Il suffit d'ouvrir les journaux locaux, à la page des annonces, pour se rendre compte que l'amalgame est de mise, et que le secteur part à la dérive. Car, la pratique de la kinésithérapie dans nos murs, en tant que métier obéissant à des codes précis, et à des règles dûment tracées par le ministère de tutelle, à savoir, le ministère de la santé, échappe depuis peu, à tout contrôle, au risque de marginaliser une profession, laquelle ne doit aucunement devenir, et ce, au détriment de la santé des citoyens, une nouvelle poule aux œufs d'or pour rapaces patentés à la clandestinité et à la publicité mensongère, pour déplumer les plus crédules. Sous les appellations, faussement innocentes de ces pseudo-centres de massage qui vous promettent, moyennant la modique somme de 20 dinars, après le passage par des mains, habiles et chevronnées, monts et merveilles, si ce n'est un ticket pour le paradis, et en première classe s'il vous plaît !, se cachent bien souvent, des malversations éhontées, lesquelles se traduisent parfois, par des dérives dont ceux qui ont eu l'occasion de passer par ces centres, connaissent forcément la teneur. Recrutement de jeunes filles, qui n'ont aucune qualification pour prétendre exercer la profession de kinésithérapeute : une main-d'œuvre que l'on pourra se permettre d'exploiter, et de payer au rabais, en s'abstenant d'assumer les charges sociales, tout en cassant les prix conventionnels du marché, le cas échéant, du moment que le « commerce » s'avère florissant, et le contrôle s'il en est, insuffisant à juguler le flux, sans cesse grandissant des enseignes qui n'ont de cesse de fleurir comme des champignons. A cet égard, la Chambre Syndicale Nationale des physiothérapeutes rééducateurs, relevant de la Fédération Nationale de la Santé (UTICA), s'est réunie dernièrement pour dresser l'état des lieux de la kinésithérapie de libre pratique en Tunisie, et dénoncer encore une fois, les abus, en matière d'exercice illégal du massage, par un personnel qui n'est pas habilité à le faire, dans la mesure où le massage, qui est une technique médicale, doit être pratiqué par un kinésithérapeute professionnel, et opérant sous la tutelle du ministère de la santé publique. La Chambre Syndicale Nationale des Physiothérapeutes Rééducateurs avait, par ailleurs signé, une convention de soins de kinésithérapie avec la CNAM, le 6 septembre 2007, laquelle convention est entrée en vigueur début janvier 2008, permettant ainsi, aux affiliés sociaux, de bénéficier, sur simple présentation d'une prise en charge établie par la CNAM, de soins de kinésithérapie dans les cabinets et les centres privés spécialisés, dans le cadre du nouveau régime d'assurance -maladie. En ce sens, il convient de prendre en compte, plus que jamais, la concurrence déloyale qui sévit plus que jamais dans ce secteur, et son impact sur le secteur de la kinésithérapie intra-muros. Qui plus est que c'est un secteur, qui intervient dans moult domaines médicaux : (orthopédie, rhumatologie, pneumologie, traumatologie, prévention, cardiologie, neurologie, amaigrissement, remise en forme personnalisée, gynécologie obstétrique, psychomotricité, gérontologie...), bref, qui peut faire partie d'une chaîne, dont chacun des maillons, doit être rompu à l'exercice de sa tâche, pour ne pas s'emmêler les pinceaux, en improvisant au petit bonheur la chance. Ainsi, parmi les revendications légitimes de la profession, il faut considérer l'importance de la révision du cahier des charges de la profession, ainsi que l'ajout d'une quatrième année d'étude sous forme de stage pratique dans les cabinets privés de kinésithérapie, ou dans les établissements publics, pour assurer la bonne formation des futurs kinésithérapeutes. Tout en rappelant que l'assainissement d'une profession qui a mal aux entournures, nécessitera l'éradication pure et simple de la clandestinité de la pratique, sous peine de ternir, définitivement le blason d'un métier, lequel contribue à nous faire du bien, ô combien ! Samia HARRAR
La kiné par les chiffres : -Il existe en Tunisie pré de 200 cabinets et centres de kinésithérapie de libre pratique, équipés en matériel de physiothérapie.
-L'investissement total d'un cabinet de kinésithérapie de libre pratique est de l'ordre de 100.000 DT.
-Employabilité : de deux à quatre emplois crées pour chaque cabinet, (pré de 800 emplois directement liés à la kinésithérapie de libre pratique).