La nouvelle saison ne saurait commencer sur les décombres de celles qui l'ont précédée. Trop de passions se sont déchaînées en effet, trop d'actes de vandalisme au nom du football, recrudescence du chauvinisme et – chose inacceptable – dans la Tunisie une et indivisible, les sinistres appels au régionalisme. En cette année charnière, année des élections et sans doute année de l'impulsion résolue vers l'avant, nous ne sommes qu'à quelques encablures des nations totalement développées. Si, comme l'a dit M. Rafaâ Dkhil, ministre de la Communication et des relations avec la Chambre des représentants et la Chambre des conseillers, "la Tunisie est classée aux premières loges mondiales pour la qualité de la vie", il ne saurait y avoir de place aux débordements qui finissent par faire mauvaise presse. Le ministre a d'ailleurs bien fait souligner que "la Tunisie combat énergiquement toute velléités régionalistes et que dans tous les cas de figure, la banalisation de la violence, à travers les médias, la télé en tête, engendre des résultats négatifs et un effet de suivisme et d'entraînement". En fait, le ministre rappelle là une donne sociologique avérée: à savoir que la violence appelle la violence. Et c'est dans cet esprit que M. Dkhil appelle les médias à assumer leur rôle de "baliseurs de l'éthique", dès lors que leur foisonnement et leur diversité le permettent". Quelque part précise-t-il, nous devons discuter, parler, dialoguer et communiquer"… Et cela dit, il faudra d'abord que les intervenants jouent leur rôle de sensibilisation, entre autres "raffermir , affirme encore le ministre, l'attachement à l'Equipe nationale".
"Victimisation" Si M. Dkhil a parlé de banalisation de la violence, M. Samir Laabidi, ministre de la Jeunesse, du Sport et de l'Education physique a bien appuyé sur cette tendance diffuse et qui consiste dans la "victimisation de certains acteurs du football" spécialement à la télé et sur les colonnes des journaux. Le fait est là: quelque part le mal vient des dirigeants, des entraîneurs, des joueurs eux-mêmes et cela a pour conséquence directe d'ameuter les foules et d'alimenter le chauvinisme. Le ministre précise bien qu'il "s'adresse aux médias en amateur". Et, acte de courage, que relève d'ailleurs "Le Temps" dans son intervention à ce débat, M. Laabidi reconnaît que les dérives viennent du sport et sont provoqués par des pseudo-sportifs, et non pas forcément par des médias". Cela dit, le ministre a subtilement fait remarquer qu'il ne s'agit pas "de conflit d'intérêts, ou d'un quelconque conflit corporatiste" mais de hisser haut l'étendard du sport tunisien. Il déplore – et il a raison – que le bon classement de la Tunisie aux Jeux de Pescara (6ème) "ait eu droit à l'indifférence générale alors que durant une heure, la télé égyptienne réunissait des spécialistes autour d'un plateau pour comprendre ce qui a fait que la Tunisie se soit classée devant l'Egypte". Cela dit, le ministre tenait à préciser que "la chasse aux scoops, le journal électronique et les impératifs de bouclage peuvent provoquer de la désinformation. Il fait aussi le constat de ces forums ou de ces blogs où dominent les slogans haineux et guerriers". Le ministre annonce dès lors une refonte des lois régissant le sport, dans le sens de plus de fermeté, à l'élaboration de slogans et spots persuasifs ou plutôt dissuasifs, et en passant, la tenue d'une Assemblée générale extraordinaire de la FTF pour réajuster les textes.
"Non à la diabolisation" Il était clair que le débat sur la violence ne pouvait être dissocié des conditions de travail des journalistes, souvent conspués et évoluant dans des conditions parfois intenables et, en ce qui concerne les correspondants régionaux, dans un environnement coercitif. Les confrères ont par ailleurs évoqué la problématique de ces instances fédérales qui ne communiquent pas ou celle de ces clubs en proie à des dissensions internes et qu'ils étalent à travers les médias. Il est clair que nous, journalistes, devions bien fait ennoblir le métier et ne plus nous prêter à ce rôle de bouc-émissaire chaque fois que les choses prennent une certaine tournure. En un mot, les journalistes, les vrais ne demandent qu'à informer sainement et à commenter en toute responsabilité. Ils refusent, nous refusons bien sûr cette diabolisation dont on veut affubler la presse. Pour finir, des recommandations ont été retenues et elles rectifieront et complèteront la charte élaborée la veille par le ministère dans sa réunion avec les présidents des clubs. Compte rendu: Raouf KHALSI ----------------------------- Dans une première intervention M. Slaheddine Dridi, Directeur général de l'information a bien noter que l'enceinte réservée à la presse dans les stades est toujours prise d'assaut par des intrus, ce qui rend difficile le travail des journalistes. Un minimum de logistique doit être assuré. ---------------------------------- Le ministre du Sport a évoqué une étude élaborée par le sénat français et ramenant les défectuosités dans l'information sportive, à des problèmes d'ordre structurel, c'est-à-dire inhérent à l'institution présidant aux destinées de l'information. Le Directeur général de l'Information évoqua alors à son tour une étude où le déficit de communication est imputé aux instances sportives elles-mêmes.