La difficile victoire obtenue devant le Kenya avait suscité des interrogations. Après la défaite (et l'élimination) face au Mozambique, le débat sur la valeur de la sélection est relancé. D'autant que la CAN approche... L'équipe de Tunisie a disputé six matches au cours du 3ème et dernier tour éliminatoire CAN/Mondial 2010. Quels enseignements peut-on en tirer ? Que sur les 540 minutes jouées, les protégés de Coelho n'ont réussi que quarante cinq minutes, celles de la première période du match d'Abuja. Un doute semblait hanter les joueurs. Cela saute aux yeux. Les Rouges doutent de leurs capacités à s'imposer face à leurs adversaires. Comme leur idée directrice est d'être vigilants, solides derrière, ne pas prendre de but, ils finissent par se replier sur eux-mêmes, se laisser dominer. Et l'avant le plus en pointe - le plus souvent esseulé- porte presqu'à lui seul les espoirs offensifs. C'est sans doute trop pour un seul joueur. Quel que soit son nom... Durant le stage de Djerba, Coelho avait déclaré que l'équipe " se lâchera " sur le plan offensif. Mais, à aucun moment du match contre le Mozambique, on a eu l'impression que cette équipe jouait pour la gagne, voulait la victoire, elle n'a jamais été en mesure de trouver la faille, de mettre l'adversaire en danger. En un an, Coelho n'a jamais su trouver de ligne directrice, la bonne formule. En un an, les Rouges n'ont jamais réussi une rencontre pleine, un match référence qui les aurait rassurés, sur lequel ils pourraient aujourd'hui s'appuyer. Ils avaient une défense de fer ? Ils encaissent ce but qui ruine leurs illusions. Et celles des millions de leurs fans. Il faudra - Coelho parle de bonne préparation pour la CAN- à l'avenir ne plus avoir de complexe, laisser la prudence de côté et apprendre à aller de l'avant. On doit repartir pour la CAN pour un jeu plus en mouvement, en donnant leurs chances aux créateurs, aux joueurs de caractère, des garçon comme Darragi et Dhaouadhi doivent commencer à bouillir sur le banc.Coelho sait sans doute que, quel que soit le système, l'important ce sont les valeurs individuelles et la mentalité du groupe.
Peut-on encore croire en eux ? Comment peut-on imaginer l'équipe de Tunisie se qualifier pour la Coupe du monde quand elle souffre devant une formation kenyane très limitée avant de se faire battre par une sélection mozambicaine, certes, bonne techniquement mais qui n'a jamais figuré dans les 20 premières places sur le plan continental. Les Rouges avaient pourtant l'opportunité de se transcender à l'annonce de l'ouverture du score à Nairobi... Sur le vu des deux derniers matches, les satisfactions individuelles ont été rares. Au-delà du rendement sur le terrain, l'absence d'une réaction d'orgueil collective et d'un pouvoir fort est troublante. Cela fait trois ans et quelques mois que Zied Jaziri et Radhi Jaidi ont quitté l'équipe de Tunisie ; cela fait des mois que leur succession s'est éparpillée. Le pouvoir en équipe de Tunisie est aujourd'hui partagé entre trois ou quatre joueurs, avec des zones d'influence différentes. Mais, peut-il s'exercer efficacement en étant aussi dilué ? On en doute, d'autant que samedi, le seul patron, le seul révolté s'appelait Aymen Mathlouthi.
Coelho n'aime pas les fortes personnalités Dans les sports collectifs, le coaching est l'une des facettes les plus importantes de la fonction d'entraîneur. Cela ne nécessite pas forcément un remplacement de joueur. Le coaching peut consister dans le passage d'un système de jeu à un autre, ou dans la transformation des missions préétablies avant la rencontre. Le but recherché est de perturber l'adversaire ou de répondre à une manœuvre adverse, voire de " secouer " ses joueurs. Samedi, Coelho s'était montré impuissant à secouer ses joueurs de leur léthargie ou à faire le bon choix.
L'éviction de Alaeddine Yahia, Lassaâd Nouioui et la non titularisation d'entrée d'Oussama Darragi, en disait long sur la fracture qui sépare le sélectionneur de certains nouveaux. Coelho a su fédérer les joueurs qui lui doivent tout. Dans le même temps, il a écarté les fortes personnalités (Alaeddine Yahia, Saber Ben Frej), les leaders de vestiaires qui font tant défaut. Coelho, en " ignorant " l'un des meilleurs défenseurs évoluant en championnat de France, nous rappelle un peu Lemerre qui ne voulait pas de Zied Jaziri... Je me souviendrai longtemps de la remarque d'un confrère marocain : " Vous nous avez refilé Roger Lemerre, on vous a refilé Humberto Coelho...