Quand on parle du Stade Tunisien, de l'Etoile Sportive du Sahel, et vice versa, on ne peut que parler de deux patrimoines de notre football. Deux grandes histoires du passé et du présent, réunies hier par le destin pour écrire une nouvelle. Autrefois un grand classique de notre football, aujourd'hui, il n'en est plus un. Les forces ne sont plus égales. Un club, osons dire, en construction, à la recherche d'un passé plus que glorieux, un autre visiteur présentement de pointure mondiale, après une hibernation qui n'a que trop duré. Organisation quasiment parfaite, mais en week-end, il aurait drainé une meilleure assistance, même si celle d'hier, s'est bien acquittée de sa mission de douzième homme. Voila un peu, le topo de la situation peu avant le coup d'envoi de cette rencontre qui a animé bien des débats chez les amateurs du ballon rond, indépendamment des couleurs qu'ils soutiennent et supportent. Le match d'hier avait dans les deux camps une succulence particulière. Pour les uns, il constitue une étape importante sur la route qui mène au sacre, et en foi de quoi, le premier objectif est de garder ses (mêmes) distances vis-à-vis de la menace clubiste plus précise que jamais. Pour les autres, il est synonyme de test grandeur nature dans le but de préserver ce quatrième rang, sur lequel personne n'aurait parié un sou voila quelque temps. Une première tranche équilibrée Entre des stadistes appliqués plus que d'habitude, surprenants de rigueur, et des étoilés loin d'être à leur maximum de motivation, le match a été souvent engagé mais correct dans son ensemble. Les occasions franches n'ont pas été légion. Le premier quart d'heure a été un peu fou, mais après la tension a beaucoup baissé. Dès la septième minute, Chermiti allume le feu : après s'être facilement déjoué de son ombre Boulaâbi, il cadre mal sa reprise. Pas le temps de respirer que Mabrouki du camp d'en face, lui répond une minute après. Héritant d'une balle anodine, il arme et tire mais Mathlouthi était à la parade. Deux minutes après, Selliti, en bonne position, met au dessus du cadre. Si l'Etoile semble avoir la tête ailleurs, et jouer un tantinet à l'économie, l'équipe stadiste, d'habitude attentiste et procédant par contre (tactique jusque là payante) dès qu'il y a la moindre brèche, a fait pour une fois exception à cette règle. Un pressing haut, et une concentration maximale, ont fini par agacer Traoui et ses compères. Le jeu se concentre au milieu, et dans les deux surfaces, les gardiens n'ont pas eu trop à se déployer. Il a fallu attendre les cinq dernières minutes de cette première tranche du jeu pour voir le capitaine des visiteurs procurer à l'assistance quelques émotions en allumant deux bons pétards qui s'en vont mourir dans le décor. Est-ce que le Stade va garder le même niveau à la reprise ? Est-ce que l'Etoile va changer de braquet au retour des vestiaires ? Recul inexplicable On dit souvent que pour gagner, il faut marquer, et pour marquer il faut joueur offensivement, et cet adage, seule l'Etoile en est informé. Le recul des locaux qui étaient si pimpants si fringants si efficaces en première mi-temps était aussi mystérieux qu'anormal puisqu'il a donné des ailes à leurs rivaux. Les uns poussent, sentant qu'en face, on ne peut pas rester infaillible tout le long des débats. Comme un boxeur qui avant d'envoyer son rival au tapis, le travaille au corps, l'Etoile plus mûre, plus expérimentée a multiplié les offensives, mais elle n'a pas pu trouver la juste solution pour s'imposer. Les entrées de Sassi, Gharbi, d'abord puis de Abdennour en fin de match, et suggérées par Marchand n'ont pas su totalement rafraîchir les mouvements de l'équipe. Dans le groupe local, un joueur comme Jedidi, qui s'est procuré la plus nette occasion du match, mais qu'il a mal négociée (72ème), aurait dû céder sa place à un équiper plus frais. Il n'en pouvait plus le pauvre, puis qu'il n'a que rarement joué. Le coach ne l'a pas relevé. Jusqu'à la 80ème minute, il était écrit quelque part que rien ne changerait, ni le score ni les mauvaises habitudes chez certains récidivistes. Korbi, encore lui, commet l'irréparable et se voit pour un cisaillage gratuit de Jemal, inviter par l'excellent arbitre italien à aller se rafraîchir sous une bonne douche chaude et plus tôt que le reste de ses camarades. Depuis cet instant, l'équipe locale a été débordée, n'arrivait plus à sortir la tête de l'eau, jusqu'à ce qu'elle a été noyée dans le temps additionnel. Quand on ne trouve pas le succès escompté sur une action ou une autre, les balles arrêtées restent une solution, et c'est justement en exploitant le dernier que Jemal offre un succès inespéré aux siens, aidé il est vrai par une distraction collective du camp stadiste. Fallait il sortir Selliti ? Et même s'il fallait le sortir, fallait il le remplacer par un attaquant (Khemir) qui ne joue plus depuis plus d'un an ? La victoire a finalement souri aux plus audacieux. Le Stade Tunisien, n'a pas su préserver un nul à sa portée, et il ne doit s'en vouloir qu'à lui-même.