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27- Wadih el-Hage: le secrétaire très particulier de Ben Laden
Notre feuilleton - Le Jihad des convertis
Publié dans Le Temps le 09 - 02 - 2007

Catholique de naissance, l'Américain d'origine libanaise Wadih el-Hage s'est converti à l'islam, rejoint le jihad afghan, puis le réseau al-Qaida et son chef Oussama Ben Laden, dont il était un proche collaborateur.
Reconnu coupable de complot contre des ressortissants états-uniens, en relation avec les attentats contre les ambassades américaines à Nairobi, au Kenya, en 1998, il purge actuellement une peine de prison à perpétuité. Il fait partie de ces dizaines de convertis à l'islam ayant succombé aux sirènes du jihad international. Américains, Australiens, Jamaïcains, Français, Allemands, Belges... Nés de parents chrétiens, juifs ou athées... Fraîchement convertis à l'islam le plus rigoriste par des imams extrémistes, ils ont gagné les camps d'entraînement de Bosnie et d'Afghanistan, où ils ont acquis une solide formation militaire, avant de devenir des «petits soldats du jihad» contre l'Occident mécréant. Certains sont morts dans les montagnes de Tora Bora ou en Irak. D'autres ont été arrêtés dans le cadre de la campagne internationale de lutte contre le terrorisme, jugés et écroués. Leurs parcours, qui se ressemblent en plusieurs points, peuvent être résumés en deux formules: quête désespérée de soi et folie destructrice.

Wadih el-Hage - qui se fera appeler aussi Abdus Sabbur, Abd al Subbur, Norman, Wa'da Norman, Wadia, Abu Abdullah al Lubnani, Tanzanite et The Manager - est né le 25 juillet 1960 dans une famille catholique de Sidon et a grandi au Koweït, où son père travaillait dans une compagnie pétrolière. Rejeté par sa famille après sa conversion surprise à l'islam, il a été «adopté» par un notable koweitien qui a payé ses études aux Etats-Unis. C'est ainsi que Wadih a pu s'inscrire, en 1978, à l'University of Southwestern Louisiana, à Lafayette, en Louisiane, et suivre des études de planification urbaine, tout en se faisant un peu d'argent de poche en travaillant dans une pâtisserie.

