Le Temps-Agences - En visite à Séoul, Hillary Clinton a évoqué hier la possibilité d'une lutte de pouvoir en Corée du Nord qui, selon la secrétaire d'Etat américaine, accroît l'urgence de mettre un terme au programme nucléaire de Pyongyang. "Toute la question du commandement est un peu trouble", a-t-elle déclaré à la presse dans l'avion qui la menait vers la Corée du Sud, troisième étape de sa tournée asiatique. De nombreux observateurs croient savoir que le numéro un nord-coréen, Kim Jong-il, a subi une attaque en août dernier qui aurait nécessité son hospitalisation. "S'il y a une succession, même pacifique (...), cela crée davantage d'incertitude et cela peut encourager des comportements encore plus provocateurs pour affermir une autorité", a-t-elle dit. Les spéculations vont bon train sur le possible dauphin de Kim, qui avait succédé à son père en 1994. Les éventuels signes d'adoubement d'un de ses fils, de son beau-frère ou encore d'une junte formée de ses principaux conseillers sont scrutés avec attention. La visite en Corée du sud d'Hillary Clinton intervient alors que la rhétorique belliciste nord-coréenne s'est accentuée ces dernières semaines. Les rumeurs vont bon train concernant l'imminence d'un tir d'essai nord-coréen de missile à longue portée Taepodong-2, théoriquement capable d'atteindre l'Alaska. Hier, le régime communiste a accusé Washington de préparer une attaque nucléaire et s'est dit prêt à une guerre avec la Corée du Sud. Le gouvernement sud-coréen "éprouve beaucoup d'inquiétudes à propos des événements de Corée du nord, de la tournure d'une possible succession", a déclaré hier Hillary Clinton. "Ils attendent de nous que nous fassions de notre mieux pour ramener au premier plan le programme de dénucléarisation et la non-prolifération", a-t-elle ajouté. Les pourparlers visant à obtenir la fin du programme nucléaire nord-coréen, en échange d'un retour dans le concert des nations et d'une aide massive, semblent dans l'impasse. Certains analystes estiment que Pyongyang cherche à contraindre la nouvelle administration américaine à lui prêter davantage d'attention, ainsi qu'à obliger la Corée du sud à revenir sur sa politique intransigeante à son égard. Hillary Clinton a répété qu'elle comptait poursuivre les "pourparlers à Six" entre les deux Corées, la Chine, le Japon, la Russie et les Etats-Unis. La chef de la diplomatie américaine pourrait annoncer aujourd'hui la nomination de Stephen Bosworth, ancien ambassadeur des Etats-Unis à Séoul, pour être son émissaire dans ces discussions.