* L'Institut National des Statistiques a annoncé : 5,7 % d'augmentation de l'indice des prix à la consommation familiale durant les douze derniers mois * Tout ne s'explique pas par l'envolée du prix du pétrole * Les hydrocarbures n'interviennent qu'autour de 10 % du coût de la production. * Mongi Smaili, maître assistant en économie à l'Institut Supérieur de Gestion de Tunis : « la solution durable consiste à maîtriser l'inflation avec la mise en place d'une politique monétaire adéquate» Les chiffres de janvier 2008 annoncés par l'Institut National des Statistiques indiquent que l'indice des prix à la consommation familiale a connu une hausse de 5,7 % durant les douze derniers mois. Cette croissance est nettement supérieure à celle 2007 qui n'était que de 2,5% et, même, à celle de 2006 qui s'était limitée à 4,4 %. Ce glissement sensible de prix traduit l'effet d'augmentations généralisées qui ont touché l'alimentation avec 9 %, le transport avec 4,7%, les loisirs avec 4,1 %, l'habitation avec 3,9 %, les produits d'entretien et d'hygiène avec 3,2 % et l'habillement avec 3,1 %. Les citoyens ont ressenti, directement, ces augmentations dans les hydrocarbures, le pain et les pâtes alimentaires, les dérivés laitiers et les matériaux de construction, notamment le fer. Les prix de ces groupes de produits avaient connu des révisions durant l'année dernière. Ceci du point de vue des statistiques officielles. Quant aux sources officieuses, elles avancent un taux de plus de 15 % d'augmentation de l'indice des prix à la consommation familiale. Elles se basent dans leurs évaluations sur le fait que le mode de calcul de l'Institut National des Statistiques serait très prudent. Selon ces sources, plusieurs augmentations consistantes auraient touché des articles libres à la vente comme les fruits et les légumes, les gâteaux, les viandes blanches, les poissons, les œufs, les détergents, etc... « Les prix de ces derniers articles, ne connaissant pas de concurrence sur les marchés parallèles, se sont, carrément, envolés. Leurs taux d'augmentation ont oscillé entre 20 % et 50 %, entre janvier 2007 et janvier 2008. Les cours de tous les articles de légumes et de fruits ont connu des augmentations supérieures à 30 %. Regardez les pommes de terre, les oignons, les carottes, le fenouil, ou bien encore les maltaises, les pommes et les poires. Ces hausses ont été générales aussi bien à Tunis qu'à Ben Guerdane, aux marchés populaires de Halfaouine, Bab El Falla et Ezzouhour tout comme sur les étalages de La Fayette, Carrefour et Monoprix », toujours selon ces mêmes sources. Et le couffin de la ménagère s'en est sensiblement ressenti.
Conséquence sur le pouvoir d'achat De telles augmentations ont affecté le pouvoir d'achat des citoyens. Notamment, ceux dont les rentrées d'argent sont fixes et ne sont pas sujettes aux fluctuations du marché. Il s'agit, essentiellement des salariés et des retraités. D'ailleurs, selon les experts : « la solution ne saurait venir que d'une politique monétaire qui maîtrise l'inflation. Les experts affirment que le coût de l'énergie ne saurait affecter la croissance. Elle n'intervient qu'autour de 10 % dans le coût de la production. Elle ne saurait être la cause d'un déséquilibre global. Du moins, pas pour le cas de la Tunisie. Donc, il s'agit de juguler les fluctuations du coût de l'énergie surtout que l'exercice 2007 a, plutôt, dégagé une balance énergétique excédentaire de 136,9 millions de dinars (3.138,5 millions de dinars à l'exportation, contre 3.001,6 millions de dinars à l'importation). Il faut, certes, tenir en considération les sorties de devises au titre de la rémunération du capital étranger en Tunisie, principalement dans le secteur pétrolier, et qui se sont élevées à 740 millions d'euros, soit près de 1.300 millions de dinars. Mais, c'est une donnée qui fait partie de la donne économique générale. Elle n'est pas le résultat d'un effet conjoncturel. Donc, elle n'entre pas en ligne de compte dans le calcul de la balance énergétique. Donc, il faudrait chercher les solutions ailleurs. Le salut passerait, plutôt, par le maintien de la croissance et une meilleure exploitation des ressources de la Caisse de Compensation. Car ce sont les charges de l'Etat qui doivent baisser ». Mourad SELLAMI
