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"Si nous devions prêter l'oreille aux mauvaises langues, Akrout, Toniato et Korbi, n'auraient jamais dû jouer" L'interview : Robertinho , entraîneur du Stade Tunisien
La Samba se dégage de ce ton jaculatoire. Robertinho est décidément un personnage. Un personnage qui dérange par son franc-parler et par cette série de succès qui fait taire tous ceux qui l'avaient cloué au pilori. Quitte à pactiser avec le diable, c'est-à-dire jouer le Cattenaccio, et à renoncer à une parcelle de son ADN brésilien, Robertinho affirme et assume sa boulimie... presque carnassienne. Le Temps: Il est très rare de voir un Brésilien pratiquer le "Cattenaccio", jouer à l'italienne, n'est ce pas ? Robertinho: (avec un large sourire) Vous faites sans doute allusion à notre première mi-temps. C'est en partie vrai, mais nous avons, en deuxième mi-temps, réajusté notre positionnement sur le terrain, et en foi de quoi, il n'y a plus d'espace concédé. Le milieu de terrain de Gafsa a beau chercher d'en trouver, il n'a pas trouvé la moindre faille, si bien qu'il a été contraint de balancer et, à ce jeu, ma défense est imbattable. Notre résistance les a beaucoup agacés, d'où certains gestes agressifs. Je saisis cette occasion pour remercier les quatre arbitres pour leurs rectitude et leur courage. •Ne pensez vous pas que le keeper Naouali a supporté tout le poids de la rencontre ? -Seulement en première mi-temps, mais à la reprise et après les correctifs qui s'imposaient, il n'a pas eu trop à se déployer. Le système de couverture de la deuxième moitié du match a été entier. Avec les retouches tactiques dictées par les circonstances, j'ai dit à mes joueurs que celui qui sait gérer la situation durant toute une mi-temps, peut très bien empocher les trois points du succès, au cours de la seconde. Il fallait adapter ma formation à a réalité des choses, patienter, obliger notre adversaire à ne plus avoir quoi faire, et frapper à la première opportunité offerte. Nous l'avons fait devant Gabès, Zarzis, Sousse, pourquoi, ne pas autant performant à Gafsa ? Avec une telle pression, je ne pouvais pas ouvrir le jeu. •Au niveau du jeu, le Stade Tunisien n'a pas été dominateur? -Il fallait jouer intelligemment, sans plus. Je connais les limites de mes joueurs, il fallait adapter la tactique qui leur convenait le plus. Je ne peux pas demander plus. Je ne peux que les féliciter d'avoir exécuté toutes les consignes. Le speech que j'ai tenu à la pause était on ne peut plus positif, et j'ai senti que mon message est bien reçu. Tous mes joueurs se sont mis dans la tête un même objectif : tenir bon, réduire, ce que tout le monde appelle communément, les espaces, et frapper un grand coup d'éclat à la première aubaine. Bravo encore une fois à mes joueurs qui ont su être à la hauteur. •Tout le monde a été surpris par la non titularisation de Iheb M'sakni, que vous avez pourtant beaucoup préparé. Etait-ce une manœuvre pour brouiller les plans d'en face ? -Aucun entraîneur au monde ne divulgue toutes les cartes qu'il détient vraiment. Cela fait partie des règles du jeu. C'est ma stratégie ! Dans ce stade, et avec une telle pression, il me fallait des joueurs plus aguerris, plus expérimentés. •Vous occupez maintenant une place d'honneur. Quel est votre objectif ? -Le meilleur classement possible. Tant qu'il y a des points à grignoter, il faudra foncer. Il faut continuer à travailler et surtout croire sérieusement en nos chances. •Donc, et à priori, vous n'allez compter que sur le même groupe. Qu'en sera-t-il des jeunes que vous vantez sans cesse ? -Justement, j'allais y arriver ! Je suis en train de les préparer pour l'avenir. Il ne faut pas se faire du mourant pour eux, ils auront leur chance. Vous avez vu l'éclosion de Akrout ? Il y en a beaucoup qui étaient contraires à sa titularisation, et mon côté j'étais sûr qu'il allait percer. Il fallait être patient avec lui. Qu'en pensent aujourd'hui ces mêmes détracteurs ? A propos des jeunes pousses du vivier, l'essentiel est qu'ils sentent qu'ils doivent à tout moment sentir qu'ils peuvent être lancés. La quintette dont j'ai beaucoup parlé (M'sakni, Berbèche...) peut dès à présent être titularisée, mais l'opération est un peu risquée. Patience! Si Msakni (Iheb) continue de travailler, il fera beaucoup parler de lui ; il peut devenir le régisseur le plus fort du moment, tellement il est pétri de qualités. •On chuchote que vous montez la formation de dimanche en complicité avec l'un de vos joueurs. Qu'en pensez vous ? -Même chez nous au Brésil, on a recours à ce fameux dicton qui dit que la caravane passe... Le fait est sûrement que mes relations sont excellentes avec tous mes joueurs, et cela dérange une petite minorité, qui ne dépasse pas au compte les cinq doigts d'une main. A les écouter, Akrout, Toniato, Korbi, n'auraient jamais dû jouer. Le succès gêne. J'aime mon travail, j'aime votre pays, les gens m'aiment, et cela compte beaucoup à mes yeux. Il faut bannir ce genre de mentalité. Les statistiques parlent d'elles mêmes. Quand je suis revenu, le ST, fermait la marche, avec un petit point au compteur, et aujourd'hui on a collé au peloton de tête avec 24. Imaginez, que l'on ait pu grignoter cinq six points lors des cinq premiers matchs (avant mon avènement), on serait collé au CA! Recueillis par Mohamed Ali Ezzine