Inclusion financière de la femme : l'Etat préfère donner la parole aux hommes    Consulat tunisien à Benghazi : ouverture officielle !    Tech Day Kia PV5 : la technologie au service d'une mobilité sans limites    BIGTECH Africa Expo 2025 : le grand salon de la technologie et de l'IA en Afrique de retour    Remboursements abusifs : quand des vacanciers transforment leurs séjours en arnaques    Succession dans le camp MAGA : Trump adoube JD Vance pour 2028    Investissements agricoles responsables : la FAO forme les encadrants pour mieux accompagner les agri-entrepreneurs    Hiroshima : 80 ans après, un souvenir à jamais gravé    Ahmed Jaouadi, l'or dans les bras, l'ingratitude sur le dos    Donneurs par défaut, refus familial, loi de 1991 : les paradoxes du système tunisien de greffe    10ème édition du Festival Maraya El Founoun : un anniversaire sous le signe de l'art et de l'échange    « Koum Tara » à la 59eme édition du Festival International de Hammamet    Décès : Nedra LABASSI    El Haouaria: les recherches s'intensifient pour retrouver un plongeur disparu    Des feux de forêt ravagent la France et l'Espagne et causent un mort et plusieurs blessés    Sami Tahri réagit aux attaques du député Youssef Tarchoun    À la recherche d'un emploi ? L'ANETI est désormais entièrement en ligne    Création d'un consulat de Tunisie à Benghazi en Libye    Snit et Sprols: vente par facilités et location-vente    Karim Nebli revient sur une plainte pour viol déposée par une touriste britannique à Sousse    A l'occasion du Mondial féminin : une délégation tunisienne au Royaume-Uni pour la promotion du rugby féminin    Tawasol Group Holding annonce un exercice 2023 dans le rouge    Création d'un consulat général de Tunisie à Benghazi    Moins d'inflation, mais des prix toujours en hausse !    Météo : des températures jusqu'à 37 °C dans le sud !    Kaïs Saïed, Ahmed Jaouadi, mosquée Zitouna…Les 5 infos de la journée    Tennis de table – Championnats d'Afrique (U19) : Wassim Essid médaillé d'or    Vague d'indignation après le retour ignoré d'Ahmed Jaouadi    Pharmacie, pétrole, douanes : l'Inde et la Suisse dans le viseur de Trump    Le Comité National Olympique accueille avec fierté Jaouadi    Reconnaissance de la Palestine: l'Italie pose ses conditions    Ahmed Jaouadi rentre à Tunis sans accueil officiel    Orchestre du Bal de l'Opéra de Vienne au Festival d'El Jem 2025 : hommage magique pour les 200 ans de Strauss    Hajj 2026 : Une nouvelle aventure tunisienne au cœur de la Mecque    Le Théâtre National Tunisien ouvre un appel à candidatures pour la 12e promotion de l'Ecole de l'Acteur    Données personnelles, IA, caméras : ce que changerait la proposition de loi déposée au Parlement    Patrimoine arabe : la Mosquée Zitouna parmi les sites retenus par l'ALECSO    Météo en Tunisie : ciel clair, températures entre 29 et 34 degrés    Des ministères plus réactifs que d'autres à la communication du président de la République    Un séisme de magnitude 5,7 secoue le sud de l'Iran    Place Garibaldi et rue Victor Hugo : Sousse repense son centre-ville avec le projet Femmedina    Ahmed Jaouadi champion du monde à nouveau à Singapour dans la catégorie 1500 m NL (vidéo)    La Nuit des Chefs au Festival Carthage 2025 : la magie de la musique classique a fait vibrer les cœurs    Fierté tunisienne : Jaouadi champion du monde !    Au Tribunal administratif de Tunis    Ces réfugiés espagnols en Tunisie très peu connus    Le Quai d'Orsay parle enfin de «terrorisme israélien»    Mohammed VI appelle à un dialogue franc avec l'Algérie    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Les confusions des langues : Anglicismes impromptus ; arabe francisé et français arabisé
NOTRE EPOQUE
Publié dans Le Temps le 30 - 11 - 2009

