Pierre Beuzit, ex-directeur de la recherche chez Renault de 1998 à 2005 et actuellement président d'ALPHEA HYDROGENE (Réseau européen et Pôle de compétence sur l'hydrogène et ses applications) argumente l'indispensable passage à l'Hydrogène et l'abandon du pétrole à l'ère dupic des prix de l'énergie. Son raisonnement est le suivant : l'abandon du pétrole, qui a permis le fantastique développement de l'automobile, est inéluctable. Pour le remplacer tout en assurant à l'industrie automobile un développement durable, l'hydrogène offre des perspectives intéressantes. Vecteur d'énergie disponible en quantité inépuisable, il est présent dans nombre de produits courants - dont l'eau. Le véhicule du futur sera électrique, donc silencieux et non polluant : son moteur ne rejettera que de la vapeur d'eau, qui pourra être réutilisée. M.Pierre Beuzit retient l'année 2015 comme celle du début de la production de masse d'automobiles fonctionnant à l'hydrogène, précisant toutefois que les premières voitures fonctionneront avec des carburants classiques comme l'essence, le diesel ou les biocarburants. Mais, à bord, un nouvel appareil, appelé réformeur, pourrait les transformer en hydrogène, lequel alimenterait une pile à combustible. La propulsion deviendrait ainsi entièrement électrique, et la consommation de carburant passerait des 6 litres aux 100 km atteints par les voitures actuelles, à 3 litres. Cela marquerait le véritable démarrage de la voiture électrique, dont les batteries ne garantissent aujourd'hui qu'une autonomie limitée, prévoit M. Beuzit. Il n'en demeure pas que cette solution ne peut être que transitoire, puisqu'elle ne rompt pas la dépendance au pétrole ou aux biocarburants. Elle ne supprime pas non plus la pollution, puisque la voiture continue de produire du gaz carbonique lors de la transformation du carburant en hydrogène. Mais le recours au réformeur, dans un premier temps, présentera des avantages. Avec ce dispositif, précise-t-il, on évite tout d'abord la question problématique du stockage de l'hydrogène à bord de la voiture. Avec 1 kg d'hydrogène, on peut parcourir environ 100 km, mais ce kilo, à la pression atmosphérique, occupe un volume de.11 m3. D'où la nécessité de comprimer fortement le gaz ou de le réfrigérer, ce qui consomme de l'énergie. Le réformeur permet, par ailleurs, de différer la mise en oeuvre du nouveau réseau de distribution grâce auquel l'hydrogène sera disponible dans les pompes à essence. Une perspective qui ne devrait pas, compte tenu des obstacles à franchir, être réalisable avant 2020 ou 2025.
Grâce au « réformeur »... Le réformeur, pas plus gros qu'une valise, tient dans l'emplacement de la roue de secours, et les moteurs électriques peuvent être intégrés à chaque roue. Ce qui laissera une grande liberté aux concepteurs. L'hydrogène offrant une source abondante de courant à bord, il alimentera de nombreux appareils. La voiture de demain pourra être construite comme un petit salon, comprenant des fonctions de communication, d'audio et de vidéo, mais aussi un réfrigérateur et un four à micro-ondes. Il se créera ainsi une continuité entre la vie chez soi et la vie en voiture, d'autant plus évidente que celle-ci sera devenue silencieuse. L'électrification de l'automobile transformera également des fonctions comme l'accélération, le freinage et la direction assistée. Les pédales ne servant plus à rien, elles pourront disparaître. De même le volant pourra-t-il être remplacé par un manche à balai (comme ceux utilisés dans les jeux vidéo), situé n'importe où dans l'habitacle.