Un vétéran du jihad afghan contre les Soviétiques
Au lendemain de l'invasion soviétique de l'Afghanistan, Wadih a pris le chemin du Pakistan, avant de rejoindre les rangs des moujahidines afghans. Parmi les personnes qui l'ont pris en main, on cite souvent le cheikh Abdullah Yusuf Azzam, le mentor de Oussama Ben Laden.
De retour aux Etats-Unis, en janvier 1985, après avoir guerroyé contre les Soviétiques,
Wadih a repris ses études à l'USL. La même année, il a fait la connaissance d'April Brightsky Ray, une vieille fille de l'Arizona, de 18 ans son aînée, qu'il n'a pas tardé à épouser dans ce que sa belle-mère qualifiera plus tard de mariage arrangé. April lui donnera sept enfants, qui seront tous naturalisés américains. A la fin des études à l'USL, en mai 1986, Wadih est parti s'installer avec sa petite famille dans l'Arizona.
Au cours des années suivantes, le couple El-Hage a fait plusieurs allers-retours au Pakistan. Une fois, la belle-mère de Wadih et son mari ont accompagné le couple pendant toute une année. Celle-ci racontera, des années plus tard, dans une interview à l'organisation ''Frontline'', qu'elle a travaillé comme infirmière dans un hôpital afghan. Et d'ajouter : «Wadih n'a jamais servi comme combattant. Il a surtout travaillé comme éducateur. Mon mari allait souvent avec lui livrer des manuels et des exemplaires du Coran aux jeunes. C'était une forme de Jihad, un combat pour l'Islam».
A son retour en Arizona, Wadih a fait plusieurs petits boulots pour des salaires de misère. Il a notamment travaillé comme gardien. En 1989, il a demandé et acquis la nationalité états-unienne. En décembre de la même année, il a rencontré Mahmud Abouhalima au cours d'une conférence islamique dans l'Oklahoma. Ce dernier lui demandera d'acheter un revolver de calibre 38 qui servira au meurtre du rabbin Meir Kahane, en 1990
Au cours de son procès, le procureur accusera aussi Wadih d'avoir aussi été impliqué dans le meurtre du docteur Rashad Khalifa, le 31 janvier 1990, à Tucson, acte attribué un certain Al-Fuqra. Mais la défense a soutenu que l'Américano-libanais était à l'étranger au moment des faits. Quoi qu'il en soit, s'il n'a pas pris part directement au meurtre, Wadih n'y était pas totalement étranger, puisqu'il était assez proche de ceux qui l'ont commis.
La même année, c'est-à-dire en 1990, Wadih a déménagé avec sa famille - devenue nombreuse entre-temps, à Arlington, au Texas. Puis, le 1er mars 1991, il a été appelé à Brooklyn, à New York, pour aider à redresser l'organisme caritatif Alkifah Refugee Center, qui était chargé de collecter de l'argent au profit des vétérans de la guerre contre les Soviets en Afghanistan pendant les années 1980. L'organisme, qui servait alors de base pour le réseau de Ben Laden, avait un autre bureau à Tucson, dans l'Etat de l'Arizona, connu pour être l'un des fiefs des islamistes radicaux aux Etats-Unis. Il était aussi en contact avec une mosquée à Arlington.
Le chef de cet organisme, un certain Mustafa Shalabi, avait disparu le jour même où Wadih avait débarqué à New York. Une semaine après, son corps mutilé avait été trouvé dans un appartement qu'il partageait avec Mahmud Abouhalima. Le meurtre était-il l'aboutissement d'une querelle sur la gestion des fonds collectés ? C'est, en tout cas, ce que soutiendra l'accusation durant le procès de Wadih.

Chez le cheikh Oussama au Soudan
Le nom de l'Américano-libanais sera également cité dans l'enquête sur le premier attentat contre le World Trade Center à New York, en 1993. Car il était en contact avec certaines personnes impliquées dans cet attentat. Peu de temps auparavant, Wadih a emmené sa famille au Soudan où il a travaillé comme secrétaire particulier de Ben Laden - les deux hommes s'étaient croisés chez Azzam en Afghanistan -, contre un salaire mensuel de 1 200 dollars américains. Il a aussi aidé le chef d'Al-Qaïda à gérer ses nombreuses affaires dans le pays, qui étaient constituées notamment d'une tannerie, de plusieurs fermes, d'une entreprise de travaux publics, d'une société de transport et de deux autres d'investissement. Ces activités ont permis à Wadih de voyager fréquemment en Europe - sa trace a ainsi été retrouvée en Slovaquie -, et en Asie, notamment au Pakistan et en Azerbaïdjan.
Les enquêteurs américains soutiennent que Wadih était devenu rapidement un acteur clé dans le dispositif de Ben Laden. Il aurait aussi essayé d'acquérir des armes chimiques pour le compte du réseau terroriste. Ces accusations n'ont cependant pas été étayées par des preuves tangibles.
En 1994, April a convaincu son mari d'arrêter de travailler pour Ben Laden au Soudan. C'est ainsi que les El-Hage sont allés s'installer à Nairobi, au Kenya. Ce dernier a-t-il continué à travailler pour l'organisation terroriste ? Les enquêteurs américains ont pu en apporter la preuve.
Au Kenya, Wadih a ouvert une bijouterie. Il a aussi dirigé l'organisation caritative musulmane Help Africa People, qui a beaucoup contribué à la lutte contre l'épidémie de malaria dans ce pays. Il était également en contact avec Ubaidah Al-Banshiri, un membre important d'Al-Qaïda, qui était à l'époque au Kenya. Il était lié, par ailleurs, à de nombreuses personnes qui seront impliquées dans l'attentat contre l'ambassade américaine de Nairobi, en 1998, comme Mohammed Saddiq Odeh ou Fazul Abdullah Mohammed. Ce dernier affirmera même aux enquêteurs qu'El-Hage était le chef de la cellule d'Al-Qaïda au Kenya.
Les journaux révèleront plus tard qu'à cette époque, des agents de renseignements américains savaient qu'une cellule d'Al-Qaïda était implantée au Kenya depuis fin 1994. En effet, dès août 1996, la CIA surveillait en permanence cinq lignes téléphoniques à Nairobi utilisées par les membres de cette cellule, dont Wadih. Ces écoutes ont révélé que ladite cellule fournissait des faux passeports et d'autres faux documents à ses membres. Elles ont révélé aussi que ces derniers, et notamment Wadih, étaient aussi en contact permanent, grâce à des numéros de téléphone codés, avec le quartier général d'Al-Qaïda en Afghanistan. Cette surveillance était apparemment conduite sans l'approbation, pourtant exigée, du président Bill Clinton ou du procureur général Janet Reno.

