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« Pour une formation adéquate aux besoins »
Corps de métiers : M. Kamel Ayadi, ex président et président d'honneur de la Fédération Mondiale des Organisations d'Ingénieurs (FMOI)
Publié dans Le Temps le 29 - 01 - 2010

« L'ingénieur Tunisien et les défis du développement » a été le thème d'une table ronde organisée par le Conseil de l'Ordre des Ingénieurs Tunisiens et l'Association des Tunisiens diplômés des universités Allemandes qui s'est tenue le 15 janvier à la Cité des Sciences de Tunis.
A cette occasion nous avons invité M. Kamel Ayadi, ex président et président d'honneur de la Fédération Mondiale des Organisations d'Ingénieurs (FMOI) qui a participé à cette table ronde. Il nous parle ici du rôle de l'ingénieur dans le développement de la situation de la formation de l'ingénieur aujourd'hui, des caractéristiques du métier de l'ingénieur et d'autres questions concernant l'avenir de la profession. Interview.
Le Temps : Quelle est la situation de la formation des ingénieurs aujourd'hui ?
Kamel AYADI : La formation des ingénieurs en Tunisie est plus que jamais à l'ordre du jour. Le choix de son Excellence, Zine El Abidine Ben Ali, Président de la République Tunisienne, dans son programme électoral de doubler le nombre des ingénieurs diplômés à l'horizon 2014, a placé le thème de l'ingénierie aux devants de l'actualité. De même que les réformes engagées par le gouvernement pendant les deux dernières années, dont en particulier la diversification des filières d'accès aux études d'ingénieurs et la promulgation de la nouvelle loi sur l'enseignement supérieur qui a introduit des nouveautés orientées particulièrement aux établissements de formation des ingénieurs, telles que les notions d'accréditation, de qualité et d'autonomie, qui préfigurent d'autres réformes des études d'ingénieurs.
Mais le contexte de l'exercice du métier d'ingénieur est en perpétuel changement. Comment va-t-il évoluer en Tunisie ?
Le contexte de l'exercice du métier est en effet, en perpétuel changement. Chaque changement apporte de nouveaux défis, mais aussi de nouvelles opportunités.
Les ingénieurs sont de plus en plus pris de court par les mutations qui se produisent au niveau économique affectant directement l'exercice du métier et auxquels la formation ne les prépare pas souvent assez. Il faut dire aussi que les établissements de formation sont souvent dépourvus des moyens qui leur permettent d'ajuster de façon permanente la formation aux besoins du marché du travail pour être en phase avec ces mutations rapides.
Ces mutations conduisent souvent à l'émergence de nouvelles exigences au niveau des compétences attendues de l'ingénieur. Parmi leurs conséquences directes, le fait qu'elles rendent et de façon permanente les compétences de l'ingénieur proche de l'obsolescence. D'ailleurs, avec le développement technologique vertigineux, l'augmentation continue du volume du savoir qui double tous les 7 ans et les mutations profondes de l'économie, le spectre de l'obsolescence des compétences et de l'employabilité tout au long de la vie sont devenus une préoccupation majeure des employeurs et des employés à la fois. D'ailleurs dans son livre une brève histoire de l'avenir, Jaques Attali prédit que les employés devront recourir dans le futur à l'assurance de leur employabilité. Bien cette idée pourrait paraître anecdotique pour certains, néanmoins elle comporte une grande part de vérité.
Quelles sont les principales caractéristiques qui marqueront la profession dans le futur ?
Le contexte de l'exercice du métier de l'ingénieur en Tunisie sera marqué dans le futur par un certain nombre de caractéristiques dont je cite en particulier :
-Premièrement, Le changement structurel du marché de l'emploi, caractérisé notamment par l'émergence de nouveaux acteurs pourvoyeurs d'emploi et le recul du secteur public qui fut jusqu'à un temps non lointain le principal employeur.
Avec notamment
- L'implantation en Tunisie de grandes sociétés d'investissement pour la réalisation de grands projets .Ces sociétés ont des modes et des standards différents en matière de gestion des ressources humaines et ont des exigences différentes
- Avec, aussi l'ambition du Gouvernement tunisien, de faire de la capitale Tunis un pôle régional d'attraction, voire même international pour les activités de services de toutes sortes, financiers ou services d'ingénierie TIC et autres .Il y a tout un plan pour faire de Tunis le hub et le siège des grandes multinationales et des banques internationales, en vue d'attirer les grandes entreprises qui chercheraient à délocaliser ou externaliser toute, ou simplement une partie de leurs activités .
- Avec l'orientation de plus en plus marquée des entreprises tunisiennes vers l'exportation et l'exploration de nouveaux marchés à l'international
- Avec la mondialisation, et son corollaire d'ouverture des frontières douanières et l'intégration progressive de l'économie nationale dans l'économie mondiale
Tous ces facteurs favorisent l'émergence d'un nouveau marché de l'emploi des ingénieurs, différent, de par ses exigences et sa nature de celui auquel les diplômés sont naguère habitués, que ce soit dans le secteur public ou même le secteur privé classique.
