Ce n'est pas par hasard si les barrières de l'inconnu tombent l'une après l'autre et que les zones d'ombre couvrant le flux occulte de la haute finance internationale, se retrouvent sous les projecteurs d'une lancinante actualité. Les paradis fiscaux ont toujours englobé le secret bancaire. Mais il y a à peine un an, l'Amérique de Bush s'opposait à toute idée de contrôle de ces paradis "parce que, estiment les néo-conservateurs , ils offrent des services à la fois peu coûteux et très souples du point de vue juridique". Pourtant le fisc américain perd 70 milliards de dollars par an, et de même que celui des trois grands pays européens: France, Allemagne et Grande Bretagne. Aujourd'hui, on estime les fonds placés dans les paradis fiscaux à 6 mille milliards d'euros avec une hausse de 12% par an! En fait, si tant de confusion surgit autour de cette question c'est parce que la crise ne plaisante pas. Elle ne pourra être amortie que par les fonds publics et, donc, par l'endettement public. Par pure évidence géométrique l'endettement public appelle les recettes publiques et donc les recettes fiscales. Mais c'est encore plus compliqué qu'il n'y paraît. Les pays de l'OCDE ceux-là mêmes qui ont "créé" les paradis fiscaux, les paradis bancaires et les paradis mafieux, se ravisent de rectifier le tir, sans doute dans un élan de repentance, mais voyant surtout le feu se déclencher en "leur demeure". Or, ils se redécouvrent démunis de textes juridiques, démunis sur le plan de la jurisprudence, car il n'existe guère de définition précise de cet euphémisme linguistique qu'est la formule: "paradis fiscal". Il aura donc fallu une pression politique conjuguée de la France, de l'Allemagne et de la Grande Bretagne (pression accentuée par l'appui de l'administration Obama) pour que les bastions qui gèrent des milliards en off shore, craquent et acceptent la levée du fameux secret bancaire. La Suisse, l'icône par excellence, s'y plie à son tour. De sorte que le G20 qui s'ouvre à Londres, avril prochain, réunit déjà des atouts importants pour une sortie de crise. Sauf qu'on ne saura jamais comment l'argent des peuples des pays pauvres a été détourné dans ces paradis, alors que ces pays vivent l'enfer. Et, à la limite, ce pressing du trio européen dans le cadre de l'OCDE ne dénoncera pas l'hypocrisie des politiques qui avaient encouragé le système. Il ne dénoncera pas les détournements venus des pays pauvres. Il y a quelques semaines à Paris, on a bien étalé sur les médias les biens immobiliers français d'Omar Bango. Qui s'en est ému? Qui s'en est étonné?