Le Temps-Agences - L'Espagne aujourd'hui en campagne électorale sous "alerte antiterroriste maximum", pour les législatives du 9 mars, quatre ans après la victoire surprise du socialiste José Luis Rodriguez Zapatero sur les décombres des attentats islamistes meurtriers de Madrid. M. Zapatero, prétendant à un second mandat de quatre ans, et léger favori des sondages, devait donner le coup d'envoi de la campagne du Parti socialiste (PSOE) lors d'un meeting à Madrid pendant que son rival conservateur Mariano Rajoy lançait celle du Parti populaire (PP) à Cadix (Sud). Le ministère de l'Intérieur a annoncé avoir déclenché le "niveau d'alerte antiterroriste maximum", craignant que l'organisation indépendantiste basque armée ETA ne tente de peser sur les élections avec un attentat meurtrier. "Nous croyons que l'ETA va tenter de tuer avant les élections", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba. C'est la raison pour laquelle les forces de sécurité sont en alerte plus que jamais, a-t-il expliqué, tout en estimant que l'ETA, tenue pour responsable de 819 morts en Espagne en 40 ans de lutte pour l'indépendance du Pays Basque, était "très affaiblie" et "proche de la défaite". M. Rubalcaba a souligné que l'alerte antiterroriste maximum était "habituelle" en période électorale. Cette alerte impliquera notamment la "totale mobilisation des forces et corps de sécurité de l'Etat pour surveiller et protéger" les sièges des partis politiques, les lieux des meetings électoraux, les grandes surfaces commerciales, les infrastructures de transports, les événements sportifs. Outre l'ETA, l'Espagne reste sous la menace d'attentats des radicaux. Al-Qaïda la cite régulièrement comme cible potentielle en raison de sa présence militaire en Afghanistan et de sa souveraineté, contestée par le Maroc, sur les enclaves de Ceuta et Melilla. Les dernières législatives, le 14 mars 2004, avaient été précédées de trois jours par des attentats contre des trains de banlieue de Madrid (191 morts et plus de 1.800 blessés), la pire tragédie terroriste ayant jamais endeuillée l'Espagne. Ces attentats avaient précipité la victoire des socialistes de M. Zapatero face aux conservateurs sortants. Craignant un vote sanction de leur intervention militaire controversée en Irak, ces derniers en avaient attribué la responsabilité à l'ETA alors que toutes les pistes convergeaient vers la mouvance islamiste. Quatre ans plus tard, José Luis Rodriguez Zapatero retrouve sur son chemin son adversaire malheureux de 2004, le président du PP Mariano Rajoy. L'élection s'annonce plus serrée que prévue. Depuis quelques semaines, la droite, qui fait campagne sur le ralentissement de l'économie, l'immigration et la sécurité, grignote du terrain sur les socialistes. Les derniers sondages créditent les socialistes d'une courte avance de 1,5 à 3 points, contre 3 à 5 points il y a quelques mois. Plus charismatique, M. Zapatero continue toutefois de jouir d'une côte personnelle bien meilleure que celle de Mariano Rajoy. Ce dernier s'efforce depuis peu de lisser son image d'opposant intransigeant en se présentant comme le candidat proche des Espagnols qui "se lèvent à sept heures pour aller bosser" et peinent à boucler leurs fins de mois. Selon les médias, le PSOE a demandé en retour à ses candidats de muscler leur discours contre la droite "radicale", pour tenter de mobiliser un électorat traditionnellement plus volatil que celui du PP. "Si tu ne votes pas, ils reviennent", prévient le Parti socialiste catalan sur une affiche où les dirigeants du PP apparaissent comme les délinquants dangereux du film de Quentin Tarantino "Reservoir dogs".