A chaud * Marchand (ESS) : "On a été en quelque sorte maladroits" * N. Kouki (CA) : "Nous avons été supérieurs en 2ème mi-temps" * Ben Chikha (Entr. CA) : "Un arbitrage très discutable!" Pour quelques jours les Etoilés resteront perplexes, s'ils avaient gagné sur un score large, (au vu des occasions ratées) personne n'aurait trouvé à redire. S'ils avaient perdu, personne n'aurait trouvé à redire non plus. Car leur prestation fut plutôt biscornue et - comment dire - un peu trop allègre et manquant quelque part de sérieux et de rigueur. L'absence de Chermiti? Non, ce n'est pas une excuse. En face le Club Africain aurait pu renverser le rapport des forces, s'il avait su garder son avance, si M. Gonzales n'avait pas imaginé ce penalty et si Ben Chikha avait placé une défense moins attentiste. A priori, c'est un score qui arrange plutôt l'Etoile que son poursuivant... Rythme intense imprégné dès le début à la partie avec des percussions de part et d'autre et de rapides renversements de situation. Comme prévu Marchand met en place le dispositif qu'il maîtrise le mieux: un 4-4-2 fluide et essentiellement basé sur le jeu dans les couloirs et, particulièrement, sur le flanc droit avec ce Ogunbiyi, marque la zone, effectue des chevauchées et centre, et tout avec une rapidité déconcertante. A l'évidence Marchand ne cache pas ses intentions; la clé du match, pour lui, se jouerait surtout sur le côté droit. Intention que devinait promptement Ben Chikha en faisant avancer sa défense et en ordonnant à Bachtobji d'assurer les arrières de Hmam le premier clubiste sur le chemin d'Ogunbiyi. Et en réponse, il appelle Pokong et Osagie à se relayer pour permettre à Ouertani et Dhaouadi de partir de loin, même si Sellami restait curieusement en retrait, décalé sur la gauche et plutôt mal à l'aise dans un rôle de contriste. Une espèce de jeu d'échecs en somme, un "tacticisme" un peu trop rigide appliqué par les deux équipes... mais avec tout de même un peu de frilosité de la part des Clubistes. Car au bout de quinze minutes de jeu, cet instant précis ou Gelson, seul face à Nefzi ratait un but incroyable, les Etoilés entreprirent ce pressing haut avec des débordements très rapides sur les ailes. Et en plus, Gelson, Gharbi et Ben Dhifallah, permutaient assez souvent et de préférence devant l'axe adverse et face à des attaquants (ou de demi-attaquants) aussi rapides une défense axiale à deux n'est peut être pas la mieux indiquée. La parfaite illustration se produisit à la 23' justement sur une combinaison d'une extrême précision et d'une extrême beauté aussi: Gelson feinte, la balle va directement chez Gharbi qui remet encore sur Gelson lequel avait entretemps foncé dans les 6 mètres clubistes; face à Nefzi il effleure la balle de l'extérieur qui passe de deux centimètres à côté...
Un premier tournant Les Etoilés prennent résolument le match en mains. Plus déterminés virevoltants dans des schémas souples, adaptés à leur rapidité, ils pénètrent d'autant plus aisément dans les mailles clubistes que Ben Chikha retombe dans son péché mignon: un attentisme passif, qu'il confond (comme en Coupe face à l'Espérance) avec l'offensive passive. Les seules ébauches de manœuvres "géométriques" à base de permutations et de triangulations sont effectuées par Pokong.... Et justement Pokong qui sema le trouble sur le côté gauche de l'Etoile. Il obtient un coup franc. Le pied gauche précis de Sellami place une balle millimétrée sur la tête de Wissem Ben Yahia, dos à Mathlouthi mais qui dévie superbement dans les filets étoilés. Les balles arrêtées, c'est un art à part. Et c'est ainsi que l'Etoile paraît comme frappée de stupeur. Confusions, énervement, des passes ratées, alors que l'attentisme clubiste avec le but , gagne en agressivité défensive même si Nefzi eut à se déployer dans une sortie très bien calculée pour empêcher Ben Dhifallah de marquer. Et c'est là que l'Etoile, pourtant truffée de techniciens en attaque, ressent l'absence de Chermiti et son côté fou, son côté perturbateur et ses sentences impitoyables devant les filets adverses, là il ne rate jamais une aubaine. Car Gelson a beau réaliser des petites prouesses techniques. Il sait tout faire balle au pied . Mais hier, du moins durant toute la première mi-temps, il s'était mis en tête de ne pas marquer. Car en définitive l'Etoile a raté trop de buts. Tandis que le Club Africain ne ratait pas la seule balle qui lui fut offerte.
