Les dignitaires bizertins sont dépités. Ils subventionnent leur club,le gouvernorat le fait aussi, la municipalité ne rate guère d'échéances et pourtant - dit-on à Bizerte - « Ahmed Karoui en fait trop avec ce leitmotiv : « C'est mon argent »... « C'est grâce à mon argent si le CAB n'a pas disparu ». « Le CAB m'a ruiné ». « Restituez-moi mon argent et je vous laisserai votre club ». Ahmed Karoui est le descendant d'une lignée de pure souche bizertine. Terrien, homme d'affaires, hôtelier même, lors des années 80, sa passion sincère et débordante - frisant le chauvinisme - n'est pas à mettre en doute. Déjà, encore jeune, vers la fin des années 70, et lors des années 80, quand des dinosaures tels Mhamed Belhaj, Hamadi Baccouche, Me Lassoued, Lakhoua, présidaient aux destinés du club - dans ses plus belles années d'ailleurs - Ahmed Karoui se rendait utile, apportant des fonds, mais se tenant à carreaux dans un sérail fortement hiérarchisé, aristocrate aussi, dès lors que la tradition a toujours fait que la direction du CAB ne sorte pas d'une sphère « historique ». Même l'élargissement de Bizerte, et l'arrivée de nouvelles fortunes, n'ont pas fait sortir le CAB, de son cercle de prédilection : une éternelle couveuse, en fait. Que se passe-t-il alors, pour qu'Ahmed Karoui se prenne pour Don Quichotte, pour qu'il cultive une obsédante paranoïa, doutant de tout, reniant tout et accumulant conflit sur conflit ? C'est très généreux de sa part s'il fait autant de sacrifices pour son club. Mais à force de marteler : « c'est mon argent », Ahmed Karoui est en train de conférer à ses rapports avec son club, avec les autres soutiens et avec le public, un côté futile, versatile et, finalement, dérisoire. Avez-vous jamais entendu M'hamed Driss évoquer les flots de milliards (de centimes) qu'il a consentis à l'Etoile ; Avez-vous jamais vu Hamadi Bousbia faire du chantage simplement parce qu'il est le grand frère spirituel des Clubistes ? Et que dire de Hamdi Meddeb qui pêchait paisiblement « le Pagres » au moment où deux tuiles lui tombèrent sur la tête : l'Espérance avec son déficit. Maintenant, il en est à 3 millions de dinars, et ce n'est pas fini !. Cette arrogance de l'argent, personne en dehors de Berlusconi, Brahimovic, ou encore, Calderon, ne peut se la payer. Mais toute chose étant égale, par ailleurs, disons qu'Ahmed Karoui a bousculé son propre patrimoine pour le CAB. Sauf, qu'il n'est pas le seul à Bizerte. Et, le fait qu'il se proclame tel, excède les âmes charitables. C'est son argent, c'est sûr ; mais ce n'est pas « son » CAB.