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« En 2011, nous serons 7000 ingénieurs, soit dix fois ce qu'il était il y a 10 ans ! CORPS DE METIER: Kamel Ayadi, membre de la Chambre des conseillers et président non exécutif de la Fédération mondiale des organisations des ingénieurs (FMOI)
Kamel Ayadi, membre de la Chambre des conseillers et président non exécutif de la Fédération mondiale des organisations des ingénieurs (FMOI) vient d'être désigné président du Conseil international consultatif de l'édition des journées mondiales de la technologie qui se tiendront en 2011 en Suisse. Il sera chargé de la conception de l'orientation et du suivi de l'organisation qui comprendra entre autres des congrès et des forums. Selon le règlement des journées mondiales, c'est au pays hôte de choisir le président du Conseil consultatif parmi les personnalités internationales. Le choix de M.Ayadi est, une fois encore une distinction pour la Tunisie pour les efforts qu'elle déploie dans le domaine des sciences et de la technologie. En cette occasion, nous avons invité M. Ayadi pour nous parler du secteur de la technologie, son développement et ses répercussions au niveau international, de l'exercice du métier d'ingénieur en Tunisie et d'autres questions. Interview.
• Le Temps : Quelle est signification de votre désignation à la tête du Conseil international consultatif ? -Kamel Ayadi : le passage remarqué de la Tunisie à la présidence de la Fédération mondiale des organisations d'ingénieurs (FMOI), lui a valu une continuité et une présence et des responsabilités avancées dans les activités de cette fédération pour les quatre prochaines années. A ce titre et en plus de la présidence du conseil consultatif des journées mondiales de la technologie, j'assurerai la présidence du Conseil consultatif de la semaine mondiale des ingénieurs qui aura lieu en 2010 à Buenos Aires. C'est grâce à l'appui du Président de la République que la Tunisie s'est distingué au niveau international dans le domaine de la science et de la technologie. • Vous êtes actuellement président non exécutif de la FMOI. Quelles sont vos prérogatives ? -Je siège au conseil exécutif de la FMOI jusqu'en 2009 puis j'occuperai le poste de président d'honneur de la fédération. Actuellement je représente la FMOI au même titre que le président exécutif sauf que la direction interne et l'administration sont du ressort de ce dernier. • Responsable au niveau international vous ne trouvez pas que l'innovation technologique est beaucoup plus tirée par les besoins du marché et de la compétition économique que par des considérations humaines et d'intégration sociale ? -Lors des journées mondiales de l'ingénierie et de la technologie qui se sont déroulées dernièrement à Brasilia et auxquelles a participé une délégation d'ingénieurs tunisiens, les débats qui ont eu lieu à cette occasion ont permis aux participants de prendre conscience de la nécessité de repenser leur vision de la question du développement pour une meilleure intégration des dimensions sociale et éthique. Ce faisant les ingénieurs ne font que renouer avec les origines de la profession qui se définit comme étant le processus de transformation des connaissances et du savoir scientifique en applications technologiques et solutions pratiques pour servir l'humanité. Aujourd'hui, le constat montre que le développement technologique profite à une minorité et ne fait qu'approfondir les écarts entre les riches et les pauvres au niveau mondial et entre les catégories sociales au sein d'un même pays. L'accès à la technologie est devenu un facteur primordial d'intégration sociale. Ceux qui en sont privés, par défaut de moyens financiers, ou en raison d'une insuffisance physique ou intellectuelle sont condamnés à la marginalisation et à l'exclusion sociale. Je plaide donc pour un développement technologique qui intègre les besoins spécifiques des différentes catégories sociales. L'outil technologique pourrait être un facteur déterminant d'intégration sociale lorsqu'il est conçu pour répondre à des usages et des besoins spécifiques à des prix accessibles. Le concept d'appropriation technologique par les pays en développement doit l'emporter sur celui du transfert technologique avec comme préalable le renforcement des capacités technologiques à travers une éducation adaptée aux conditions et aux contextes socio-économiques de ces pays. • Comme vous avez occupé le poste de président du Conseil national de l'Ordre des ingénieurs Tunisiens, parlez-nous de l'exercice du métier d'ingénieur en Tunisie. -Le contexte de l'exercice du métier de l'ingénieur en Tunisie a beaucoup changé au cours des deux dernières décades et va être encore davantage dans les prochaines années. Ces changements s'expriment par de nouvelles exigences au niveau des compétences attendues de l'ingénieur. Parmi les conséquences directes de ces changements le fait qu'ils rendent et de façon permanente les compétences de l'ingénieur proche de l'obsolescence. D'ailleurs avec le développement technologique vertigineux, l'augmentation continue du volume du savoir qui double tous les 7 ans, et les mutations profondes de l'économie, le spectre de l'obsolescence des compétences et de l'employabilité tout au long de la vie sont devenus une préoccupation majeure des employeurs et des employés à la fois. D'ailleurs, dans son livre « Une brève histoire de l'avenir », Jacques Attali prédit que les employés devront recourir dans le futur à l'assurance de leur employabilité. Quand bien même cette idée pourrait paraître anecdotique pour certains, néanmoins, elle comporte une grande part de vérité. • Justement, quel sera le contexte de l'exercice du métier d'ingénieur à l'avenir ? -Le contexte sera caractérisé dans le futur par notamment le changement structurel du marché de l'emploi qui verra l'émergence de nouveaux acteurs pourvoyeurs de l'emploi et le recul du secteur public qui fut jusqu'à un temps pas lointain le principal pourvoyeur d'emploi d'ingénieurs. Il y a un peu plus d'une décade, vers la fin des années 90, le nombre des ingénieurs tunisiens diplômés des écoles et établissements tunisiens avoisinaient les 700 diplômés annuellement . Le secteur public, ministères et entreprises publiques absorbait jusqu'à 80% de ces diplômés. Pour le futur proche et compte tenu des projections du ministère de l'Enseignement Supérieur qui entend doubler le nombre des ingénieurs diplômés annuellement, une première fois à l'horizon 2011 et une seconde fois à l'horizon 2014, le nombre d'ingénieurs passera en 2011 à environ 7000 soit dix fois ce qu'il était il y a un peu plus de 10 ans. Interview réalisée par Néjib SASSI -------------------------------------- Repenser la question du développement pour une meilleure intégration des dimensions sociale et éthique. Le constat montre que le développement technologique profite à une minorité et ne fait qu'approfondir l'écart entre riches et pauvres. Le contexte de l'exercice du métier d'ingénieur en Tunisie a beaucoup changé et va l'être encore davantage dans les prochaines années. L'outil technologique pourrait être un facteur déterminant d'intégration sociale. Le concept d'appropriation technologique par les pays en développement doit l'emporter sur celui du transfert technologique.