Mongi Smaili, maître assistant en économie à l'Institut Supérieur de Gestion de Tunis : « la solution durable consiste à maîtriser l'inflation avec la mise en place d'une politique monétaire adéquate» Le Temps : Est ce que la conjoncture mondiale actuelle a affecté de manière considérable les équilibres macroéconomiques de la Tunisie. Mongi Smaili : d'après les résultats préliminaires effectués par les représentants du FMI en janvier 2008 l'économie tunisienne se porte bien. D'après ces résultats le taux de croissance a atteint 6,3% en 2007, niveau le plus élevé des dix dernières années, les exportations énergétiques ont crû de plus de 50 % grâce à la flambée des prix pétroliers et son effet positif sur la production pétrolière locale, inversant temporairement le déficit de la balance énergétique. L'inflation en glissement annuel a de nouveau grimpé à 5,3 % en décembre 2007. Le dinar tunisien a connu en moyenne une dépréciation de 4,5 % vis-à-vis de l'euro et une appréciation de 4 % vis-à-vis du dollar EU. Le déficit budgétaire devrait rester globalement identique à celui de 2006, aux alentours de 3% du PIB. . Comment expliquez-vous l'évolution de la courbe des prix à la consommation ? - les prix à la consommation n'ont cessé d'augmenter malgré la politique prudente de la Banque Centrale qui a augmenté son taux de réserves obligatoires. La principale raison de cette augmentation des prix est la flambée des prix des hydrocarbures et des matières premières, mais aussi la dépréciation du dinar vis-à-vis de l'euro qui entraîne l'augmentation des prix des produits importés. De même l'entrée en vigueur des accords de libre échange avec l'Union Européenne a amené l'Etat a augmenter les taxes sur la consommation pour compenser le manque a gagner des recettes provenant des droits de douane sur les produits importés. .Quels sont les produits dont les prix ont augmenté considérablement. - A part les produits énergétiques et les matières premières, une étude effectuée par une équipe du FMI en octobre 2007 sur l'ensemble des produits consommés par les ménages tunisiens, les produits alimentaires, en particulier, l'huile de cuisson, les oeufs, les fruits, les légumes et la viande et la volaille, sont les plus volatiles. Il s'agit des principaux produits consommés par les tunisiens, . Quelles sont les catégories socioprofessionnelles qui sont le plus touchées par l'inflation? - Il s'agit, essentiellement, de ceux dont les rentrées d'argent ne sont pas une fonction du marché. Parmi la population active occupée, il s'agit de la catégorie des salariés, principalement les fonctionnaires dans le secteur public. C'est la corporation la plus affectée par la hausse des prix étant donné que l'augmentation des salaires ne suit pas la hausse des prix, comme vous le savez, les négociations salariales s'effectuent tous les trois ans. L'autre catégorie est la population des retraités et chômeurs. . Quelles sont les mesures que l'administration est censée prendre pour protéger le pouvoir d'achat? - La réponse la plus simple, c'est d'augmenter les salaires pour compenser cette perte de pouvoir d'achat. Mais, la solution durable consiste à maîtriser l'inflation avec la mise en place d'une politique monétaire qui aura pour objectif le ciblage de l'inflation, une meilleure efficacité des dépenses publiques par la réduction du train de vie de l'Etat sans que ceci n'affecte les investissements publics en infrastructure. La difficulté se situe au niveau de la population en chômage qui représente 14% de la population active. Comment faire pour que cette catégorie soit protégée? il est important de maintenir la caisse de compensation pour assurer la subvention des produits de première nécessité.