En politique, les alliances renaissent, murissent et rattrapent parfois des anomalies et des ruptures. C'est le cas en Tunisie, dont l'échiquier politique devient de plus en plus bipolaire. Façon de dire que les alliances, les vraies, sont plus visibles. D'une partie, Ennahdha range deux principaux alliés politiques représentant 48 députés. Il s'agit bien de la Coalition Al Karama (un parti islamiste de réserve) et Qalb Tounes qui a perdu 8 membres, substitués d'ailleurs par huit autres députés indépendants dans le compte des alliés auprès de Rached Ghannouchi. Le président de l'ARP détient même les commandes à la Kasbah, où est installé le quartier gouvernemental. Hichem Méchichi devient finalement Premier Ministre auprès du Président de l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP). Un Président qui, contrairement à ses nombreuses promesses électorales, renoue des alliances avec Nabil Karoui, après l'avoir accusé de corruption, tout au long de la période électorale. Auprès des islamistes, tout est possible en politique. C'est le principe de la Taqyia qui l'autorise. Cette pratique devenue doctrine chez les différents courants de l'Islam politique, autorise le recours aux tromperies pour se défendre. De nouveaux alliés La quête du pouvoir de leader islamiste ne s'arrête. « Il se croit Président de la République », ainsi répond Abdelfattah Mourou, le cofondateur d'Ennahdha en tant que mouvement islamiste. La résistance est pourtant farouche, souvent imprévisible, à Carthage. Le Président dispose à son tour d'alliés. En politique, il a une alliance avec le bloc démocratique (Attayar et Achâab) avec leurs 38 députés et qui est le principal bloc de l'opposition. Sur autre plan, le Président de la République s'est mis d'accord avec la Première centrale syndicale du pays, l'UGTT en l'occurrence. Le rapprochement des positions est amorcé dans la foulée des tractations autour du dialogue national initié par l'UGTT. La Présidence s'active. L'agenda du Président prévoie des rencontres avec des organisations de la société civile, engagées dans les derniers mouvements de protestations sociaux observés à Tunis. Docteur, Jamal Msallem, actuel Président de Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme (LTDH), est le premier à se réunir avec le Président de la République. Après, c'était au tour du Bâtonnier de l'Ordre des Avocats de Tunisie, maître Bouderbala de rencontrer le Président qui a invité les Présidentes des deux premières organisations féminines en Tunisie, l'Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD) et l'Union Nationale de la Femme Tunisienne (UNPF). Avec ses deux premiers invités, le Président a discuté des mouvements de protestation sociale, mais principalement de la crise politique observée, depuis l'approbation du dernier remaniement ministériel. Ainsi, le Président obtient du soutien politique. Avec l'ATFD et l'UNPF, Kaïs Saïed avait des choses à dire mais, avant, des positions à expliquer. Il s'agit de la question de l'Egalité des chances aux postes de responsabilités, puisque sa position envers la parité est officiellement annoncée. Le Président refuse le remaniement ministériel pour l'absence de la Femme dans la liste des nouveaux ministres. À l'issue des rencontres, Yosra Frawès et Radhia Jerbi, respectivement présidente de l'ATFD et l'UNFT, se sont déclarées optimistes, mais peu convaincues quant aux positions de la Présidence à l'égard des questions de la Femme. La dernière réunion programmée dans la matinée d'hier, par le Cabinet de Kaïs Saïed, concernait le secteur de la presse. Le Président s'est réuni avec Mohamed Yassine Jlassi, Président du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) qui se trouve conforté après cette réunion. Kaïs Saïed refuse toute loi liberticide et condamne les agressions contre les journalistes. Il rejoint surtout les revendications du SNJT, à propos de l'argent politique qui prend le secteur de la presse en otage. Le financement des médias est une question qui dérange à Montplaisir où siège principalement Rached Ghannouchi. Z.D.