On célèbre aujourd'hui, 3 Décembre, la Journée Internationale des Handicapés. Ces derniers jouissent sous nos cieux d'une grande sollicitude de la part de leurs familles ou auprès des institutions chargées de leur venir en aide. Leur intégration professionnelle et sociale constitue l'un des soucis majeurs des autorités tunisiennes. Il reste certes encore du chemin pour aplanir toutes les difficultés qu'ils rencontrent, mais les efforts consentis dans ce sens jusqu'à l'heure sont très encourageants. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous déplorons certaines scènes de plus en plus répandues dans nos cités et qui ne font honneur ni aux handicapés eux-mêmes ni aux personnes valides. Prétexter de sa tare physique pour ne rien faire d'autre que de tendre la main dans la rue ou dans les moyens de transport public relève d'une forme regrettable d'opportunisme. Certains handicapés arborent comme des badges d'un genre particulier leurs cartes d'invalidité tout en faisant la manche. D'autres se font accompagner d'un « guide » qui quémande à leur place l'aumône des passants et des passagers de train ou de métro. Les uns et les autres rivalisent d'imagination et de créativité pour improviser les formules et le ton les plus attendrissants pour apitoyer sur leur sort le plus de monde possible. On comprend que les âmes sensibles ne peuvent rester indifférentes et qu'elles soient d'autant plus généreuses que le mendiant accuse un handicap physique ou mental. Mais cette forme de charité isolée n'est pas la solution adéquate pour lutter contre la marginalisation des personnes invalides. D'autre part, la mendicité est un acte répréhensible qu'il ne faut encourager sous aucun prétexte. Il vaut mieux, à la place, aider régulièrement et conséquemment les organisations et les associations dont relèvent les handicapés ; l'idéal serait aussi d'en faire partie et d'agir efficacement pour l'insertion de ces citoyens à part entière dans la vie sociale et professionnelle. Le Tunisien, même de condition modeste, doit s'impliquer de toutes les manières possibles dans ce noble combat humanitaire dont la charge n'incombe pas qu'à l'Etat. Les entreprises économiques sont appelées à soutenir assidûment les institutions publiques ou privées qui s'occupent des handicapés. L'aide à apporter n'est pas forcément financière, ni obligatoirement directe : un don d'équipements spécifiques, la prise en charge des soins ou des études d'un enfant malformé, la création d'un centre professionnel pour personnes handicapées, le financement de petits projets commerciaux en faveur de cette population amoindrie, la collecte de fonds, l'organisation de manifestations bénévoles, le parrainage de campagnes de sensibilisation et de prévention dans les médias, tous ces gestes et bien d'autres sont toujours les bienvenus. Parce que voir un seul handicapé mendier devrait en principe nous faire rougir de honte. Parce que les vrais handicapés, dans ce cas, seraient tous ceux qui s'accommodent de ce spectacle indigne !