Piratage de films, de documentaires, d'encyclopédies…décodage de téléphones portables, gravure d'albums…tout s'effectue à la Galerie 7 Novembre. Situé en plein centre ville, cet espace enregistre une grande affluence dès les premières heures du travail. C'est la destination préférée des jeunes « cinéphiles » qui ne payent pas très cher leurs longs métrages préférés. Un ou deux dinars sont largement suffisants pour graver un DVD d'une qualité d'image le moins que l'on puisse dire bien. Cette activité fait le bonheur des uns et certes le malheur des autres. Ce sont les professionnels qui en souffrent. Car il s'agit de leur travail et surtout leur création qui sont en péril.
Il est presque 10 heures du matin, la Galerie 7 Novembre, sise à l'avenue de Paris accueille déjà ses visiteurs. La quasi-totalité des boutiques sont ouvertes. Partout dans cet espace, des affiches des derniers longs métrages américains ornent les vitrines. Elles ont en fait, remplacé les produits cosmétiques et les fantaisies qui étaient exposés il y a quelques années, juste après l'ouverture du centre. Les parfumeries et les quelques boutiques du prêt-à-porter n'ont pas pu résister longtemps à la concurrence accrue des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Elles ont été supplantées par une activité très en vogue.
Un revenu pour les diplômés au chômage Ce sont en fait, les jeunes diplômés du supérieur en quête de travail qui ont lancé cette activité lucrative, après avoir poursuivi une formation complémentaire dans les multimédias. Mieux encore, même ceux qui ont fait un cursus universitaire dans le domaine de l'informatique et qui ont des difficultés à intégrer le marché de l'emploi se sont rabattus sur cette activité. Ils passent des heures, connectés sur Internet pour télécharger les derniers films des Box office internationaux, des séries américaines (Prison break, Desperate house wives, Sex and the City, Grey's anatomy… ), des documentaires, des albums…Ils fouillent en fait, la toile avec patience pour servir une clientèle diversifiée et surtout avertie. Adultes, jeunes et moins jeunes fréquentent la galerie pour choisir leurs films qui ne coûtent que quelques dinars. Il suffit tout simplement de feuilleter les albums disponibles sur le comptoir et de noter la référence pour être servi en un laps de temps. Qualité de service exige. Les jeunes ne perdent pas beaucoup de temps là-dessus. Ils servent leurs clients très rapidement car, la boutique n'est pas assez spacieuse pour accueillir tous les intéressés. Très souvent, les files d'attente se prolongent même à l'extérieur. « Cette tâche devient plus pénible pendant l'été et ce parce que le centre n'est pas équipé d'une climatisation centrale. Il se transforme même en fournaise à cause de la chaleur », témoigne un jeune. « Je n'ai qu'un minuscule ventilateur qui n'allège évidemment pas l'atmosphère », ajoute-t-il.
Impact économique En effet, le piratage de films, de documentaires, d'encyclopédies, de jeux vidéo, de logiciels, tous contraires aux principes la propriété intellectuelle font couler beaucoup d'encre ces derniers temps. C'est même un sujet d'actualité qui fait la Une des journaux dans plusieurs pays. Il est largement débattu dans les JT (Journaux Télévisés) voire en séances plénières tel le cas en France où un projet de loi a été adopté récemment pour préserver la propriété intellectuelle. D'ailleurs, la Tunisie est classée troisième par rapport au piratage sur Internet. Une activité que certains qualifient d'arme à double tranchant. Elle résout le problème du chômage des jeunes diplômés d'un côté, comme elle est source de dégâts économiques pour d'autres, notamment les cinéastes, les écrivains et les chanteurs… Ce phénomène attire l'attention des différents acteurs dans le domaine, notamment, les sociétés d'informatique de renommée internationale qui clament haut et fort leurs droits. Mais la question reste toujours sans solution adéquate.
Il faut tout d'abord résoudre le problème du fossé numérique entre pays pauvres et riches et surtout le problème d'emploi pour pouvoir mettre fin à ces pratiques. Cerner également les réseaux de piratage et de distribution de DVD serait aussi important pour arrêter ce fléau.