Tunis - TAP - Le verdict d'un tribunal italien condamnant, à des peines lourdes allant de 8 à 10 ans, des principaux responsables de la compagnie publique Tuninter, filiale de Tunisair, et les pilote et copilote de l'ATR 72, qui s'était amerri, en août 2005, au large de la Sicile, a provoqué des réactions déplorant, pour la plupart, le jugement prononcé en Auto-saisie et par contumace. La compagnie Tuninter s'est déclarée, dans un communiqué rendu public mardi, mécontente de cette "condamnation-surprise" et ajouté que les peines prononcées sont nettement plus lourdes que celles décidées en Italie dans des accidents plus graves. Tuninter déplore une tournure "médiatique pour "occulter" les responsabilités qu'assument d'autres parties. Ce verdict a surpris même les avocats des victimes au profit desquels une indemnisation de 22 millions d'euros a été versée par les assureurs en un "temps record". L'Association italienne des pilotes de l'aviation commerciale (ANPAC) estime, pour sa part, qu'elle "trouve à l'évidence que les peines prononcées contre les pilotes sont lourdes". L'ANPAC relève que l'installation d'un indicateur de carburant non adapté à cet avion devra être un élément décisif dans l'évaluation de la responsabilité des pilotes. Et L'ANPAC de préciser:"l'enquête menée par l'Agence italienne pour la sécurité des vols (ANSV) désignant clairement les pilotes comme principaux responsables de la catastrophe, semble "inacceptable". Autres anomalies relevées par l'ANPAC, le choix des enquêteurs de reproduire l'événement avec un simulateur de vol laisse la communauté nationale et internationale des pilotes extrêmement perplexe. A signaler qu'avant le crash l'équipage croyait avoir 3000 litres de Kérosène dans ses réservoirs au moment où l'avion se ravitaillait à Bari (Italie), et n'avait alors demandé que 240 litres supplémentaires de carburant pour son retour à Djerba. Faute d'essence, les deux moteurs de l'ATR 72 se sont arrêtés en même temps, empêchant l'avion d'atteindre l'aéroport de Palerme pour un atterrissage, le forçant à un amerrissage. Par delà, ces réactions, les condamnations sont jugées très lourdes au regard des condamnations antérieures prononcées à l'encontre de personnes morales impliquées dans des catastrophes similaires. A titre indicatif, l'accident de passerelle du Queen Mary II qui a fait, en 2003, 126 morts et 29 blessés en France, et le crash de l'Airbus d'Air inter en 1992, aucune personne physique n'a été condamnée ni à la prison ferme ni au sursis bien que les juges aient reconnu l'entière responsabilité des groupes Airbus et Air France dans cette catastrophe. Même en Italie, les jugements dans ce type d'affaires n'ont jamais condamné les dirigeants et techniciens des compagnies concernées.