Un bilan lourd, quatre morts et plus de trente blessés au bout de deux jours dans le Grand-Tunis. C'est un constat inquiétant. Car la machine de la mort ne s'arrête plus sur nos routes. Au contraire, elle va à un rythme croissant en ce début d'été. Cela est dû à plusieurs facteurs : inconscience des automobilistes, excès de vitesse...Il existe également d'autres causes tout aussi importantes. Le système de sécurité dans le domaine fait encore défaut et ce à tous les niveaux, notamment, l'infrastructure routière (le manque de glissières, le manque de signalisations...) et la législation régissant le secteur et les actions de sensibilisation qui restent isolées et événementielles. Une moyenne de quatre morts et de 41 blessés quotidiennement. Un chiffre qui reste toujours très élevé car ce fléau coûte cher en termes de capital humain que matériel. La Tunisie est d'ailleurs classée parmi les trois premiers pays arabes où l'on enregistre un taux important de victimes. Nous perdons en fait 1500 personnes pour un million de véhicules. Un bilan lourd de par son aspect dramatique que financier sachant que le parc automobile est en nette évolution avec une moyenne de 4,83 % selon les statistiques de l'an 2006. Ce problème qui gagne du terrain est lié à l'évolution du nombre des permis de conduire, qui augmentent pour leur part de manière vertigineuse. Au total, 92323 nouveaux permis ont été accordés il y a deux ans, soit une augmentation de l'ordre de 4,17 %. Dès l'âge de 18 ans, les jeunes bénéficie des avantages de la réforme du Code de la route est impliqué directement dans ce processus. Inconscients quant aux risques de la conduite irresponsable, ils se permettent d'imposer leurs règles de jeux sur la route. Excès de vitesse, acrobaties, en un mot non respect du code de la route.
Responsabilité partagée Incontestablement, les automobilistes et les piétons ont une part de responsabilité. Toutefois il ne faut pas négliger d'autres facteurs qui ne manquent pas d'importance. Le système de sécurité routière reste quand même inefficace. Nous ne disposons pas de mesures ou de sanctions dissuasives. Celles qui sont pratiquées offrent une grande marge de tolérance aux automobilistes qui commettent des infractions. Entre autres, le retrait définitif du permis est limité à quelques infractions. Cette réglementation n'est pas également appliquée rigoureusement car nous continuons à avoir des automobilistes qui circulent librement alors qu'ils ont été à l'origine de catastrophes humaines. Par ailleurs, l'infrastructure routière reste insignifiante. Nous enregistrons une carence au niveau des glissières sur les principales autoroutes, elles servent de barrières et amortissent le choc en cas d'accidents. De plus, Les radars qui imposent aux automobilistes de respecter les vitesses permises dans ou hors les zones urbaines sont de leurs côtés très limités. Cette technique dissuasive est utilisée dans un cadre bien déterminé, c'est lors des campagnes que les autorités de tutelle ont recours à ce moyen. Ils sont d'ailleurs limités dans le temps et l'espace. Nous avons entendu parler des radars automatiques qui seront fixés dans quelques zones du grand-Tunis et sur l'une des routes nationales. Mais à quand la mise en marche de cette technique ? Sera-t-elle généralisée dans les quelques prochaines années ? Toujours dans le même contexte, les actions de sensibilisation demeurent inefficaces car elles sont événementielles et mal étudiées. C'est au début de la saison de l'été que les associations et les autorités de tutelle commencent à travailler sérieusement sur cette question. Les messages adressés aux différentes parties concernés (piétons, automobilistes et utilisateurs des deux roues...) ne sont ni ciblés ni choquants. Faute de moyens et de compétences nous ne réalisons que des activités limitées lors de la saison estivale où l'on enregistre d'ailleurs le taux le plus important d'accidents de la route. Une moyenne de 17,91 % de ces catastrophes a lieu en été. Il importe ainsi de revoir les stratégies d'intervention pour endiguer ce fléau. Les campagnes de sécurité routière effectuées tout au long de l'année ont sûrement un impact positif. Mais il faut passer à une vitesse supérieure et agir tout au long de l'année pour réduire le taux des accidents de la route. C'est en fait question de mentalité et un travail de longue haleine. Sana FARHAT
Chiffres * Une moyenne de 4 morts et 41 blessés est enregistrée quotidiennement. * Nous perdons 1500 personnes pour un million de véhicules. * 17,91 % des accidents ont lieu en été. * Le parc automobile a évolué de 4,83 % en 2006. * 92323 nouveaux permis ont été accordés aux automobilistes il y a deux ans.