La réconciliation inter palestinienne est un sujet qui s'est embourbé depuis plus de deux dans d'interminables négociations. Cependant, un important pas vient d'être franchi. L'ex-ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne et actuel membre du Comité central du Fatah, Nabil Chaâth, a entamé une visite surprise, mais à «forte dose» politique, à Gaza. Il a rencontré plusieurs responsables du Hamas et notamment Ismaïl Henia dans un souci de trouver la «parade» face aux exigences du Hamas qui refuse, jusqu'à maintenant, de signer le document proposé par l'intermédiaire égyptien, sur la réconciliation palestinienne. Chaâth a présenté sa démarche comme étant «personnelle» mais il est certain qu'elle avait requis, auparavant, l'aval de Mahmoud Abbas. Il s'agit, en tout cas, d'un pas très courageux et en phase avec les intérêts vitaux du peuple palestiniens. Le Fatah, outre cette démarche, a signé le document égyptien malgré certaines réserves et a enfin «accepté» amèrement son éviction musclée de Gaza par les forces du Hamas. On s'attendait à une réaction positive du mouvement islamiste face à la main tendue du Fatah pour la réconciliation entre les composantes d'un seul peuple qui souffre sous le joug de l'occupation. Malheureusement, les leaders du Hamas sont restés évasifs non sans rappeler «l'importance de la réconciliation» et «l'unité du destin des Palestiniens» mais insistant sur l'avenir de l'après-réconciliation. Une certaine divergence est apparue également entre les réactions des dirigeants du Hamas à Gaza et certains des membres de son bureau politique, en exil à Damas. L'un de ces membres a clairement évoqué le «bien fondé» des réserves du Hamas sur le document de réconciliation ajoutant que les dirigeants du Fatah sont «les bienvenus à Gaza», sauf ceux ayant été «derrière» les affrontements entre les deux mouvements en juin 2007 !. C'est dire que le fossé est encore assez large entre les deux «frères ennemis». La vision qu'ont les deux mouvements sur la nature de la société palestinienne après une éventuelle libération handicape, dans une certaine mesure, des avancées, pourtant réalisables, sur la voie du règlement de la cause palestinienne. Le Hamas qui veut dominer les institutions palestiniennes (nées du processus d'Oslo), tout en refusant l'esprit même de ce processus, n'est qu'une contradiction qui n'a fait qu'empêcher ce mouvement de trouver le «ton juste». Devant une démarche aussi importante de la part du Fatah, il n'est pas permis de tergiverser sous le motif de positionnements futurs dans des instances d'une Autorité palestinienne, au demeurant sans réels attributs de souveraineté et créées, de surcroît, par et sous, ... l'occupation.