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« Pour l'égalité dans l'héritage et la préservation de nos acquis contre des courants salafistes et intégristes » Droits de l'Homme et Droits de la Femme: Madame Arbia Ben Ammar, membre du Bureau Politique du PUP
Dans le cadre de la célébration de la Journée Internationale de la Femme, le Temps du lundi invite Mme Arbia Ben Ammar, membre du Bureau Politique du Parti de l'Unité Populaire « PUP ». Son nom a, toujours, été associé aux luttes pour les libertés fondamentales. Elle a été, ainsi, membre de la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme. Elle a fait, aussi, partie de plusieurs associations et commissions pour la la défense de la cause de la Femme et son droit à un meilleur statut. Mme Ben Ammar a été, aussi, députée dans un ancien mandat parlementaire. Interview.
Le Temps : Que pensez-vous des acquis de la femme Tunisienne ? Mme Arbia Ben Ammar : Permettez-moi tout d'abord de remercier votre journal pour les efforts déployés dans la concrétisation d'un journalisme qui consolide la liberté d'expression et privilégie le débat sur des sujets qui suscitent la réflexion et la diversité des opinions, ce qui est de nature à développer davantage un débat national large et sans entraves. J'aimerais également saisir cette occasion pour saluer la femme Tunisienne pour le rôle qu'elle ne cesse de jouer dans le développement de la société ; et ma pensée s'adresse aussi à la femme en Palestine et en Irak, pour son courage et le sens du sacrifice qu'elle ne cesse de déployer pour la survie et pour perpétuer l'espoir et préserver la flamme de la résistance. Quant aux acquis accumulés par la femme Tunisienne, ils sont considérables et constituent notre fierté, parce que rien qu'en pensant au Code du Statut Personnel on se rend compte que la femme Tunisienne jouit d'un statut qui n'a pas d'égal aussi bien dans le monde Arabe qu'au niveau des pays musulmans. La présence de la femme dans la vie active, et sur la scène politique témoigne de l'importance des acquis et du rôle prépondérant que joue la femme Tunisienne dans le développement de sa cité. Et c'est une présence qui réconforte les ambitions de tous les militants sincères et modernistes pour passer à une vitesse supérieure et accéder à un niveau plus avancé. . Quelles autres revendications formulez-vous ? - Toute la classe politique sait que le PUP prône et milite pour une égalité totale entre l'homme et la femme, et, de là, découlent toutes nos revendications qui s'articulent essentiellement autour de l'égalité dans l'héritage et qui visent aussi la préservation de nos acquis face à des séquelles de mentalités rétrogrades qui persistent dans la société, et aux menaces latentes des courants salafistes et intégristes. . Comment pensez-vous préserver ces acquis de la menace fondamentaliste ? - Je pense que la meilleure façon de faire face à cette menace consiste à propager une culture citoyenne qui incite chacune et chacun de nous à jouer son rôle aussi bien sur le plan politique que culturel et associatif, et c'est pour contrecarrer l'épidémie fondamentaliste. Notre action doit être basée sur la lutte contre la précarité économique et sociale qui a ses retombées néfastes sur l'homme mais essentiellement sur la femme. Un effort plus considérable doit être fourni au niveau de l'Education et des mass- médias parce que l'image de la femme qu'on y véhicule reste empreinte de stéréotypes traditionnels ou d'une vision dégradante puisqu'elles chosifient la femme et limitent de ce fait son apport dans la vie sociale et politique et encourage la violence qu'elle subit et offre un terrain fertile pour toute sorte de misogynie. . Comment promouvoir la condition de la femme Tunisienne ? - Je pense qu'il faut tout d'abord établir des politiques qui touchent plusieurs domaines et prennent en considération la diversité du vécu de la femme puisqu'il y a des problèmes spécifiques selon le statut social ou la relation du monde de l'emploi. A ce niveau, il faut conforter le Code du Statut Personnel par des amendements qui tendent vers l'instauration de l'égalité totale entre homme et femme dans les devoirs aussi bien que dans les droits. Ceci étant il faut ratifier sans réserve toutes les conventions internationales concernant les femmes. Je pense également qu'il faut redoubler d'effort concernant la femme rurale pour endiguer la pauvreté et l'analphabétisme qui la touchent. .Quel regard portez-vous sur la situation de la femme dans le monde arabe en général - Je porte sur cette situation un regard mitigé qui évite les préjugés et les réponses toutes faites, parce que justement on assiste à une certaine mouvance de la femme arabe qui essaie de jouer son rôle pleinement. Pour cela, Il suffit d'examiner les statistiques pour observer une certaine évolution de la présence de la femme dans la vie publique. D'autre part, je ne peux pas cacher mon inquiétude face à la montée des courants intégristes qui parviennent malheureusement à recruter des franges importantes de la gente féminine ; et mes inquiétudes s'accentuent face aux périls que provoquent les guerres et l'instabilité politique dans plusieurs régions du monde arabe. Mais le militantisme qui m'anime ne peut que nourrir en moi l'espoir de voir un jour les choses s'améliorer. Le fait que je sois une femme Tunisienne ne peut être qu'un atout supplémentaire qui me pousse à militer d'avantage pour une meilleure place de la femme dans nos sociétés arabo-musulmanes. Et puisque j'ai évoqué la Tunisie je dois dire que mon pays est un exemple en matière des droits de la femme et que le Président de la République a œuvré pleinement pour hisser le statut de la femme Tunisienne pour atteindre une place respectable dans l'arène de sociétés développées. Ce n'est pas un hasard que le sommet arabe de Tunis a lancé un appel pour la réforme dans lequel l'amélioration du statut de la femme occupe une place de choix. Interview réalisée par Néjib Sassi