrôle de l'excès de cupidité (c'est ce qui ne se qui se produit pas chez nous avec un Etat incapable de s'assumer), une presse libre qui surveille (chez nous elle n'est pas plus libre que durant les années où pesait la chape de plomb), les débats démocratiques et politiques sur les drames concrets, le souci de la vérité sur les grands enjeux. Voilà les principes de Smith étayés dans son grand ouvrage « La Richesse d'une nation ». C'est bien lui qui en est le précurseur depuis le XVIIIème siècle et qui sert de fondements aux démocraties qui se respectent. Où en sommes-nous de ces valeurs ? Et où en sommes-nous des sentiments moraux, de la morale publique qui représente un tout : l'esprit des lois, les institutions politiques, la société civile, ce qui renvoie à la normalisation de la vie publique.
Dans une édifiante chronique, l'écrivaine Azza Filali, plaçait ce titre qui donne froid dans le dos : « Tunisie, morale décédée, sincères condoléances ». (Cette chronique est parue sur les colonnes de notre confrère Leaders).
Quelque temps avant elle, Hélé Béji mettait en doute l'existence même de la société civile.
En fait, oui : où est passée la société civile et, avec elle, comment a-t-on réussi à balafrer la morale publique ?
Si l'on devait s'aligner sur les enjeux politiques dont Ennahdha est la locomotive, c'est Machiavel qui émerge, comme par une évidence géométrique.
Si l'on devait, en revanche, implorer cette morale publique, c'est plutôt Rousseau (et Azza Filali l'a soulevé) qui reprend le dessus. « Ceux qui voudront traiter séparément la politique et la morale, n'entendront rien à chacune des deux ». Allez cependant parler de Machiavel, de Rousseau, d'Adam Smith et des grands penseurs de chez nous à ces députés clivants et qui n'en finissent pas d'attiser les feux des ruptures entre élites et politiques.
On s'attendait, du moins, à un projet civilisationnel et sociétal de la part de Kaïs Saïed. Ce n'est cependant pas là son souci premier.
Or, au stade où nous en sommes, il faut que la Tunisie prenne son destin en mains. Il faut qu'elle le contrôle en réinstaurant la morale publique. Si l'on continue d'en faire abstraction, c'est ce destin qui contrôlera la Tunisie. Juste pour paraphraser Churchill....
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