Depuis déjà les années 60, nos instituteurs sensibilisaient leurs élèves à un texte du grand " Ilya Abou Madhi", traitant du recul de la langue arabe. C'était, donc, dans les années 60, époque où les incantations idéologiques du Monde arabe façonnaient des schémas de pensée outrancièrement nationaliste, alors que l'Occident prônait ses fausses démocraties et que le marxisme proclamait la dictature du prolétariat. La langue arabe avait-elle les moyens de résister, dans une marche du siècle cahoteuse ? Pouvait-elle sortir de l'opacité, de l'immobilisme, justement décrié par " Ilya Abou Madhi ", face à la montée en puissance des colonialismes linguistiques français, anglais et espagnol ? On ne savait trop et on ne sait toujours pas où se situe l'épicentre de la langue. On ne connaît pas d'académiciens audacieux. Le dictionnaire (Al Mounjad) n'est dépoussiéré que pour adopter des néologismes dictés par l'insoutenable légèreté d'une mondialisation qui n'a rien prévu pour l'arabe. De surcroît, l'arabe étant la langue du Coran, toute velléité de réformisme linguistique a trop longtemps été perçue comme une atteinte à la sacralité du texte saint. Les Fatwas idiotes et réductrices auront abondé dans ce sens. Proclamer le 1er mars, Journée de la langue arabe, est une belle initiative de l'ALECSO. Mais, au-delà de la symbolique, commençons déjà par sortir cette langue du parasitage, des terminologies venant de l'Orient et des mélanges de genres endémiques à la société tunisienne. Cela dit, il ne s'agit pas de prôner le repli. Mais d'ennoblir un patriotisme tout en s'ouvrant sur les autres langues. Pour cela, il faut un véhicule : les Chinois l'ont trouvé. Et dans vingt ans, la planète tout entière parlera chinois.