Il y un peu plus d'une décade, vers la fin des années 90, le nombre des ingénieurs tunisiens, diplômés des écoles et établissements tunisiens avoisinait les 700 diplômés annuellement. Le secteur public, ministères et entreprises publiques absorbait jusqu'à 80 pour cent des diplômés.
Avec l'augmentation du nombre d'ingénieurs diplômés, Nous allons donc assister à deux phénomènes contradictoires qui vont se produire de façon concomitante et qui vont avoir un effet directe sur l'emploi des ingénieurs, à savoir l'augmentation continue et substantielle du nombre des diplômés ingénieurs, d'un côté, et la décroissance de la capacité d'emploi du principal pourvoyeur, en l'occurrence l'Etat .A terme la capacité d'absorption du secteur public se situera entre 2 et 5 pour cent des diplômes, alors qu'elle fut environ 80 pour cent aux débuts des années 90.
Cette transformation annonce l'avènement de la fin de la stabilité de l'emploi, qui ne doit pas être vécue comme fatalité, mais plutôt comme une époque porteuse de nouvelles opportunités.
-La deuxième caractéristique dérive de la première et concernera la mobilité accrue de l'emploi, comme conséquence directe de ces changements, voire même une précarité qui pourrait être source de préoccupation pour les ingénieurs qui ne sauront pas s'adapter à ces changements. Je dois dire que la mobilité est un phénomène très bénéfique, et doit être perçue comme une source d'épanouissement professionnel quand elle est bien prise en charge par la société, mais surtout par les individus eux-mêmes, avec un effort de reconversion continue et d'apprentissage tout au long de la vie. Mais lorsqu' ‘elle est vécue comme une malédiction, comme ça pourrait être le cas pour les esprits sédentaires, la précarité et la mobilité pourraient être destructrices.
-La troisième caractéristique a trait à l'adéquation entre formation et emploi. Au niveau qualitatif on pourrait s'attendre dans les prochaines années à un ajustement dans le sens d'une meilleure adéquation avec, la nouvelle réglementation sur l'enseignement supérieur et les efforts d'accréditation et d'instauration des mécanismes de qualité de la formation. Par contre au niveau quantitatif, que je définirais ici comme étant la convergence des capacités de formation et des besoins des secteurs en ingénieurs, l'inadéquation va vraisemblablement s'accentuer. Il faut dire que, jusque-là il y avait une sorte d'adéquation ou un équilibre naturel au niveau quantitatif qui a perduré tout au long des dernières décennies. Les écoles d'ingénieurs et les filières de formation ont souvent été crées pour répondre à des besoins d'emploi exprimés par les secteurs productifs.
Tandis que, lorsque le nombre des diplômés est multiplié sans que cela corresponde à une augmentation perceptible des besoins des secteurs, nous rentrons dans une logique d'inadéquation où la visibilité des établissements d'enseignement en matière de débouchés pour ses diplômés diminue, et à ce moment là une nouvelle logique de formation et de prise en charge des compétences par les établissements, la société et les individus eux-mêmes doit s'installer.
-La quatrième caractéristique a trait à la diversification des activités de l'ingénierie qui s'est très bien enrichie aux cours des dernières années avec de nombreuses disciplines et qui va s'enrichir encore davantage avec l'émergence de ce qu'on pourrait appeler les fonctions d'interface entre la conception- production et la population .L'image classique de l'ingénieur de production et de conception et de réalisation est en train de changer. De plus en plus d'ingénieurs seront affectés à des activités de management de vente, de marketing, de relation publique, de responsabilité sociale, etc.
- La cinquième caractéristique, comme conséquence directe de ce que je viens de décrire surtout, avec la mobilité et la précarité aura trait aux exigences auxquelles les ingénieurs devront faire face en matière de conservation de leur employabilité à vie. Ceci requiert une formation de base de bonne qualité et une prise en charge par chaque individu de sa propre formation tout au long de la vie.
Plus que jamais, les ingénieurs devront faire preuve de capacité de reconversion pour s'adapter aux besoins du marché , et de pouvoir travailler , voire même exceller, dans des spécialités différentes de leurs disciplines d'origine et à apprendre leur métier sur le tas. C'est sur le tas que les métiers s'apprennent vraiment.
La mobilité ne s'exprime pas uniquement en termes de changement d'emploi d'une entreprise à une autre, mais aussi d'un pays à un autre. Les ingénieurs feront de plus en plus face aux exigences de l'ouverture à l'international en vue d'être à même de saisir les opportunités d'emploi .D'ailleurs la prospection des niches d'emploi dans le marché international figure bel et bien dans la stratégie du gouvernement. Ceci va ajouter d'autres exigences et copliquer davantage la responsabilité des établissements de formation qui devront désormais savoir préparer leurs diplômés au travail à l'international.
-La sixième caractéristique s'exprime en termes de nouvelles attentes des employeurs et de la société en générale vis-à-vis des ingénieurs, surtout en matière de capacité à relever les défis auxquels notre société fait face qui va requérir une bonne qualité de formation de base ainsi que le maintien et le renforcement des compétences acquises tout au long de la vie.
Interview réalisée par Néjib SASSI


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