* Une charte comportementale sera adoptée L'usage d'Internet à des fins criminelles et perverses se multiplie un peu partout dans le monde, ce qui justifie pleinement l'étude de ce phénomène. A cet effet, un Symposium international de deux jours sur la protection juridique des jeunes dans l'espace cybernétique s'est ouvert, ce mercredi 24 février à la technopôle d'El Ghazala, à l'Ariana, avec la participation d'une élite de conférenciers et d'experts des pays arabes, africains et européens, et des représentants des diverses structures concernées. Il est organisé dans le cadre de la proclamation de l'année 2010 en tant qu'année internationale par la jeunesse, à l'initiative de l'Association Tunisienne du droit de l'Internet et du Multimédia, sous l'égide du ministère des technologies de la communication et en étroite collaboration avec l'Organisation islamique pour l'éducation, les sciences et la culture (ISESCO) et l'Organisation arabe pour l'éducation, la culture et les sciences (ALECSO). L'ordre du jour comporte la présentation de plus de trente communications et conférences scientifiques intéressant la protection juridique des jeunes dans l'espace cybernétique. Un grand nombre de jeunes constitués essentiellement d'élèves et d'étudiants des divers cycles de l'enseignement primaire, secondaire et supérieur ont été invités à suivre les travaux de ce Symposium. A elle seule, l'Organisation de la jeunesse scolaire a envoyé près de deux cent élèves. Racolage et escroquerie Dernièrement, en Tunisie, un tribunal tunisien a eu à juger, entre autres, d'une affaire de racolage et d'escroquerie par le biais de l'Internet dans laquelle la victime est un tunisien d'âge adulte, vivant en Tunisie, tandis que le racoleur escroc est une ressortissante africaine qui a pu perpétrer son délit, dans son propre pays, grâce aux facilités connues de contact et de communication à distance que l'Internet est en mesure d'offrir aujourd'hui à ses utilisateurs. Aussi, les orateurs qui se sont succédés sur la tribune d'honneur ont pris soin de distinguer entre les utilisations ‘'utiles ‘' et ‘' édifiantes'' de l'Internet et de l'espace cybernétique en général, et ses utilisations ‘'nuisibles ‘' et ‘'criminelles''. Mais, d'après les commentaires de certains participants, pour les pays arabes et islamiques, même les utilisations qualifiées d'utiles et d'édifiantes peuvent revêtir des aspects négatifs, car les pays arabes et islamiques sont des consommateurs de la culture et des contenus numériques d'essence occidentale véhiculés par l'Internet, de sorte que les citoyens arabes qu'ils soient enfants, jeunes ou adultes sont guettés par les dangers du déracinement culturel et de la dépendance en matière de contenus et d'informations numériques dites ‘'utiles''. Dans cette optique, et comme l'a dit le président de l'Association tunisienne du droit de l'Internet et du Multimédia, Jawhar Jammoussi, protéger les jeunes dans l'espace cybernétique c'est les protéger de l'exploitation physique et intellectuelle, de la déviation des valeurs et de la dégradation éthique. Cette protection inclut la protection juridique qui est du ressort des Etats et des gouvernements, mais doit revêtir également une dimension éthique qui se construit progressivement dans le comportement collectif à la faveur de la conjugaison des efforts de tous les acteurs sociaux, la société civile, le secteur privé et les médias. Protéger les jeunes Parmi les crimes électroniques, il y a, en effet, ceux qui sont de l'ordre du droit comme l'exploitation sexuelle des mineurs et des crimes qui sont de l'ordre de l'éthique telles que la promotion des sites pornographiques et la diffusion de contenus à caractère raciste ou sectaire. Le Symposium doit déboucher sur l'adoption d'une Charte comportementale et d'une déclaration sur la protection des jeunes du monde dans l'espace cybernétique. Il s'agit d'offrir aux enfants et aux jeunes du monde entier un espace cybernétique dont ils pourraient profiter en toute sécurité et à l'abri des dangers et des velléités criminelles. Salah BEN HAMADI ------------------------------------------ Sécurisation des utilisations de l'Internet Donnant le coup d'envoi des travaux du symposium, le ministre des Technologies de la communication, Mr. Mohamed Naceur Ammar a mis en relief l'importance attachée par la Tunisie à la sécurisation des utilisations de l'Internet, et des transactions électroniques en général, comme le commerce électronique, et le paiement électronique, et ce à travers la mise en place de cadres juridiques et institutionnels appropriés, répondant aux normes internationales. Il a signalé à ce propos les prestations de services de haut niveau offertes, dans ce domaine, par l'Agence nationale de la sécurité informatique et l'Agence nationale de certification électronique. Il a rappelé le soutien public accordé aux Associations exerçants dans ce domaine à titre d'encouragement à la diffusion de la culture numérique en Tunisie, dont la nouvelle décision portant sur l'attribution d'une prime de 10 mille dinars aux Associations qui désirent créer des sites WEB interactifs (Web 2.0). Ont également pris la parole MM. Mohamed Aziz Ben Achour, directeur général de l'ALECSO, Omar Alghoul, président du Conseil d'Administration de l'Association arabe du droit de l'Internet et Youssef Abou Dakka, représentant de l'ISESCO. ----------------------------------------- Afef Dallai, étudiante en 2ème année à l'Institut supérieur de formation des cadres de l'enfance à Carthage Dermech : « Le sujet est très important notamment pour des futurs éducateurs et éducatrices, comme les étudiants de notre Institut… » L'Internet a envahi toutes les maisons et toutes les familles. La société est dominée par la culture de l'Internet, mais l'utilisation de l'Internet possède des cotés positifs, comme elle peut avoir des incidences négatives sur l'utilisateur de tout âge et l'enfant en particulier. L'usage abusif de l'Internet peut conduire au déracinement culturel chez nos enfants et nos jeunes, car la personnalité des enfants est en cours de formation, de sorte qu'il y a un risque pour que l'Internet se transforme en une culture et se substitue à la culture nationale, du moment que de nos jours, les parents ne sont pas en contact permanent avec leurs enfants, à cause de leur travail. Le fonds de vocabulaire de l'enfant se rétrécit. Il s'isole de son environnement et devient la proie à toutes les déviations, car l'espace de l'Internet manque de repères solides pour la jeunesse tunisienne, arabe et islamique. Les contenus qu'il véhicule sont confectionnés par d'autres. Aussi, il faut encadrer et contrôler l'utilisation de l'espace cybernétique par les enfants et les jeunes, mais il importe tout spécialement de les encourager à s'adresser régulièrement à d'autres sources d'informations, notamment les livres et les revues scientifiques et culturelles.''