Un penalty? La reprise est on ne peut plus controversée. L'arbitre espagnol M. Gonzales invente littéralement un penalty en faveur de l'Etoile. Personne n'accroche Ben Dhifallah dans l'axe clubiste. L'attaquant étoilé tombe et l'arbitre accorde un penalty pour le moins imaginaire qu'exécute Gharbi à la perfection (47'). Le match bascule. Ben Chikha proteste et il est expulsé par M. Gonzales. L'Etoile reprend son ascendant. Les Clubistes paniquent au point que Nefzi sauve un but puis se met à jongler loin de sa surface, comme dans un cirque, dans un show pour le moins copine offrant finalement une balle en or à Gelson (57') qui daigne marquer. La rencontre gagne néanmoins en intensité. A peine deux minutes et sur un tir meurtrier d'un Wissem Ben Yahia, impérial, les Clubistes rétablissent l'équilibre. Il faudra néanmoins leur rendre grâce pour la correction sur le terrain, malgré l'injustice du penalty. Maintenant Kouki l'adjoint de Ben Chikha commence à s'agiter sur la touche. Il demande aux siens d'élargir le jeu et impose à Sellami une position linéaire avec des changements d'ailes directement orientés vers Pokong. Comme d'habitude, il sème le trouble sur le flanc droit étoilé, et, en guise de ripostes, Nary sollicite de plus en plus Gelson qui fonce systématiquement un axe central clubiste plutôt flottant. Cela dit M. Gonzales a une manière très singulière d'appliquer la règle de l'avantage. Les joueurs laissent courir. A près d'un quart d'heure de la fin Marchand remplace Gharbi par le jeune Sassi. Maintenant l'Etoile joue avec deux attaquants et demi tandis que Berradhia (celui là même qui croupissait sur le banc espérantiste avant de passer au CAB puis à l'Etoile) entreprend d'irrésistibles cavalcades sur le côté droit. Digne successeur de Ben Frej, en fin de compte. Berradhia (encore) pratiquement à la Cafu réalise un très beau débordement, brûlant la politesse à trois défenseurs et remettant sur Ben Dhifallah qui rate... Entre temps, l'arbitre espagnol expulse le délégué Hassen Baaya pour avoir demandé et renoncé à un changement. Kouki voulait remplacer Dhaouadi par Ghannem. Et apparemment, de très loin Ben Chikha dit non. Baaya s'exécute et l'arbitre l'expulse pour perte "fallacieuse" de temps. Et pourtant la perte du temps ne profite pas aux Clubistes. Ghannem entre quand même à la place d'un Dhaouadi approximatif. Mais des deux côtés, le rythme retombe. Normal après une telle débauche d'efforts. Sauf qu'un relâchement clubiste (surtout avec Ouertani qui traînait la patte) faillit porter l'estocade à trois minutes de la fin. Ameur remplace Osagie. Le Club Africain veut garder la balle et tenir en respect les virevoltants milieux étoilés. Eux aussi sont un peu épuisés. Car ce fut une rencontre intense, digne des deux meilleures équipes du championnat et qui réhabilite une compétition où nous aurons tout vu sauf un football d'aussi belle facture. Raouf KHALSI
Synopsis •Stade de Sousse •Temps chaud •Public très nombreux •Arbitrage flottant de M. Gonzales •Buts de Gharbi (47'), Gelson (57') pour l'Etoile et de Wissem Ben Yahia (38', 60') pour le CA •Formations ESS: Mathlouthi - Berradhia - Jmel - Felhi - Meriah - Ogunbiyi - Traoui - Nary - Gharbi (Sassi) Ben Dhifallah - Gelson CA: Nefzi - Hmam - Gharzoul - Bachtobji - Souissi - W. Ben Yahia - Dhaouadi - (Ghannem) Sellami - (Aouadi) Ouertani - Pokong - Osagie (Ameur)
A chaud Marchand (ESS) : "On a été en quelque sorte maladroits" "C'est un match particulier qu'on aurait dû gagner si on avait concrétisé les occasions franches de la première mi-temps. Une première période de jeu que je trouve la meilleure de l'Etoile depuis le début de la saison. On aurait terminé cette période initiale avec deux buts d'avance, mais ont été menés au score. C'est aussi çà le foot, nous avons certes raté la victoire en laissant le CA revenir dans le match, mais il faut reconnaître aussi le mérite de Wissem Ben Yahia qui est un excellent joueur. Il a été l'artisan du match nul réalisé par son équipe".
N. Kouki (CA) : "Nous avons été supérieurs en 2ème mi-temps" Nous sommes encore à deux points de l'Etoile. Il reste encore 12 points à aller chercher. Nous le ferons avec la même détermination. Pour ce qui est de la rencontre, je trouve que nous l'avons mal entamée à cause de l'inexpérience de quelques-uns de nos joueurs. Nous avons mené au score à un moment où l'Etoile était plus proche du but. Il ne faut pas oublier que nous avons joué à Sousse et devant l'Etoile. La deuxième mi-temps a été plus équilibrée. Nous avons su maîtriser l'Etoile qui a été menaçante . Nous devons dès aujourd'hui préparer le reste du parcours.
Ben Chikha (Entr. CA) : "Un arbitrage très discutable!" "L'entraîneur clubiste ne s'est pas présenté à la conférence de presse rituelle d'après-match. Il a délégué son adjoint Nabil Kouki. Mais il a tout de même rompu le silence au hall des vestiaires. Il accuse l'arbitre d'avoir "dirigé le résultat du match. Il a commis une grosse faute en accordant un pénalty à l'Etoile alors qu'il n'y pas de tirage de maillot. C'est lui même qui a fait revenir l'Etoile dans le match. Et, à la reprise de la deuxième mi-temps, il a averti le capitaine de mon équipe, Ouertani contre toute tentative de tirage de maillot et qu'il allait siffler un penalty en faveur de l'Etoile s'il y a lieu". Curieux tout de même de la part de B. Chikha qui semble maîtriser ainsi que le capitaine clubiste la langue espagnole!!! Recueillis par Mounir EL GAIED