- L'éolien, le solaire et même le gaz naturel sont des sources d'énergie aussi bien économiques qu'écologiques. La Tunisie a entamé le virage vert depuis déjà quelques années. L'économie d'énergie est devenue une réelle préoccupation autant pour les industriels, les hôteliers que les citoyens. Les premiers projets "écolos " implantés au pays commencent d'ailleurs à porter leurs fruits. Les résultats sont concluants, mais les coûts sont encore exorbitants.
Energie éolienne : écologique et dispendieuse Il suffit de faire un petit tour du côté du Cap-Bon pour réaliser que la Tunisie est en train de se démarquer dans le développement des énergies renouvelables. Le pays a tout ce qu'il faut pour être innovateur : du vent et du soleil. Depuis 2000, une première centrale d'une quarantaine d'éoliennes a justement été implantée sur les côtes de Sidi Daoud, dans le nord du pays. De grands poteaux à trois palmes balaient maintenant le vent pour générer de l'électricité. " D'ici la fin de l'année, le potentiel énergétique de la centrale devrait être de 55 mégawatts (MW). Il reste encore à implanter 26 éoliennes pour compléter la troisième et dernière phase des travaux ", explique le chef de la centrale, Mansour Belhaj. " La centrale ne produit pour l'instant que 0, 4% de la production annuelle de la STEG ", ajoute-t-il. Quoi qu'il en soit, l'énergie éolienne est l'une des voies de l'avenir. Les environnementalistes des quatre coins de la planète vantent continuellement ses vertus. Le vent est évidemment beaucoup moins polluant que le charbon, le nucléaire et même l'hydroélectricité. La centrale éolienne de Sidi Daoud permet, entre autres, d'éviter de produire 113 000 tonnes de gaz carbonique (CO2) ce qui équivaut à l'émission annuelle de 25 000 automobiles ! La STEG compte même développer trois autres nouvelles centrales dans le nord du pays pour produire jusqu'à 176 mégawatts, d'ici 2009. Mais l'énergie éolienne ne pourra jamais complètement remplacer l'énergie du gaz naturel ou du pétrole. La raison est simple : le coût d'investissement est encore deux fois plus élevé par rapport aux moyens de production conventionnelle. Cette énergie doit donc être considérée comme un bon complément.
Energie solaire : accessible et inconstante Le même problème se pose pour le développement de l'énergie solaire. L'installation de capteurs solaires demande des centaines de milliers de dollars d'investissement. L'Agence nationale de la maîtrise de l'énergie (ANME) subventionne à 35% les entreprises qui souhaitent s'en procurer. Grâce à son programme, des hôtels, des centres sportifs, des cliniques ou encore des hammams se chauffent désormais à l'énergie solaire. " Depuis qu'on a installé nos capteurs solaires en 2002, les études ont démontré qu'on avait fait des économies de l'ordre de 70% sur le gaz naturel ", raconte Sammoud Bessam, l'assistant directeur de maintenance de l'hôtel Phenicia. " Les capteurs permettent aussi de fournir presque à 100% l'eau chaude sanitaire pendant l'été ", précise-t-il. Encore là, l'énergie solaire ne peut pas être utilisée comme seul moyen de production énergétique. Les capteurs solaires ne fournissent généralement que 45% des besoins en eau chaude d'un grand hôtel pendant les mois d'hiver. De plus, ces capteurs ne sont pas infaillibles. Ils sont soumis aux affres du vent et des orages. Ils demandent un entretien constant et sont garantis à peine une dizaine d'années. En général, il faut aussi compter de 7 à 8 ans pour avoir un retour sur l'investissement.
Plan énergétique : efficace et plutôt rentable Les entreprises tunisiennes peuvent tout de même être plus " vertes " si elles s'en donnent la peine. Que ce soit dans l'industrie agroalimentaire, pétrolière ou de construction, 75 entreprises tunisiennes ont justement décidé d'améliorer leur rendement énergétique, en 2006. Avec le programme de maîtrise de l'énergie de l'ANME, elles ont pu bénéficier d'une aide financière pour réaliser un plan d'action en matière d'efficacité énergétique. " A la suite de notre plan, on a pu récupérer la vapeur perdue par la production de notre usine pour la réutiliser pour le chauffage ", mentionne Mahmoud Marrouk, le directeur technique de Jadida. " C'est vrai qu'au début, on a dû investir environ 300 000 dinars pour améliorer l'isolation thermique, le rendement de la production et la gestion de l'énergie, mais on a déjà pu faire un gain de 100 000 dinars ", poursuit-il. " Notre plan nous a permis de faire des changements dans l'usine pour récupérer l'air chaud du four, alimenter le séchoir et pour faire démarrer progressivement les moteurs ", a pour sa part expliqué Hédi Makdi, le directeur général de la Briqueterie du Centre Menzel Hayet. Quand on sait que la consommation énergétique représente entre 30 et 40% de son budget, chaque changement est donc important pour maximiser la production. C'est pourquoi, l'entreprise s'est aussi engagée dans le programme de substitution au gaz naturel.
La thermo-pierre : isolante et importée En fait, le gaz naturel demeure tout indiqué pour chauffer les établissements en Tunisie. La ressource est accessible et n'est pas polluante. Il reste donc à améliorer la qualité des matériaux pour permettre une meilleure isolation à la fois des maisons et des entreprises. " À mon avis, la thermo-pierre peut amener de grand changement dans la construction des bâtiments en Tunisie ", indique Bob Alphonse, le chef de chantier d'un nouveau complexe d'appartement. " Cette pierre est le meilleur isolant thermique. Elle est légère, se coupe avec précision et n'est pas inflammable ", continue-t-il. Le seul problème et non le moindre, c'est que la thermo-pierre n'est pas encore fabriquée au pays. Les concepteurs immobiliers doivent ainsi l'importer de la Turquie. Conséquence : les coûts de construction sont très élevés et les consommateurs seront les premiers à payer le prix. Pour vous donner une idée, les futurs appartements de luxe se vendront à au moins 1 600 dinars le mètre carré. Ce n'est donc qu'à long terme que les économies se feront ressentir. La thermo-pierre pourrait permettre de diminuer d'environ 35% la facture annuelle d'électricité.