* Contrôle de l'excès de vitesse : Sur la forme, on s'inspire de l'Europe… * Et l'infrastructure ? Un projet de loi visant à modifier le code de la route vient d'être adopté par la chambre des députés. Les principales modifications concernent la classification des infractions, les amendes pour excès de vitesse et conduite en état d'ébriété, les délits et les radars automatiques. Cette loi vient à point pour remettre de l'ordre sur nos routes devenant un terrain propice aux jeux de voitures folles. La situation chaotique de la conduite en Tunisie n'est plus un secret pour personne. Les infractions aux principes de base de la conduite, tels que le dépassement interdit ou le sens interdit sont monnaie courante et où quotidiennement le code de la route est tout simplement ignoré avec facilité. Les agents de la circulation guettent les infractions flagrantes (griller un feu rouge ou un stop, parler au téléphone en conduisant..) mais les autres phénomènes passent souvent inaperçus. Le nouveau projet vise à remédier à certaines failles et à durcir la législation concernant des infractions courantes qui ne cessent de se multiplier. Par exemple s'arrêter ou stationner ou faire marche arrière sur une route principale est passible d'une amende allant de 100 à 200 dinars, de même pour le non respect des signalisations d'arrêt, l'utilisation de voitures polluantes, ne pas effectuer la visite technique... Pour les excès de vitesse dépassant de 50 km/h la vitesse autorisée, l'amende est entre 120 et 240 dinars, mais c'est l'emprisonnement pour une durée maximum de 6 mois et une amende allant de 200 à 500 dinars pour le délit de conduite en état d'ébriété ou le refus de subir l'alcotest, conduite sans permis, la modification de la voiture ( tuning) sans autorisation, exercer l'activité d'auto-école sans signer le cahier de charges ... Le retrait du permis est prévu dans trois cas, conduite en état d'ébriété ou refus de se soumettre à l'alcotest, rouler en sens contraire ou faire demi tour sur les routes ou en traversant les pistes et enfin tuer ou blesser involontairement..
Radars automatiques et excès de vitesse Après un vide d'un an, les radars automatiques ont maintenant leur régime juridique. Le dépassement de la vitesse autorisée de 20 km/h ou plus repéré par un radar automatique, donne suite à l'envoi d'une note au propriétaire du véhicule qui sera tenu de payer l'amende dans un délai de 20 jours, faute de quoi l'amende sera doublée. La note sera accompagnée d'un formulaire qui permet de faire opposition tout en cautionnant le montant de l'amende jusqu'à ce que le juge cantonal statue. Si l'excès de vitesse est de 50km/h, le conducteur du véhicule est convoqué à la justice et un procès verbal sera rédigé. A cette occasion, nous avons recueilli les avis de conducteurs tunisiens, sur la réforme et les apports fournis. Pour Emna, retraitée, " il faut durcir la loi au maximum, punir ceux qui conduisent en état d'ébriété par le retrait du permis pour une longue durée, et surtout rester à l'affût. Les agents doivent appliquer la loi et rester fermes quand il s'agit de graves infractions comme le dépassement interdit ou le " zigzag " entre les voitures sur les grandes voix. Il y a un effort à faire en éradiquant les interventions et tout ce qui s'en suit afin que tout le monde sache qu'on ne badine pas avec la vie des gens en ignorant la loi. Cette nouvelle loi est efficace parce qu'elle prévoit de amendes lourdes pour la conduite en état d'ébriété qui est la cause de milliers d'accidents surtout au retour des soirées d'Hammamet et de Gammarth. "
" Une question de culture civique " Pour Mohamed, résident suisse, conduire en Tunisie est un vrai calvaire " il est impossible de conduire correctement en Tunisie parce que les autres conducteurs sont des fous. On ne respecte ni les lois ni les personnes, c'est un problème profond relatif à l'éducation. C'est une question de culture civique, les enfants doivent être éduqués sur le respect de l'ordre et de la loi et informés dès leur jeune âge. La mentalité doit changer : ce n'est pas la loi du plus fort, ni l'égoïsme qui doit régner mais la loi. En Suisse, on n'a pas besoin d'agent ni de contrôle, le code est respecté automatiquement parce que les amendes sont lourdes et que les gens se sont habitués à la droiture. Si les gens ne sont pas conscients, ni les radars automatiques ni les agents ne peuvent arrêter le désordre. " Asma, juriste trouve que " durcir la loi sans l'appliquer ne sert à rien. Il faut alléger les procédures, faciliter le paiement des amendes. Pour les radars automatiques, je pense que ce sera un peu la pagaille au début, puisque la possibilité donnée aux conducteurs de s'opposer va ouvrir la porte à un grand nombre de longues procédures. Aussi, il y a le problème de l'exactitude