J'aime les chiffres car ils sont brefs, clairs et directs. Ceux que je vais évoquer aujourd'hui sont directement liés au couffin de la ménagère, car ils donnent une idée globale sur la situation des sommes qui sortent de nos poches trouées. Les dépenses en achats alimentaires durant le mois de Ramadan connaissent une hausse de 35% pour une famille moyenne. La consommation d'œufs double au cours du mois de Ramadan, celle des viandes rouges augmente de plus de 30%, la volaille de près de 40%, le lait pasteurisé de 23%. Des dépenses auxquelles il faut ajouter les dépenses dédiées aux loisirs avec les fameuses veillées ramadanesques, auxquelles viendront s'ajouter cette année les fournitures scolaires. C'est épuisant pour les ménages, diriez-vous... Pas du tout ! Il semble que les Tunisiens parviennent toujours à s'en sortir, soit en empruntant aux proches et amis ou en accumulant les crédits à la consommation. Et pour comparer ces dépenses, reportons-nous à la même période de l'année passée : en 2008 près de trois milliards de dinars ont été accordés sous forme de crédits à la consommation. Il s'agit là d'une somme importante, puisqu'elle équivaut à un peu plus de 30% du volume total des prêts bancaires accordés sur l'année passée. Et on s'attend à ce que ces dépenses se maintiennent à la hausse cette année encore, avec des crédits remboursables sur 36 mois et qui coûtent si chers... Un surendettement transformé par nombre de Tunisiens en mode de vie. Une fuite en avant qui fragilise les structures familiales et plus généralement la situation de notre économie. Ce comportement compulsif des Tunisiens est certes déraisonnable et souvent sans commune mesure avec les besoins réels en consommation des ménages, mais les " pousseurs " de chariots pleins à ras bord que nous avons approché dans les grandes surfaces affirment qu'on " ne vit qu'une fois et l'argent est fait pour être dépensé ! " Une vision épicurienne du monde qui s'achève souvent sur un réveil douloureux. D'où la nécessité d'une plus grande retenue et plus de modération en matière de consommation. Les files d'attente sont un signe de folie douce, de frénésie annonciatrice de dépression psychologique et économique. Alors freine, mon schizophrène !