Il est de notoriété publique que le niveau des élèves en expression écrite et orale est en baisse que ce soit en arabe ou en français à cause de l'interférence de deux ou trois langues qu'ils apprennent en même temps et qu'ils n'arrivent pas à maîtriser, ou du moins à assimiler ! Dès lors un mélange de codes s'effectue lors de la communication orale ou écrite en classe dans laquelle l'élève mêle les éléments et les règles de deux ou trois langues.
Tel est l'avis de la majorité écrasante des enseignants de langues dans nos établissements scolaires. Un phénomène qui a acquis depuis quelques années droit de cité dans nos écoles et qui donne vraiment à penser.

Bizarreries
L'apprentissage de nouvelles langues à part la langue arabe est une belle chose dans la formation linguistique et culturelle de l'apprenant ce qui lui permet l'ouverture sur d'autres cultures et civilisations de par le monde. C'est ce qui explique d'ailleurs l'introduction dans nos écoles, à côté de la langue arabe, de plusieurs langues étrangères (français, anglais, espagnol, allemand, italien...) qui occupent une place prépondérante dans les Programmes Officiels du Ministère de l'Education et de la Formation. L'introduction de plusieurs langues dans les écoles vise sans doute à promouvoir la diversité linguistique dans notre système éducatif et former le maximum d'individus multilingues. Un élève est appelé à apprendre durant tout son cursus scolaire au moins une deuxième langue étrangère à part la langue française qui demeure encore privilégiée malgré l'existence d'autres langues. Pour certains élèves une troisième langue est optionnelle, surtout pour les candidats au baccalauréat. Ces derniers ont ainsi à choisir, à part le français et l'anglais qui sont obligatoires, une autre langue étrangère (italien, allemand, russe...). Autant dire que les élèves tunisiens sont censés être des polyglottes capables de lire, comprendre, parler et écrire en plusieurs langues ! Pourtant, il parait que c'est peine perdue, puisque la majorité des élèves n'arrivent pas à se concentrer au moins sur une seule langue. Pire encore, il s'est avéré que ce bilinguisme (ou trilinguisme) est en grande partie à l'origine d'une interférence entre deux ou plusieurs langues, à l'oral comme à l'écrit, notamment au niveau de la syntaxe, du lexique et de l'orthographe. Une grande confusion s'empare des esprits des élèves quand il s'agit de s'exprimer lors d'une séance d'oral ou d'écrit dans une langue donnée, surtout qu'ils ont tendance à penser en arabe et puiser leurs idées aussi bien dans l'arabe littéraire que dialectal : « C'est pour cette raison, nous a déclaré un prof de français, qu'on relève des bizarreries de la langue dans les devoirs d'expression écrite. Les élèves se réfèrent à la langue arabe, littéraire ou dialectale pour s'exprimer. Ainsi, le masculin passe pour le féminin et inversement, le verbe est employé avant le sujet, comme en arabe. Parfois même, des expressions ou des structures tout entières sont transcrites ou traduites littéralement de l'arabe ! Des mots français sont même écrits comme en anglais : exercise au lieu de exercice, ou lesson au lieu de leçon et la liste est longue ! Ces erreurs sont dues essentiellement à cet embrouillement vécu par la majorité des élèves, tiraillés entre deux ou plusieurs langues dont ils confondent souvent les règles et les spécificités ! ».

