p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 13px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Le Temps - Raouf KHALSI p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"La France, berceau de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme est aujourd'hui taraudée entre « ses valeurs d'universalité » et ses impératifs sécuritaires. On ne saurait le lui reprocher, dès lors que le Salafisme djihadiste frappe aveuglément sur son territoire et que tous ses dispositifs préventifs de sécurité se révèlent de plus en plus incapables de circonscrire le fléau. Mais La France ne se regarde pas dans le miroir. N'a-t-elle pas, elle aussi, contribué à faire le lit de l'intégrisme ? Ne pouvait-elle pas penser, ou prévoir, que ses implications militaires en Irak et en Syrie-au nom de la lutte contre les dictatures- l'auraient mise dans l'œil du cyclone d'Al Qaïda d'abord et de Daech ensuite, pur produit à la Frankenstein, ce montre qui se retourne contre celui qui l'a fabriqué de toutes pièces ? Nous aussi, sommes guettés par le terrorisme ! Sauf que la Tunisie en paye elle-aussi le prix fort. Elle aura été la rampe de lancement de ce «Printemps arabe» et, en dehors d'une singulière démocratisation de la vie politique, elle est toujours la cible des mouvances terroristes. La Tunisie est en effet l'un des pays ayant subi le plus d'attentats terroristes, et ces terroristes -quoique bon nombre d'entre eux soient tunisiens- paradoxalement, Daech les a redéployés sur nos terres. Nous avons eu la tragédie de Sousse ; celle du Bardo et toutes les deux visaient, certes les étrangers, mais n'en visaient pas moins à déstabiliser le pays. Nous avons aussi eu notre lot d'attentats contre les forces sécuritaires, contre d'innocents civils, et nous avons par ailleurs tremblé quand Ben Guerdane a failli tomber aux mains de Daech. Croit-on, devrait-on croire que l'usure de la guerre en Syrie et les défaites successives, aient eu raison de Daech ? Non, cette organisation baptisée par les Occidentaux «Etat islamique» change juste de tactique, de trajectoire aussi tout en flairant les «loups solitaires» qu'elle enrôle en un rien de temps. Quelque part, les responsabilités de la «Révolution du jasmin » sont établies. Ses conséquences se traduisent par 6000 Djihadistes tunisiens exportés en Irak et en Syrie. L'éveil à la démocratie du pays leur importe peu. Il s'agit, pour eux, d'installer un Etat islamique, un 6ème Califat qu'en pleines turbulences, Hamadi Jebabli a eu le tort d'évoquer. Les enjeux géostratégiques ont, entre temps, changé de trajectoire. Et la France, partie prenante dans le conflit libyen, se retrouve à devoir réviser sa copie. Elle est en butte, elle la première, à l'expansionnisme d'Erdogan au niveau de la Méditerranée, alimentant toutes les dissonances au niveau de l'OTAN. Conflits d'intérêts aussi entre la France et la Turquie en ce qui concerne les juteux marchés de la reconstruction libyenne. Sur ce plan, Erdogan jouit du soutien de certaines parties tunisiennes. La France, non. Plutôt, Seifeddine Makhlouf s'est assigné comme objectif de conspuer cette France qui, à ses yeux, coloniserait toujours la Tunisie. L'onde de choc se répercute jusqu'en France, notre premier partenaire dans l'absolu, cependant que les futurs enjeux électoraux d'Emmanuel Macron prédisent à celui-ci, qui est déjà affaibli par Le Covid-19 et par les gilets jaunes, des réflexes populistes à la Lepen. On pourrait, à la limite, émettre des réserves sur un quelconque lien de cause à effet entre les caricatures du Prophète de l'islam, l'assassinat de Samuel Paty et les réactions du Président français, du reste, jugées un peu trop excessives par le monde arabo-musulman. Cette immigration à deux vitesses Entre théories sur le séparatisme islamique et commémoration de l'attentat contre Charlie Hebdo jusqu'à l'attentat de Nice, le gouvernement français a choisi de faire place nette. C'est son droit. Et voilà que le ministre français de l'intérieur est chargé par Macron de se rendre à Rabat, Tunis et Alger pour traiter (du moins en ce qui nous concerne) des moyens et des formes juridiques du rapatriement des immigrés clandestins détenus en prison et tous ceux sur lesquels pèsent des présomptions de terrorisme. Il s'agissait de coordonner avec les autorités tunisiennes au niveau des laisser-passer, dès lors que les immigrés clandestins n'ont jamais de pièces d'identité sur eux. On a aussi parlé de normes internationales inhérentes aux Droits de l'Homme et au droit de ces immigrés à tous les recours judiciaires comme c'est de rigueur dans les conventions internationales. Sur ce plan, en la forme du moins, la France reste un Etat de droit. En tous les cas, le gouvernent français n'a pas fait comme l'ultra populiste Matteo Salvini, ancien ministre italien de l'Intérieur, et qui est venu chez nous pour quelques heures afin d'imposer à la Tunisie d'accepter le rapatriement en masse de ses immigrants clandestins. Et, depuis, nos immigrants sont rapatriés en vagues successives. C'est juste le style qui change. Du moins, le ministre français de l'Intérieur aurait fait part –selon des agences de presse françaises- de la décision du gouvernement français d'accorder une aide de 10 millions d'euros au gouvernement tunisien, enveloppe destinée à mieux surveiller nos frontières maritimes, rampe de lancement de l'immigration vers Lampedusa. Sauf que le gouvernement tunisien craint un « ramassage » sans tri et sans distinction de tous les immigrés tunisiens. Des associations tunisiennes en ont donné l'alerte. Il est vrai que l'article 25 de la constitution stipule que nul tunisien ne peut être empêché de regagner le pays. Mais la suspicion que la France ne s'oriente à faire la purge, même au niveau de de ceux qui ont les papiers en règle, est latente parce que, comme souligné plus haut, Macron se prépare pour une campagne électorale et, qu'il en aura à découdre avec Marine Lepen. En fait, la France a toujours vécu très mal l'immigration. En 1974, il y a eu, en effet, la loi Stoléru qui proposait aux travailleurs tunisiens parfaitement en règle de quitter la France moyennant une enveloppe individuelle de 10 mille francs. En 1980, il y a eu la loi-Bonnet, aveuglément répressive, abolie par la suite par François Mitterrand qui régularisait la situation de 130 mille personnes en situation irrégulière et qui favorisait aussi les regroupements familiaux. Mais c'étaient d'autres temps. Aujourd'hui il y a le populisme du Front National et il y a le terrorisme. Et, du coup, la Tunisie se retrouve en plein dans ces feux croisés. A noter, cependant, que la France a été quand même heureuse d'accueillir à bras ouverts, ces dernières années, les 8 mille tunisiens entre ingénieurs et médecins. L'Allemagne aussi.... Mais en ce qui concerne l'immigration clandestine, il est clair que la France a choisi la solution extrême. Il est tout aussi clair et, même, impératif que le gouvernement tunisien ne peut plus faire comme l'autruche. p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"