Elle n'est plus à présenter, l‘artiste peintre, Alia Kateb. Mais elle continue à faire parler d'elle en organisant un double événement en ces temps de pandémie planétaire, (ce qui n'est pas évident) ; une exposition de ses œuvres récentes créées durant le confinement, ainsi qu'un livre (151 pages), retraçant ses 30 ans de carrière (novembre 2020), conçu et réalisé par Mustapha Chelbi. Pour Alia Kateb, peindre, c'est accorder ou désaccorder des couleurs, c'est appliquer consciemment ou non, des règles de composition ; son œuvre traduit le mouvement par un subtil équilibre de matière et de couleurs, et l'ombre révèle la lumière. « Je vais, confie t-elle, là où mon pinceau me guide, sans trop savoir où ça va me mener, mais je ne m'arrête que lorsque je trouve un équilibre dans ma composition et mes couleurs... » Entretien. Le Temps : pour couronner vos 30 années de carrière artistique, vous venez d'éditer à compte d'auteur, un livre intitulé « La force de la spontanéité » ? C'était un rêve qui vous tenait à cœur depuis quelque temps. Comment l'expliquiez-vous ? Alia Kateb : j'avais ce projet depuis quelques années déjà, cela me tenait à cœur, comme vous l'avez si bien dit. Je réunissais au fur et à mesure, les documents relatifs à ma carrière ; les photos de mes œuvres, les articles de journaux dans lesquels j'étais interviewée, mais celui qui devait écrire non seulement sur mon parcours artistique mais aussi, sur ma vie professionnelle, ne s'était pas présenté. Entre temps, je continuais à travailler et à exposer au Palais Kheireddine, au Presbytère St Croix, à la Cité de la Culture, à la Galerie Samia Achour, où j'expose en permanence depuis 2014, à la Galerie 421, etc....ainsi qu'à l'étranger, (France, Canada, Amérique, Belgique, etc...). *Votre choix pour la conception et la réalisation du livre, s'est porté sur l'écrivain et critique d'art Mustapha Chelbi. Pourquoi ? - Mustapha Chelbi, écrivain et critique d'art de renommée internationale, qui me connait depuis de nombreuses années et qui a suivi ma carrière à l'international ainsi que lors de mes expositions au Grand Palais à Paris en 2006 et 2007,( où il présentait sa revue « Espace pictural » dans laquelle figuraient en autres, mes œuvres), m'a proposé de faire un livre ensemble représentant mes 30 années de carrière artistique. J'ai bien sûr accepté, en hommage aussi à mon époux décédé en 2019 qui m'a toujours encouragée dans mon parcours ; ce livre lui est dédié. Par ailleurs, j'aimerai vous dévoiler ici quelques passages du texte que Mustapha Chelbi a écrit (page 52) à propos de ma peinture: « La spontanéité est le plus beau et le plus court chemin pour aller vers soi ... Que l'on soit peintre ou poète, la spontanéité permet au créateur, de se construire dans le discours en jetant par dessus bord, tout ce que l'on a appris pour céder l'initiative à l'inné qui excite au plus profond de son être. C'est ainsi que Alia Kateb a libéré sa palette pour construire une œuvre à son image...La spontanéité est le terreau fertile de la créativité. Elle a été mise en pratique par les surréalistes sous le signe de « l'écriture automatique », et érigée en principe par Dubuffet à travers le concept « Art Brut »... » *Après les galeries de Tunis et sa banlieue nord, vous avez opté cette fois, pour l'Acropolium de Carthage, un très vaste espace voué essentiellement aux grandes manifestations, à l'image de l'Octobre musical. Pourquoi ? -Cela s'est présenté à moi grâce aussi, à une proposition de Mustapha Chelbi, avec l'accord du directeur de l'Acropolium, Mustapha El Okbi, que je remercie infiniment, et qui après avoir découvert mon livre, m'a accordé les dates des 16, 17 et 18 décembre 2020 pour mon double événement. Mon rêve finalement se réalise en exposant dans un lieu aussi prestigieux que ceux dans lesquels j'avais exposé à l'étranger, comme : les Nations Unies et la Galerie Ashok Jain à New York, le Grand Palais sur les Champs Elysées, l'Espace Champerret et la Galerie Le Halle Courbot à Paris, la Galerie Parent Roback à Montréal au Canada, et tant d' autres galeries toutes aussi connues les unes que les autres, à Meknès et Tanger au Maroc, et Bruxelles en Belgique. Pour revenir à l'Acropolim de Carthage, ce temple de la culture et ancienne cathédrale St Louis de style byzantin mauresque, berceau de l'Octobre Musical, conforte ma joie et ma fierté d'exposer dans un lieu si connu dans le monde, et que j'ai eu l'occasion de faire visiter à des amis étrangers ébahis par tant de beauté. *Vous avez toujours participé aux actions de bienfaisance en, venant en aide à des associations caritatives. Comment compteriez-vous y participer cette fois ? - Oui, j'ai souvent participé dans des expositions personnelles ou de groupe en offrant une toile ou avec un pourcentage dans la vente de mes œuvres que ce soit pour des maisons de retraite, ou des associations de lutte contre le cancer. Il faut dire que j'ai une compassion particulière pour les personnes âgées ; maman qui a actuellement 95 ans et qui vit chez moi depuis 25 ans, fait partie de cette catégorie de personnes fragiles qui nécessitent amour et attention. Cette fois, j'ai le plaisir de faire bénéficier de 30 pour cent sur la vente de mes œuvres et de mes livres, l'association Rotary Club Carthage Horizon qui milite pour le bonheur des enfants dans le besoin, et que je félicite pour leurs actions en faveur des plus démunis. *Comment avez-vous vécu les deux vagues de confinement. Cela vous a-t-il propulsée à créer davantage durant cette période ? - Effectivement ! J'ai profité de ces deux confinements pour travailler un peu plus ; j'avais dans la tête ce projet, et pour contrer le stress et l'angoisse engendrés par l'actualité alarmante de tout bord, je me suis confinée dans ma peinture et la création d'ouvres en rapport avec la situation actuelle mais travaillées d'une façon optimiste, afin de rendre heureux ceux qui se les procureront. J'avais aussi en mémoire, toutes les ouvres admirées dans les galeries que nous avions visitées, mes amies artistes et moi, à New York, (le Whitney ou le Guggenheim Museum). *Qu'avez-vous préparé pour le programme du vernissage du 16 décembre. Est-ce une invitation adressée à tous ? -C'est une invitation qui s'adresse aux collectionneurs, artistes, journalistes, ma famille et tous les amoureux de l'art, qui j'espère viendront nombreux... Je compte mettre à leur disposition, du gel hydro alcoolique à l'entrée, des masques jetables pour ceux qui auront oublié les leurs, ou pour les enfants qui viendraient avec leurs parents à la sortie des écoles. Et puis, et surtout, la présence d'un musicien qui viendra égayer l'atmosphère avec des intermèdes musicaux et ça sera la grande surprise ! *Quels sont vos projets pour l'avenir, et qu'espériez-vous réaliser en 2021 ? - Pour l'avenir, en restant optimiste et avec l'aide de Dieu, dès que les Frontières ouvriront et qu'on pourra voyager prudemment et sans risque, peut être, de nouvelles expositions se présenteront à l'horizon, seule ou en groupe pour continuer à faire connaitre les artistes tunisiens à l'étranger. Propos recueillis par : S.B.Z