Amalgames
Pourquoi donc cet imbroglio qui fait que les apprenants (même au niveau secondaire !) s'embourbent dès qu'on leur demande de s'exprimer oralement ou par écrit sur un sujet déterminé dans une langue donnée : leurs productions orales ou écrites sont souvent un amalgame de deux ou de trois langues : « il est très fréquent de rencontrer dans les copies des élèves des mots arabes transcrits en français, nous a confié une prof de langue française, ou mis entre parenthèses parce que l'élève ignore tout simplement son équivalent en français ! Ajoutez à cela que la dernière mode consiste à introduire des mots employés dans les SMS échangés via le téléphone portable ou Internet qui sont de plus en plus répandus dans les productions des élèves et qui contribuent à cette confusion linguistique vécue par la majorité des apprenants ! Là-dessus, tous les collègues de langues se plaignent de ce nouveau procédé que les élèves trouvent plus facile à employer ! C'est très dangereux pour le niveau linguistique des élèves et peut-être pour la langue elle-même ! » Cette confusion se manifeste aussi dans les cours de langue arabe, censée être plus facile pour les élèves, étant donné qu'elle est enseignée dès la première année primaire et même avant les classes préparatoires. Les enseignants de la langue arabe se plaignent eux-mêmes de l'interférence entre la langue littéraire enseignée et les différents dialectes parlés. Une prof d'arabe nous a affirmé à ce propos : « Que de mots et d'expressions du registre populaire ou familier rencontrés dans les copies des élèves ! Parfois des phrases entières appartenant au dialecte tunisien sont utilisées par les élèves qui trouvent des difficultés à s'exprimer en arabe classique ! Ce sont là des choses qu'on ne saurait pardonner, car l'élève apprend l'arabe dès le premier jour de sa scolarité ! C'est sans doute l'effet du bilinguisme qui est à l'origine de cette confusion puisque l'élève se trouve en fait tiraillé entre deux langues arabes : l'arabe classique enseignée à l'école et l'arabe dialectal appris en famille et en société qui, lui, est un mélange de plusieurs langues ! Il est donc normal que l'élève soit embrouillé ! Je ne justifie pas l'élève, mais cette interférence entre les langues est un fait chez nos élèves ! »

Apprentissage pas assez précoce
Cette interférence entre les différentes langues apprises par l'élève est elle la conséquence du fait que l'apprentissage des langues étrangères n'est pas assez précoce chez nous ? A part le français qui est commencé dès la 3ème année de base, l'anglais est entamé en 6ème année, l'apprentissage des autres langues (espagnol, italien, allemand...) ne commence qu'en 1ère année secondaire alors que l'élève est âgé de 16 ou 17 ans. Or, les linguistes et les pédagogues ont montré qu'une éducation bilingue précoce est la seule voie d'une formation privilégiée. Gilbert Dalgalian, un pédagogue français, a écrit dans son livre « Enfances plurilingues » paru en 2000 que « L'affaire se joue entre zéro et sept ans, autrement dit à l'âge du langage, à l'âge où - au-delà du système de la langue maternelle - l'enfant construit une faculté inscrite dans ses neurones et qui va lui permettre de se socialiser, ou, si l'on préfère, d'automatiser dans des aires précises du cerveau la phonologie, les formes lexicales et la morphosyntaxe d'une ou de plusieurs langues. On pourrait dire dans un raccourci que le langage s'acquiert via une fréquentation active d'un environnement linguistique (familial au départ) par les neurones de l'enfant entre zéro et sept ans. Cette acquisition du langage, à l'âge du langage, se fait aussi aisément en deux langues ou même trois, qu'en une seule langue. » Ajoutons de notre part, qu'une langue n'est pas seulement à apprendre à l'école ou dans les livres, elle est à vivre dans la société, ce que les linguistes appellent le bain linguistique. L'apprenant doit savoir que chaque langue est exigeante, singulière et globale et a ses propres subtilités. Il faut donc réunir les conditions les plus favorables possibles pour son apprentissage, ce qu'on ne fait jamais assez ! L'acquisition efficace d'autres langues à côté de la langue maternelle ou nationale n'est pas exclue, elle est au contraire de plus en plus souhaitée actuellement, et elle peut prémunir contre toute interférence due au bilinguisme ou au multilinguisme chez nos élèves une fois parvenus à bien assimiler et maîtriser chacune des langues apprises !


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.