des radars qui sera remise en question et entraînera des contentieux. Je pense qu'au début il y aura des problèmes d'application avant que les Tunisiens ne s'habituent à ces réformes". Nizar, médecin, trouve que " rien ne peut arrêter le Tunisien dans ses excès, la loi sera au début appliquée, les gens auront peur mais peu après, le laxisme et l'indifférence reprendront de plus belle. Sans rigueur ni sanction toute réforme est vaine puisqu'elle ne sera que lettre morte ". Au vu de ces témoignages, on comprend que la loi doit être impérativement appliquée sans exception, si on veut que l'ordre et la discipline règnent sur nos routes. Sans le professionnalisme et le sérieux des agents, et la prise de conscience du conducteur tunisien, la loi n'aura aucun effet. Hager ALMI --------------------------------------- Contrôle de l'excès de vitesse : Sur la forme, on s'inspire de l'Europe… Nombreux sont ceux les automobilistes qui conduisent leurs véhicules à une vitesse accélérée sans calculer la gravité de cette pratique. Inconscients, ils s'amusent à s'aventurer sur les autoroutes et même dans les zones urbaines négligeant toute mesure de sécurité aussi bien pour eux que pour les autres. Ils échappaient au contrôle rigoureux du radar. Mais ils devront dans les quelques jours à venir être plus attentifs puisqu'ils risquent d'être flashés par le radar automatique. Tant attendue, cette technique permettra de réduire le nombre d'accidents, de victimes et de blessés sur nos routes. D'ailleurs l'excès de vitesse est à l'origine de plus de 5 mille accidents d'après les statistiques affichées lors des trois dernières années. Le bilan était trop lourd à tous les niveaux. Nous avons enregistré 1223 victimes et 8691 blessés durant cette période. Toujours dans le même contexte, plus de la moitié des procès-verbaux ont été rédigés contre ceux qui conduisent à une vitesse très accélérée, soit 60 % des PV. Pire encore, le phénomène est en croissance continue, c'est ce qui a été prouvé par les autorités de tutelle tout en démontrant que ces procès ont été multipliés par deux entre 2007-2008. Il s'agit ainsi de l'un des objectifs de l'installation du radar automatique dans différents points des routes tunisiennes surtout où l'on enregistre une grande affluence.
Les autres expériences Cette technique a déjà fait ses preuves dans plusieurs pays de l'Europe et même du Maghreb arabe à savoir le Maroc. D'ailleurs, avant de lancer cette expérience chez nous, les autorités de tutelle (ministères du Transport, de l'Intérieur et des Collectivités locales) ont fait une étude comparative entre la France, la Belgique et le Maroc pour déterminer les avantages du radar automatique sur les plans humain et économique. Notamment, il a été confirmé que le bilan est positif en France. Opérationnel depuis octobre 2003, le radar a permis de diminuer l'effectif de victimes pour passer à 4443 l'année dernière contre 7742 en 2002. Une réduction de l'ordre de 49% a été ainsi enregistrée. L'étude démontre que même la moyenne de l'excès de vitesse a été réduite dans l'Hexagone. Egalement, des résultats positifs ont été confirmés au Maroc dès l'installation de cette technique au début de l'année en cours. Les Marocains ont enregistré 191 victimes de moins lors des cinq premiers mois de 2009 en comparaison à la même période de 2008. De leur côté, les Belges ont affiché des résultats satisfaisants au bout de six ans (entre 2000 et 2006). Une régression de l'ordre de 33 % a été signalée en termes de décès dus à l'excès de vitesse. Il est clair que le radar automatique contribue efficacement dans la lutte contre ce phénomène lourd en conséquence. Un contrôle permanent sera ainsi assuré sur les différentes voies, ce qui permettra de réduire le nombre d'accidents et surtout de préserver le capital humain. Désormais, les automobilistes seront obligés de respecter rigoureusement le Code de la route si non ils auront à payer cher les infractions qu'ils commettront. La vigilance sera de mise. Sana FARHAT -------------------------------------- Et l'infrastructure ? Le ministre du Transport a précisé mardi dernier lors du débat parlementaire que la Tunisie s'est inspirée de l'expérience européenne avant de lancer le radar automatique. Une expérience qualifiée positive, d'après lui. Mais peut-on comparer notre pays avec ceux européens en termes d'infrastructure, de l'application du Code de la route et de la conscience des automobilistes ? Si la Tunisie est en train d'investir lourd pour améliorer l'infrastructure de base dans quelques régions, beaucoup reste à faire. Le réseau routier dans plusieurs zones est encore en délabrement. Les routes nationales qui enregistrent toujours une grande affluence sont quasi impraticables. Nous y enregistrons d'ailleurs des accidents mortels.