Les troublantes manœuvres de la CIA
La CIA a-t-elle songé, à cette époque, recruter Wadih comme un agent double ? Certains journaux américains l'ont affirmé. Quoi qu'il en soit, le 21 août 1997, deux agents de la centrale américaine de renseignement ont pénétré dans la maison de l'Américano-libanais à Nairobi. Un mandat de perquisition en main, ils ont interrogé Wadih, retourné, ce jour là, d'une visite à Ben Laden, en Afghanistan, et confisqué son ordinateur. Dans le carnet d'adresses de Wadih, ils ont retrouvé les noms de personnages interlopes, comme Ali Mohamed, l'agent d'Al-Qaïda en Californie, Mamoun Darkazanli, l'homme d'affaires syrien vivant à Hambourg, qui était en liaison avec Mohamed Atta et la cellule d'Al-Qaïda démantelée dans cette ville allemande, Ghassan Dahduli, ex-associé de Wadih à Tucson, membre de l'Islamic Association for Palestine, organisation basée dans l'Illinois, soupçonnée de liens avec le Hamas palestinien, et bien d'autres...
Deux jours plus tard, les autorités kenyanes, sans doute pressées par leurs homologues américaines, ont demandé officiellement à Wadih de quitter le pays. En septembre 1997, les El-Hage sont rentrés à Arlington, au Texas, après avoir vendu tous leurs biens au Kenya.
Aussitôt arrivé, Wadih a loué un appartement près de l'Université du Texas à Arlingtonand où il a installé une école coranique pour enfants. Il a trouvé aussi un boulot dans un dépôt de pneus arborant l'enseigne Lone Star.
Le 15 septembre 1998, Wadih a été entendu comme témoin dans l'affaire de l'attentat de Nairobi. Devant le tribunal, il a prétendu ne pas connaître Ben Laden et tenté de mouiller d'autres personnes. Mais son témoignage n'a pas convaincu les jurées. Mis en accusation pour faux témoignage, le 7 octobre 1998, il a été reconnu coupable de complot visant à tuer des ressortissants américains, et condamné, en 2001, par la Cour fédérale américaine du district sud de New York, à la prison à perpétuité. Il purge aujourd'hui sa peine à la prison fédérale SuperMax, à Florence, dans l'Etat du Colorado.

Sources:
- ''New-York Times'' des 22 octobre 1998, 1er septembre 1999, 22 janvier 2000.
- ''Washington Post'' du 2 mai 2001.
- ''Los Angeles Times'' du 14 octobre 2001.
- ''Chicago Tribune'' du 17 novembre 2002.
- ''San Francisco Chronicle'' du 21 septembre 2002.

Demain : 28 - Randall Royer le wahhabite de la Virginie du Nord


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