Tunis-le Temps : Elle avait roulé sa bosse et connu des vertes et des pas mûres. Cette mère de famille qui cherchait à arrondir ses fins de mois ne pouvait pourtant se défaire d'une mauvaise habitude dont elle ne pouvait se débarrasser : l'arnaque. Elle usa de tous les moyens et choisit en fin de course une méthode lâche, mais efficace pour délester des personnes de leurs biens. Son objet de prédilection étant les bijoux, ses cibles étaient des femmes qu'elle épiait, aux alentours des hôpitaux où elle allait tous les jours pour tenter sa chance, auprès de celles qui venaient pour rendre visite à leurs proches. Elles commençaient par engager une discussion avec celle qu'elle choisissait préalablement, après avoir remarqué son collier en or, ou une broche qu'elle accrochait à sa robe. Elle pouvait aborder n'importe quelle dame avec une aisance telle qu'elle sympathise même avec la pire des mégères, pour la mettre en confiance. Puis elle ouvre son sac, qui contient plus d'un lapin, pour lui proposer un morceau de baklaoua, fait maison. Et la dame mord à l'hameçon, et à belles dents, dès la première bouchée de gâteau, qu'elle trouve délicieux et succulent. En effet, sa baklawa était spéciale, étant mélangée de somnifères que la " pâtissière " mettait avec soin avec les amandes moulues et bien sucrées. Sa victime endormie quelques secondes plus tard, elle profitait pour lui enlever ses bijoux avant de disparaître. Les victimes s'endormaient d'autant plus rapidement, qu'elle leur proposait en rab, un verre de thé bien chaud contenant également des somnifères, dont le goût se confondait facilement avec celui de la menthe. ce qui permettait d'ingurgiter plus facilement la potion magique. Les dames qui se réveillaient réalisaient tardivement que tout le mal venait de la baklawa qu'elles avaient pourtant mangée avec avidité. Elles étaient ainsi doublement victimes de leur gourmandise et de leur naïveté. Mais heureusement qu'elles se rappelaient quand même du signalement de cette dame " affable et gentille ", qui à chaque fois leur proposait un thé chaud, dans l'attente de la visite au couloir de l'hôpital morne et bien triste. Elles ne purent que se diriger au poste de police le plus proche, pour y relater leurs mésaventures. Arrêtée, la quinquagénaire reconnut ses méfaits, précisant toutefois qu'elle agissait pour le compte d'une autre personne qui l'engagea pour la vile tâche. Elle avait à son crédit une douzaine d'opérations où elle agissant de la même façon. Le butin était constitué essentiellement des bijoux , outre des sommes d'argent et des téléphones portables. Elle fut inculpée d'escroquerie ainsi que d'association de malfaiteurs, ayant déclaré qu'elle agissait pour le compte d'une tierce personne. Toutefois, celle-ci ne put être ni identifiée, ni arrêtée. Devant le tribunal, l'avocat de la défense plaida l'absence de preuves pour l'infraction d'association de malfaiteurs, et sollicita du tribunal les circonstances atténuantes pour sa cliente.