«Looking for growth ? » (À la recherche de la croissance) : tel est le slogan de la campagne de communication internationale sur l'industrie tunisienne dont le coup d'envoi a été donné hier par trois ministres, l'organisation patronale et l'ambassadeur de la Commission Européenne. « Think Tunisia, the Euromedvalley for industry and technology » est le titre de la campagne publicitaire qui fera le tour des cinq pays qu'elle cible. Le cœur de la campagne est la Tunisie industrielle. L'idée centrale est de faire connaître le produit industriel tunisien. Mais les premières images du spot publicitaire n'illustrent aucune caractéristique typiquement tunisienne. Celles-ci montrent un joueur de golf sur fond de paysage montagneux à la crête en neige. Peut-être est-ce là, le lien avec l'Europe sur lequel les protagonistes focalisent ardemment? Au menu du jour : un partenariat gagnant-gagnant. On pourrait croire que c'est du réchauffé (thème principal de l'UPM) mais les deux rives « sœurs » de la Méditerranée ont décidé de le servir à toutes les sauces. Ils le disent quasi-religieusement « la Tunisie et l'UE sont deux partenaires « win-win. » Ni l'un ni l'autre ne pourra se prétendre plus gagnant ou plus perdant que son pair. L'enthousiasme des panélistes quant à la réussite potentielle de la campagne promotionnelle de l'étude stratégique pour l'industrie tunisienne à l'horizon 2016, était ostensible. Cela dénoterait-il d'une ferme confiance en les capacités de l'industrie tunisienne? « Nous voulons faire partager par nos partenaires européens nos potentialités qui, mises à profit dans un partenariat gagnant-gagnant sont une réponse positive à la crise...c'est là le message que nous voulons transmettre à travers la campagne promotionnelle » a déclaré M. Afif Chelbi, ministre de l'Industrie, de l'Energie et des PME. En effet, la Tunisie dégage de fortes potentialités dans le domaine de l'industrie accentuées par la présence d'acteurs économiques étrangers. Le partage des profits des potentialités peut paraître comme un retour sur investissement aux regards de la rive du Nord. Après tout, la délocalisation des entreprises européennes (perçue ici comme un investissement) a permis certes, la réalisation d'économie de marché, mais cela s'est fait au détriment de l'emploi dans les pays d'origine. Aujourd'hui, il paraît normal que ce partage ait lieu. Sur un autre plan, la Tunisie a fait auparavant (et continue à le faire) don de ses compétences intellectuelles à travers la fuite des cerveaux en Europe. Cela n'est cependant pas de l'avis de M. Hédi Djilani, président du Patronat. Il affirme : «que la ressource humaine travaille en Tunisie ou en Europe, cela ne fait pas de différence, de par le fait qu'aujourd'hui on ne parle plus de deux rives ou de deux pôles mais d'une seule et unique zone». La question des compétences de la main d'œuvre a fait l'objet d'un intérêt spécial. Une réputation plutôt « péjorative » a collé à la ressource humaine tunisienne : elle n'est pas vraiment compétente. Elle est destinée beaucoup plus aux activités à faible densité technologique. L'un des objectifs de la campagne promotionnelle est d'éradiquer de façon définitive cette idée en prouvant que la Tunisie possède des compétences humaines capables d'opérer dans des activités économiques à forte valeur ajoutée. A ce titre, M. Mohamed Nouri Jouini, ministre de Développement et de la Coopération Internationale a confié : « nous envisageons par le biais de cette campagne de mettre l'accent sur certains facteurs, en l'occurrence celui des ressources humaines afin d'attirer des investissements dans des secteurs plus enclins à la technologie plutôt que les secteurs traditionnels où d'ailleurs le rythme de la croissance d'investissement de l'Italie est plus intense que celui de la France et de l'Allemagne.» Par ailleurs, le budget qui est alloué à la campagne de communication est de 2 millions de dinars dont 500.000 euros ont été attribués par la Commission Européenne, le reste par le Foprodex. Les panelistes tunisiens assurent que ce budget sera bien utilisé. « On n'est pas riche, donc on sait faire attention et bien utiliser l'argent.» dixit M. Hédi Djilani. La campagne promotionnelle cible de prime à bord cinq pays, à savoir la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Angleterre et l'Espagne. Bien sûr, le plan ne se limitera pas à ces destinations, puisqu'il s'agit au départ de programmes pilotes qui donneront le ton sur la période de mai à octobre 2009. Le ministre du Commerce et de l'Artisanat, M. Ridha Touiti l'a bien confirmé : « nous comptons diversifier beaucoup les marchés cibles de la campagne. Dans un premier temps, il n'y aura que cinq pays, ce qui représente un choix de début de phase. Toutefois, l'objectif est d'investir tous les pays de l'Europe Centrale.» Le président du Patronat dit vouloir cette campagne une «véritable machine à communiquer à l'heure où la Tunisie évolue chaque jour et subissait un relookage total de son environnement». L'ambition annoncée à l'horizon 2016 est audacieuse : doubler les exportations vers l'Union Européenne pour atteindre les 16 milliards d'euros et tripler les investissements pour atteindre 1,5 milliard d'euros. La mission n'est peut être pas aussi fastidieuse. Avec ses titres de premier pays d'implantation des PME européennes, premier pays exportateur industriel de la rive Sud de la Méditerranée et premier pays pour la qualité de la formation et pour la qualité de vie, la Tunisie a des arguments qui font mouche. Il ne lui reste plus à présent que de les employer à juste titre.