Qu'elles sont nombreuses nos chaînes arabes sur les satellites actuellement disponibles ! On en capte désormais par centaines. Celles qui programment des chansons et des clips à longueur de journée se multiplient à un rythme effréné. Les autres passent des films 24 heures sur 24, ou bien des émissions religieuses, des feuilletons, de l'information continue, des jeux et des concours, des téléréalité shows, du sport, des débats oiseux sur de faux problèmes et beaucoup, beaucoup de bavardage pour rien. A tel point qu'on voudrait parfois revenir aux temps où les paraboles et les récepteurs n'existaient pas encore. Mis à part quelques chaînes codées sur lesquelles il reste encore beaucoup à dire et à redire, les autres télévisions arabes tournent en rond et se complaisent dans le mauvais plagiat et les reprises harassantes.
Reprises de reprises ! Lorsque vous zappez en quête d'un bon film, vous ne tombez que sur un long-métrage que chacune desdites chaînes a passé au moins trois fois. Certaines productions reviennent plus de cinq fois par an sur les canaux spécialisés. Si ce n'est pas une langoureuse histoire d'amour avec Abdelhalim Hafedh, c'est une médiocre comédie musicale interprétée par Farid el Atrache ou Mohamed Faouzi, sinon c'est un drame de l'âge du cinéma muet. Nous avons grâce à ces rediffusions (des rediffusions) appris par cœur les dialogues de dizaines de films, nous sommes devenus capables de réciter des centaines de répliques d'Abdessalem Nabolsi et d'Ismail Yassine. On a fait de nous la mémoire vivante, la cinémathèque des navets des années 30, 40, 50,60 et 70. Sur d'autres chaînes, on se fait un peu plus à la page en programmant les films soi-disant récents et dont plus personne ne veut en réalité. Il arrive aussi que deux ou trois chaînes passent la même œuvre simultanément ou à quelques heures d'intervalle.
On connaît la chanson ! Idem pour les chansons et les clips : 7 jours sur 7, on vous écorche les oreilles avec des airs sans saveur que chantent les mêmes vedettes, ou que reprennent les nouvelles générations de répétiteurs à succès. Les studios de tournage des clips vous donnent l'air parfois de s'être mis d'accord pour filmer les mêmes paysages aux mêmes heures avec pourquoi pas les mêmes acteurs et les mêmes figurants. Ici, c'est un train qui part et que poursuit, à pied dans une course désespérée, le chanteur libanais, puis le Syrien, ensuite l'Egyptien ! Là, c'est une errance en plein désert avec des héroïnes maghrébines ou natives des pays du Golfe. Partout, les artistes chantent quasiment les mêmes paroles, leurs amours déçues et leurs unions brisées. Pour exprimer des instants de bonheur, chose rare, ils empruntent là aussi les mêmes métaphores et accomplissent les mêmes gestes devenus ridicules à force de répétition.
Arnaque sous différents noms Sur les chaînes religieuses, on en est encore à dispenser encore et avec une rare prodigalité les leçons morales et à caricaturer l'idéal islamique chacun selon la mouvance à laquelle il appartient ou le «lobby» qui finance son émission. Quand il s'agit de canal pour jeux et concours, l'arnaque est désormais systématique. On vous pose des questions pour bourricots et l'on vous promet en cas de «bonne» réponse des cagnottes faramineuses. Vous avez beau avoir répondu juste, on vous fera perdre tout votre solde téléphonique et celui de votre épouse et de vos enfants sans que personne ne vous remette le moindre sou, ni ne vous signe le moindre chèque !
Censure maquillée Venons-en aux chaînes d'information : elles diffusent des nouvelles, c'est vrai ! Reste à savoir lesquelles ! Ce sont la plupart du temps des propriétés de personnalités influentes financièrement et / ou politiquement. Elles distillent les informations autorisées par ces derniers ou qui ne menacent pas leurs intérêts immédiats ou futurs. Sur ces chaînes, tous les animateurs clament leur indépendance et leur neutralité, tout en trahissant plus d'une fois par émission l'allégeance à tel ou tel dirigeant ou chef de parti. Ils ne couvrent pas tous les événements et quand ils commentent l'actualité, ils débitent des idioties ou orientent le commentaire dans le sens qui ne déplaît pas à leurs employeurs, ni ne nuit à leurs affaires ! Les observateurs qu'ils invitent sont sélectionnés en fonction des mêmes critères et si par malheur, un intrus passe par les mailles de la censure, on saura le priver de parole ou dénigrer ses arguments !
Attendre le printemps Pour ce qui est des compétitions sportives transmises sur les chaînes non câblées, elles n'ont que très rarement de l'intérêt et même sur le terrain où elles se déroulent peu de monde les suit. Une anonyme rencontre de basket par-ci, un match de foot sans importance par-là, une vieille partie de hand-ball ensuite, sinon des débats qui n'avancent à rien et qui reviennent chaque semaine sur les mêmes travers et constatent les mêmes insuffisances. De temps en temps, on retransmet un événement international digne d'intérêt, mais c'est comme l'hirondelle qui ne fait pas le printemps !