* Selon la Business Software Alliance (BSA) le piratage en Tunisie est en baisse régulière depuis cinq ans Selon la Business Software Alliance (BSA), le piratage serait en baisse en Tunisie et ce, pour la 5ème année consécutive. Dans son rapport pour l'année 2008 on apprend que le taux de piratage est passé de 76% en 2007 à 73% en 2008. Une baisse qui va certainement se poursuivre grâce aux textes relatifs à la propriété intellectuelle et aux droits d'auteur en vigueur en Tunisie depuis quelques années. Reste que pour l'instant, des milliers de DVD et de CD piratés sont exposés sans gêne dans des lieux qui se sont spécialisés dans ce domaine : Galerie 7 au Passage, souk Moncef Bey, boutiques de la rue d'Athènes... La galerie 7, grâce à sa place centrale est le lieu qui attire le plus d'acquéreurs de logiciels piratés. Ici les antivirus de toutes sortes sont à deux Dinars, les DVD des films sont à 700 Millimes et une encyclopédie sur deux DVD à cinq Dinars. Les films sont soit de grands succès classiques, soit des nouveautés. On trouve pêle-mêle " Coco ", " Watamdhi El Ayem ", " Monstres et Aliens ", " Dokken Chahata "... Le bas des vitrines est occupé par des milliers de CD et de DVD vierges, attendant d'être gravés, ce qui ne demande que quelques minutes pour tous les produits.
Faux problème Le jeune homme qui tient la boutique semble affairé devant son ordinateur. Pour lui " le piratage est un faux problème. Les prix des programmes informatiques originaux sont inaccessibles à la majorité de nos clients qui sont des étudiants et des pères de familles qui se sont déjà endettés pour acheter un PC à leurs enfants. " Il faut en effet savoir que le moindre CD ou DVD original coûte plus de 20 Dinars et que les logiciels originaux commencent à quelques dizaines et vont jusqu'à plusieurs centaines de Dinars. Pour notre interlocuteur, les choses sont claires : " ceux qui s'attaquent au piratage défendent surtout les intérêts du commerce des grandes sociétés occidentales qui veulent nous laisser dans l'ignorance. " Un point de vue excessif peut être, mais qui mérite réflexion...
Et la fracture ? En effet, la fracture numérique ne sera jamais comblée si nos étudiants se retrouvent obligés d'acquérir les logiciels originaux. Et même pour les films, nous avons trouvé des positions qui rejoignent cette vision des choses. " Tous nos films sont disponibles en téléchargement sur le web et revendus chez nous avant leur sortie en salles en Europe ", affirme cet autre jeune homme dans le magasin voisin. Pour lui, " l'Occident devrait nous encourager à pirater ses films, car nous découvrons ainsi sa culture et nous consommons ses produits. Concernant les films arabes et tunisiens, il faut être plus strict et sévir pour protéger notre production. " Pourtant de nombreux films arabes piratés sont exposés à la vente et à la location...
Chaînes enchaînées Autre forme de piratage : celui des chaînes TV cryptées. Elle est loin l'heureuse époque où les Tunisiens allaient dans les magasins spécialisés de la rue d'Athènes ou du souk Moncef pour "patcher" leurs récepteurs, bénéficiant du travail acharné de quelques "hackers" russes ou polonais. Depuis, les bouquets satellitaires ont contre-attaqué, en développant de nouvelles formes de cryptage, avec des codes qui changent tous les jours, quant ce n'est pas à chaque heure. Les spécialistes de l'informatique ont alors trouvé une solution qui ne coûte que 10 ou 15 Dinars par mois, et qui ouvre toutes les chaînes grâce à Internet en haut débit et au récepteur " Dreambox ". Mais la plupart des Tunisiens hésitent à opter pour cette offre, préférant s'abonner directement à l'ART et bientôt peut être à Canal+ qui commence à s'installer au Maghreb. Côté téléphones portables, le piratage de logiciel est également d'actualité, puisque les professionnels pouvaient jusqu'à une date récente télécharger les programmes de " flashage " et de " déblocage " de ces appareils pour une somme modique. Or actuellement ils se plaignent de ce que les autorités de tutelle ne leurs permettent plus d'effectuer ces opérations. Un vieux routier de cette spécialité évoque le problème en ces termes : " lorsque votre portable perd la tête, qu'il se plante et que son logiciel ne fonctionne plus, nous l'effaçons et nous le remplaçons par une copie nouvelle. On peut également débloquer des portables qui viennent de l'étranger, ce qui est pratique lorsqu'un ami ou un parent vous en fait cadeau. " Or depuis quelque temps on leur interdit ces opérations et on confisque les outils, notamment les ordinateurs, car certains techniciens manipulent des téléphones volés et dont on va effacer le numéro de série. Et les contrôles sont fréquents et sévères. Résultat, lorsque votre portable tombe en panne, vous devez le jeter et en acheter un autre. Notre technicien s'insurge : " Il ne faut pas mettre tous les techniciens dans le même sac. C'est comme si on interdisait à un boucher d'utiliser un couteau, sous prétexte que la viande provient d'un vol. " Au bout de plusieurs heures d'entretiens avec ces jeunes commerçants, on a l'impression qu'ils rendent service à leur clientèle en leur proposant des produits qu'ils ne consommeraient pas si leurs prix n'étaient pas si abordables. Faut-il fermer toutes ces boutiques et mettre des milliers de jeunes au chômage, au nom d'une éthique malléable à souhait et que l'Occident manipule à sa guise et dans son seul intérêt ? Le débat mérite d'être porté sur la place publique...