L'épouse, accusée dans cette affaire, du meurtre de son mari, a pourtant, toujours été soucieuse du bonheur de sa petite famille, et trimait dur pour subvenir aux besoins de ses enfants en bas âge , ainsi qu'à ceux de son époux qui n'avait pas d'emploi fixe. Ce dernier cependant, souffrait au fond de lui même, bien qu'il lui fût reconnaissant en faisant de son mieux pour l'aider, ne serait-ce qu'en participant à l'éducation des enfants. Il avait fini par trouver un emploi, et toute la famille s'en était réjouie, à commencer par la jeune épouse qui pouvait désormais, pensa-t-elle, compter sur un revenu supplémentaire pour arrondir des fins de mois difficiles, et ce malgré la modicité du salaire alloué à son époux. Aussi demanda-t-elle à ce dernier, quelque temps plus tard, la somme de cent dinars à titre de contribution aux frais du ménage. Mais que ne fut pas sa surprise, devant le refus net de son époux qui se montra cupide, en lui disant qu'il avait besoin d'argent pour se renflouer lui-même, et subvenir à ses propres besoins. Les multiples scènes de ménage qui éclatèrent entre le couple, n'étaient pas de nature à changer d'un Iota la position du mari. La jeune épouse se sentit pour cette raison, vexée, voire humiliée, elle qui avait tant trimé, pour ne laisser son mari ne manquer de rien, du temps où il était sans travail, ni aucune ressource. Elle lui en voulait de plus en plus et ne pouvait plus souffrir sa présence. Le jour des faits, et à la suite d'une nouvelle scène de ménage, elle fut prise d'une telle colère, qu'elle le rejoignit dans la rue, lorsqu'il quitta la maison, en se saisissant d'un couteau de cuisine. Continuant son chemin, il ne s'aperçut pas de sa présence et s'engagea dans une ruelle presque déserte. L'épouse le surprit à ce moment propice pour lui porter avec ce couteau un coup en plein cœur. Suite à quoi, elle prit la fuite, alors que son mari succomba à sa blessure peu de temps après. Mais elle fut arrêtée peu de temps après par les agents de la brigade criminelle, qui l'appréhendèrent alors qu'elle ne s'était pas encore débarrassée de l'arme du crime. Elle ne pouvait que reconnaître son forfait, et elle fut inculpée d'homicide volontaire. Devant le juge d'instruction, elle déclara qu'elle avait agi sous l'emprise de la colère, et qu'elle n'avait pas l'intention de tuer. Elle réitéra ses déclarations devant le tribunal de première instance de Grombalia, qui renvoya l'affaire à une date ultérieure, à la demande de l'avocat de la partie civile.