Dans le monde arabe, le nombre de jeunes, de moins de 30 ans, constitue aujourd'hui 60% de la population, autrement dit, ils représentent l'avenir de la région. Pourtant, cette jeunesse arabe apparaît, selon certains, comme désorientée et perdue. Pour d'autres, elle est incomprise et non écoutée. Quelle serait alors la solution pour promouvoir la situation des jeunes arabes en ces temps marqués par la révolution technologique et l'ouverture sur les espaces médiatiques (chaînes satellitaires, Internet...) qui placent la jeunesse face à de nouveaux défis? Plus d'une centaine de jeunes, d'experts et d'hommes de médias ont échangé les points de vue dans le cadre d'un séminaire sur « la jeunesse et l'information dans le monde arabe », tenu récemment au siège de l'Union des Radios et télévisions arabes (ASBU), à Tunis. Cette manifestation, qui a enregistré la participation de jeunes de douze pays arabes, Tunisie, Algérie, Libye, Jordanie, Arabie Saoudite, Syrie, Palestine, Qatar, Egypte, Yémen, Irak et Soudan, a traité de trois thèmes principaux. Le premier a porté sur « l'information et les préoccupations des jeunes » ; le deuxième a été axé sur « le développement des chaînes d'information destinées aux jeunes » et le troisième s'est intéressé à la question de « l'information destinée aux jeunes du monde arabe et son rôle face au défi de mondialisation de la culture ». Les participants ont été unanimes pour affirmer que le rôle dévolu à l'information pour s'adapter aux mutations rapides en matière de nouvelles technologies de la communication de manière à pouvoir donner une image exacte et objective sur la situation et les préoccupations des jeunes dans le monde arabe notamment dans les domaines de l'emploi, de l'éducation et de la santé. Ils ont évoqué le besoin des jeunes du monde arabe d'un large espace médiatique qui leur permette de faire part de leurs préoccupations et d'instaurer avec eux un dialogue constructif en vue de rechercher les solutions adéquates et efficientes. Les recommandations ont souligné la nécessité de définir le concept d'information interactive, de rationaliser le contenu médiatique destiné aux jeunes du monde arabe, de diffuser la culture de la consultation, de promouvoir le dialogue global avec les jeunes ainsi que de soutenir l'initiative de la Tunisie de proclamer 2010, année internationale de dialogue avec la jeunesse, qui constituera une opportunité aux jeunes d'exprimer leurs idées en toute liberté. Aymen BARKALLAH
Jamel Faiez, Qatar « Investir dans la jeunesse » « Les taux de chômage dans le monde arabe, particulièrement élevés chez les jeunes de moins de 24 ans, figure parmi les plus élevés au monde. Pour faire face à ce problème, il est crucial d'investir davantage dans la jeunesse à travers le renforcement des programmes éducatifs et d'orientation destinés à cette catégorie, ce qui permettra d'être à l'écoute de ces jeunes, cerner leurs difficultés, répondre à leurs ambitions et ancrer l'identité et la culture arabo-musulmane auprès de cette génération. D'autant plus que toutes ces actions peuvent avoir un effet de synergie avec la croissance dans la région ».
Mohamed Moutaouaa, Jordanie « Redonner confiance aux jeunes » « Dans les pays arabes, le déficit de communication, le chômage et la crise sociale et culturelle rendent la vie un peu dure pour les jeunes. Il est temps alors de redonner confiance aux jeunes car la jeunesse représente l'avenir dans le monde arabe ».
Takwa M.Abdelwahab, Soudan « Nos origines et nos racines sont parfois occulutées » « Mini-jupes, cigarettes, alcool, tatouages, piercings font partie de ces choses qui font partie de la vie de la jeunesse arabe d'aujourd'hui. Influencée par les médias occidentaux, cette génération est aujourd'hui perdue entre le « modernisme » (ce qu'ils regardent sur leurs petits écrans) et leurs traditions et coutumes. Leurs origines et leurs racines sont parfois occultées, car les parents se désengagent. Nos médias, écoles et gouvernements ont donc un rôle important à jouer pour éviter l'anéantissement de l'identité arabo-musulmane chez nos jeunes.
Rym Héni, Tunisie « Les TIC, grand espoir pour la jeunesse arabe » « Aujourd'hui, il y a une réelle motivation de la jeunesse arabe pour se servir des technologies comme une voie d'émancipation et d'ouverture économique. A titre d'exemple, la toile a permis de tisser des liens à travers le monde, de rapprocher les peuples et de nous permettre enfin de parler de monde arabe numérique. Mais il faut toujours veiller à conseiller nos jeunes quant au bon usage des nouvelles technologies de communication ».
Hakim Bekkai, Algérie « Les médias deviennent des éducateurs en matière de comportements privés» « Depuis les années 90, la multiplication des chaînes de télévision par le satellite et l'essor d'Internet ont modifié le rapport de nombreuses populations à l'information et transformé le paysage médiatique, dans la mesure où ils introduisent d'autres modèles de communication. Ces médias deviennent d'une certaine façon des éducateurs en matière de comportements privés et sont susceptibles de modifier les relations entre les citoyens et les gouvernements. Mais la question est : comment développer un contenu médiatique riche et varié qui sort en harmonie avec la méthode et la façon de pensée de la nouvelle génération ».
Wahib Alwahibi, Arabie Saoudite « Développer une information en symbiose avec les attentes des jeunes » Je crois que les jeunes dans le monde arabe ont besoin aujourd'hui d'une information en symbiose avec leurs attentes, leurs causes et leurs ambitions. Alors, il faut chercher les moyens de développer des canaux d'information à destination de la jeunesse arabe, tout en diffusant une information qui prévienne nos jeunes des dangers de la mondialisation culturelle.
Wafa Abdelhamid, Ligue des Etats Arabes (Egypte) Les gouvernements arabes sont appelés à appréhender le développement des politiques publiques de jeunesse, de prendre en compte les Technologies de l'information et de la communication dans l'évolution des usages des jeunes des pratiques professionnelles, d'analyser les méthodologies d'intervention en s'appuyant notamment sur la diversité des lieux d'intervention des participants présents et enfin de réfléchir aux enjeux d'une politique de la jeunesse tout en s'appuyant sur le développement d'espaces centrés sur l'information visant notamment à favoriser l'autonomie des jeunes.