Si l'on fait du zapping sur les chaînes tunisiennes, l'on s'aperçoit que, pour certains programmes les Tunisiens, sont riches... Remplir la grille des programmes n'est pas chose aisée, surtout en ces temps de pandémie, et quand il n'y a aucune volonté de créativité. Des rediffusions à tire-larigot entre archives et feuilletons datant de Mathusalem, des dramatiques que les chaînes s'échangent, des émissions qui atteignent les bas-fonds de la stupidité, répétées tout le long de la semaine, des débats nombrilistes et stériles, voilà ce que nos chaînes nous servent quotidiennement. Tout cela n'est très peu ragoûtant. Que dire alors des programmes culinaires et de télé-achat ? C'est affolant de passer d'une chaîne à l'autre et de voir les mêmes programmes dans la même tranche horaire. On a l'impression que, pour les programmateurs et les «pseudo» créateurs d'émissions, les Tunisiens sont riches, à un point que, pour eux, tout le monde peut se permettre d'acheter les aliments pour les plats présentés ou les éléments proposés à la vente par correspondance. Mais, on a l'impression, aussi, que ces émissions sont très sélectives, qu'elles ne sont dirigées que vers une certaine catégorie de téléspectateurs : ceux qui ont le portefeuille bien fourni et ceux qui ont le vice de l'importance, c'est-à-dire qu'en achetant tel objet ou en faisant tel plat vus à la télé, cela leur donne de l'importance. En fait, tout est fait pour maintenir le Tunisien dans une société de consommation, vaille que vaille et coûte que coûte. Il faut avouer que, par une certaine nature qu'il a acquis au fil du temps, le Tunisien est un grand consommateur et de n'importe quoi. Il consomme sans se poser de questions. Il n'y a qu'à voir lors des fêtes, qu'elles soient religieuses ou non, et de notre culture ou non. Alors une pression de plus ou de moins de la part des chaînes de télé, peu importe les conséquences. Pour les émissions culinaires, cela peut encore passer. L'on peut remplacer tel ou tel produit par un autre. Ce n'est pas parce que l'on prend une marque à la place de celle employée lors de l'émission que le goût du plat va changer ! En fait, les émissions culinaires sont plus une grande plage de publicité, qui, soit dit en passant, rapporte gros à la chaîne, que des émissions pour donner des idées de mets à déguster. Franchement, il y a tout ce qu'il faut sur le Net comme recettes intéressantes... Pour les télé-achats, c'est une autre histoire. En toute sincérité, c'est de l'arnaque pure et dure, avec des remises qui ne sont en fait que des leurres. En plus, le système utilisé par les animateurs et surtout les animatrices, plus hôtesses d'accueil que présentatrices d'ailleurs, est typiquement celui des centres d'appel spécialisés dans la vente de produits, avec des mots bien définis et accentués -comme si tous les produits proposés sortaient de l'ordinaire et qu'il n'y en avait pas ailleurs, une prononciation non naturelle qui est souvent employée pour des personnes avec un retard mental, avec l'image en plus. Il faut bien capter l'attention et attirer le chaland. Peut-être que l'avantage de ces émissions est de permettre aux clients de ne pas se déplacer pour acheter. Ils restent tranquillement à la maison et se font livrer leurs marchandises. On peut se demander si les images des produits proposés sont contractuelles ou pas. Le gros désavantage des télé-achats, c'est, en vulgarisant, qu'ils détruisent, quelque part, l'économie du pays en concurrence les petits commerces et les grandes surfaces. En plus, et à un autre degré, ils font monter l'envie, et presque l'avidité, chez les personnes qui n'ont pas les moyens de s'offrir les marchandises proposées. Dans une société où il y a de plus en plus d'écart entre la classe «riches» et le reste, il faudrait peut-être penser autrement les types d'émissions... Z.H