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La générosité à l'épreuve de la récession
Solidarité
Publié dans Le Temps le 30 - 11 - 2008

Chaque année à pareille époque, un élan de solidarité sans pareil se traduit par de nombreuses collectes au profit des nécessiteux. En plus des sommes versées à titre de contribution au Fonds de Solidarité Nationale, les Tunisiens participent à l'action sociale par la voie d'autres associations caritatives ou dans le cadre d'une aide spontanée aux personnes en difficulté.
L'Aïd el Kébir sera pour chacun d'eux une nouvelle opportunité pour faire preuve de générosité même si les gens de chez nous n'attendent pas les grandes occasions pour en témoigner.
Mais la conjoncture n'est pas la même cette année et l'hiver 2009 s'annonce dur pour tout le monde, dans notre pays comme ailleurs. Notre sens de l'entraide et notre grandeur d'âme s'en ressentiront-ils pour autant ?
Déjà les prévisions les plus optimistes ne sont pas pour rassurer les populations des pays en développement ; tout récemment, le directeur général du FMI, M.Dominique Strauss Kahn affirmait que la croissance de l'économie tunisienne accuserait 1 à1, 5 point en moins, et que dans quelques mois, les ressources du Fonds qu'il dirige ne satisferaient plus les besoins. Les prix des matières de première nécessité n'ont connu aucune baisse et le niveau de vie des ménages les plus modestes reste encore très faible malgré les dernières augmentations salariales. D'autre part, la succession des grandes échéances comme Ramadan, la rentrée scolaire, l'Aïd el Fitr et bientôt l'Aïd el Kébir est de nature à épuiser les budgets de toutes les familles. Les nouvelles qui nous parviennent d'Europe et plus particulièrement de France ne font qu'accroître les inquiétudes des citoyens. Vendredi dernier, Eric Heyer (économiste français) prévoyait pour la fin de 2009 une augmentation effrayante du nombre de chômeurs dans son pays ; il y en aurait selon ses estimations 210.000 de plus en décembre de l'année prochaine. Ce sont bien sûr les foyers à revenu faible qui en pâtiront le plus, ajouta-t-il dans un entretien diffusé sur France 2 par le journal de 20 heures. Concernant les sans abri, l'association Les Compagnons d'Emmaüs révèle que le nombre des Sans Domicile Fixe décédés depuis janvier 2008 a atteint le chiffre inquiétant de 265.

Sans abri
Chez nous, les sans abri sont plutôt rares, mais nous en voyons encore à des endroits divers de nos villes. Il y en a des deux sexes et de tous les âges ; certains sont itinérants et survivent grâce aux denrées et vêtements qui leur sont offerts par des familles sensibles à leur dénuement ; les autres, notamment les plus jeunes, sillonnent les cités et le centre ville tantôt pour demander l'aumône, tantôt pour jouer aux pickpockets dans les lieux encombrés.
Les familles qui vivotent grâce à de maigres pensions ou salaires risquent de connaître un hiver encore plus dur que les précédents, cette année. C'est que la crise fait peur à tout le monde et touche ceux-là mêmes qui venaient régulièrement en aide aux pauvres.


Les faux pauvres
De plus, on ne sait plus maintenant qui mérite vraiment d'être secouru : les handicapés font la manche un peu partout arborant la carte qui fait foi de leur maladie comme pour donner davantage de légalité à leur « activité », les vieux et les vieilles qui ont proclamé leur souveraineté sur certains coins de la ville et de ses quartiers demandent aux passants des sous plutôt que de la nourriture. Des jeunes très vigoureux et sans tare apparente choisissent eux aussi de tendre la main. La mode est aujourd'hui de se planter devant les grandes gares routières ou ferroviaires et aussi à l'intérieur d'une station de louage, ensuite de demander une aide financière pour soi disant réunir la somme nécessaire au retour au bled.
Les généreux craignent d'être pris pour des corniauds : il vient toujours un moment où ils cessent de donner sans se poser de questions. Lorsque les demandeurs d'aide sociale ne comptent plus que sur l'assistance que leur apportent les autres, on préfère garder ses sous pour soi. La mentalité d'assistés qui revient à la charge ces derniers temps ne favorise pas vraiment l'action généreuse spontanée. Offrir ses dons à une structure reconnue et fiable c'est sans doute la meilleure solution, mais une action parallèle doit être menée afin de combattre l'escroquerie savamment organisée par les faux pauvres.
C'est en effet rageant de se sentir roulé alors qu'on croyait faire le bien. A l'occasion du prochain Aïd, vous verrez aux portes des cimetières et jusque devant les tombes les mêmes têtes que vous avez toujours croisées en visitant les lieux. Ce seront les mêmes aussi qui viendront vous demander leur part du mouton que vous avez égorgé. A croire qu'ils sont nés pour agir ainsi en toute circonstance. On nous a récemment rapporté l'histoire d'un vieux routier de la mendicité qui refusa de « prendre sa retraite », même lorsque ses enfants ont réussi leurs études et occupé des postes bien rémunérés ! En France, tout un débat oppose actuellement les hommes au pouvoir au sujet de la politique d'aide au logement, en particulier celle qui vise les sans abri : suite à la mort d'un SDF dans la rue, on exprime des avis contradictoires sur la manière dont il faut venir en aide à ces personnes en difficulté qui refusent délibérément parfois toute sorte d'assistance publique. Pour trancher la question, le président Sarkozy décida de reconnaître à ce genre d'individus le droit de préférer le trottoir à un logement décent et cela au nom du « respect de la dignité et de la liberté d'autrui » !

Le cigare et les damnés de la terre
Le contexte est trop difficile pour pouvoir aider tout le monde à la fois ; la cherté de la vie n'empêchera pas les gens de penser aux pauvres, mais il y a tout lieu de croire qu'ils feront bien leurs comptes cette fois avant de se permettre des largesses au profit des nécessiteux. Les plus aisés sont appelés à compenser le manque s'il existe, c'est un peu cela aussi la solidarité : quand les petites bourses sont éreintées, les grandes doivent venir à la rescousse ! Ne faisons surtout pas comme les 36.000 richards moscovites qui ont lancé un pied de nez à tous les miséreux du monde et à tous ceux qui sont menacés de le devenir, en organisant cette semaine « une foire du paraître », sorte de marché du luxe où sont exposés les yachts les plus luxueux, les Cadillac les plus somptueuses et les bijoux les plus chers, le tout arrosé à la meilleure champagne et sentant les fragrances des meilleures maisons de parfumerie au monde. Avec un cigare havanais aux lèvres, et deux belles blondes accrochées à ses bras, on a sans doute de la peine à penser aux damnés de la terre !


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