Dans quelques heures, tout sera consommé. Tout ? il ne s'agit, bien sûr que d'un championnat qui a choisi cette année à se concentrer dans ses dernières 90 minutes. D'autres compétitions vont encore meubler chaudement ce début d'été. Il ne s'agira pourtant que d'une compétition qui n'offre qu'un symbole, alors que d'autres, encore en course, recèlent de bien d'autres profits sonnants et trébuchants. Mais le symbole, la passion aidant, a réussi à faire de l'ultime journée le clou d'une saison qui fera sûrement date dans l'Histoire de notre football. Cette ultime journée rendra, en effet, un double verdict : sacrer un champion et désigner ceux qui doivent quitter l'élite. Les deux plus vieux clubs de notre pays sont concernés, un troisième de quelques années leur cadet, désigné comme arbitre. Un banlieusard, couvert de gloire léché par les feux de l'Enfer et trois provinciaux, avides de lumière, cherchant pour ne pas sombrer dans l'oubli, un maintien hypothétique. Et moi, vieux témoin des choses footballistiques, invité à soupeser des chances réduites à 90 minutes éparpillées à travers quatre stades mais toutes fatidiques. Pour ces quelques minutes de jeu, que de passion, de palabres gratuites, de pression et d'intox médiatique. Dans un enchevêtrement inextricable impossible à concilier les dates et à travers une floraison de diatribes savantes ou voulues telles, nous voilà enfin devant l'inéluctable : dans quelques heures un verdict sans appel sera prononcé. De quelles chances voulez vous parler quand il s'agira de nerfs noués par l'angoisse et l'haleine coupée dans l'attente de l'irrémédiable. Un irrémédiable à la merci d'une faute infime ou l'impondérable imprévisible. Quand un titre est suspendu au fil ténu d'un nul à Radès et quand des relégations hésitent entre Jendouba, Gafsa et Hammam-Sousse. Quelle est la part du football technique dans ce mélange détournant d'espoir caressé et de peur refoulée. A qui ose-t-on recommander la relaxe et la concentration pour ne point dilapider des atouts, en d'autres occasions si utiles. Des inconscients parlent de non motivation directe de l'Etoile. D'autres invoquent la démobilisation des joueurs de Jendouba. Que Hammam-Sousse pense déjà à la saison prochaine. Ceux -là oublient que dans la fournaise créée dans les coulisses même les non concernés se trouvent partie prenante quoiqu'ils disent. Quand les responsables lient leur destin à un échec ou une réussite et quand des techniciens parlent de vie et de mort lorsqu'il ne s'agit que d'un titre. Dans ce contexte l'analyste se retire pour assister comme tout le monde à quoi toute une saison va aboutir et ce à quoi elle aura finalement obéi à une balle anodine, à une faute infime ou tout simplement à une chance de dernière minute que de savants exégètes sauront après coup traduire en technique ou tactique s'ils ne s'imaginent pas l'avoir prévue.