En Italie, un homme condamné à la chaise roulante mais présidant aux destinées de la toute puissante Ligue professionnelle décida (en vertu des pouvoirs discrétionnaires lui ayant été conférés par le Comité olympique) de décréter l'arrêt du championnat le plus " milliardaire " du monde ainsi que le huis-clos total ou partiel pour des stades dont le tout aussi prestigieux que la Scala de Milan, le stade Giuseppe Meazza, fief des deux milanaises. Le gouvernement l'a appuyé. Le parlement aussi. La société civile tout entière en est resté émue. Lorsque le cadre juridique est clair, l'action devient légitime. Et c'est à ce niveau, au niveau de cette interaction qu'il devient possible de parler de transparence. Aujourd'hui ou en finira peut être avec le côté passionnel du football, avec ses lubies partisanes, ses groupes de pression et ces " passe-droits " ayant créé trop de tensions et trop de clivages à teneur régionaliste. Beaucoup d'encre aura coulé - et il en coulera encore beaucoup - à propos des statuts de la FTF... Il aura fallu d'interminables journées, d'interminables semaines de tractations, de désaccord, de négociations serrées pour que l'on se décide d'abord d'épouser l'air du temps et, surtout, de rattraper un retard assez important par rapport aux textes généraux de la FIFA. Sans doute avons-nous aussi abusé de l'amitié que nous voue M. Blatter, très patient d'ailleurs face à cette machine tunisienne qui grinçait , qui tardait à se mettre résolument en marche. Car, quelque part, dans les arcanes de la FTF, la charpente de la tutelle a toujours garanti une commodité subjective appelée " cooptation ", (désignation), et cela veut dire, dans une certaine mesure (avec des nuances bien sûr) " sacralité ". Pourquoi avait-on si peur d'aller aux urnes ? Pourquoi n'intègre-t-on pas l'aspect impérieux d'un vote démocratique, du choix d'un bureau fédéral par les clubs ? Mais là aussi, les tribuns récupérateurs jouent sur les concepts : qu'est-ce que la légitimité ? Et qu'est-ce que la légalité ? Un bureau dont le tiers désigné par le ministère était certes légal, jusqu'à la modification de la loi en janvier dernier. Il ne pouvait prétendre être légitime. Maintenant ces textes nouveaux qui seront soumis aujourd'hui au vote, lèveront sans doute l'équivoque né d'une cohabitation contre-nature... Y'aura-t-il vote en bloc ? Sans doute parce que le projet se veut indivisible. Mais le scrutin de liste fait jaser. On élira en effet une tête de liste et, par ricochet, onze autres membres avec lui. Et c'est là, la grande bataille des coulisses. Dans le scrutin de liste, il y a une garantie : la cohésion à l'intérieur de chaque équipe en place. Cela ressemble à une espèce de multipartisme. Sauf que la thèse opposée, celle qui privilégierait le vote nominal (et non par liste) brandit l'argument du plébiscite. Car, en réalité, un scrutin de liste, c'est aussi un vote plébiscitaire, une cooptation d'un autre type... Mais toute la subtilité du jeu démocratique est là. A terme c'est la souveraineté - relative bien sûr - de la FTF qui s'en retrouve raffermie... Même si, finalement, la tutelle , la bonne vieille tutelle - qu'elle soit ministérielle ou olympique - gèrera indirectement trois commissions. Celle de l'appel, celle des litiges et celle de la discipline. Et cela pour sécuriser les décisions et les mettre à l'abri des interférences. Jamais plus sans doute, un membre fédéral ne rouspètera parce que tel arbitre ne plaît pas à son équipe... C'est cela le droit. C'est la morale de ceux qui n'en ont pas.