Le phénomène de l'exode vers les villes n'est pas nouveau. Depuis l'Antiquité la Cité a toujours eu un attrait magique. Du temps des Grecs on la désignait par le mot "Polis" devenu cité puis Etat. Aristote la bénissait comme un don de Dieu parce qu'elle permet la vie paisible des individus et des groupes... la vie sociale ! Toutes les activités humaines, les échanges, l'économie, la culture sont intégrées. Elle abrite les centres nerveux des décisions administratives et du développement. La politique est elle même un phénomène essentiellement urbain. Le contrôle des villes est devenu une technique de stabilisation des Etats et la première norme de sécurité ! Mais avec le développement démographique la terre surpeuplée souffre d'un exode de plus en plus agressif et étouffant. La pression est telle sur les terrains agricoles environnant les villes, qu'on a l'impression d'avoir affaire à un Léviathan monstrueux dont l'appétit n'a pas de fin, l'ennemi juré de l'espace vert ! Notre pays n'échappe pas à cette ruée universelle vers le béton ! Où sont les orangeraies de Hammamet et la terre noire de La Manouba... où sont les champs fleuris des banlieues nord... où sont les vergers des notables sfaxiens ? Nous sommes devant un phénomène presque irréversible qui nécessite un véritable audit sur l'urbanisation galopante. La création du ministère de l'Environnement a été à mon avis une percée majeure dans l'harmonisation et la conciliation des espaces. Le programme des "villes jardins" est très méritoire aussi, il faut l'encourager et se mobiliser pour sa réussite. L'apport généreux des associations écologiques et des bénévoles est aussi à encourager en leur fournissant les moyens adéquants pour réfléchir, concevoir, et agir. Ce qui est remarquable c'est de voir les quelques parcours de santé disponibles assaillis par les "jogger", Marcheurs, et sportifs de tous âges. Celui de la cité olympique vit même un état de saturation évident, d'autant plus que les parkings et l'asphalte qui l'entourent, réduisent de façon considérable sa fonction d'oxygénation. Alors que faire... Surtout ne pas démissionner devant le tumulte envahissant des engins motorisés et gros pollueurs... développer chaque espace disponible encore à vocation verte. Même les petites réalisations à l'image du mini-parcours d'El Manar 1 ne sont pas à négliger. Les Mairies, les compagnies foncières, publiques et privées devraient s'atteler à faire l'inventaire de tout ce qui peut être à l'origine d'un espace vert ou d'un parcours de santé, ou même d'un cassé de jardin. Ça ne peut que donner de la plus value à leurs projets et aérer la ville. Aristote en 322 avant Jésus Christ l'a compris en faisant une différence primordiale entre "l'Habitant" et le "Citoyen". L'Habitant est passager alors que le citoyen est propriétaire... il s'approprie la ville en veillant à son esthétique et en préservant sa vocation première celle de la bonne vie ! La cité "Al Madina El Fadhila" ne peut être que par la diffusion d'une culture de civilité et de respect de la nature à tous les niveaux... Pressons-nous !