Personne ne peut nier aujourd'hui l'importance croissante de la culture numérique et des TIC dans le monde. Leur impact s'est fait sentir dans divers secteurs et en premier lieu dans la communication. L'espace cybernétique a, en effet, contribué à élargir considérablement le champ des intervenants qui diffusent ou reçoivent les informations. Et les internautes se sont diversifiés par leur situation géographique, leur niveau culturel et leur âge. Sachant que les jeunes en représentent la catégorie la plus importante. La caractéristique majeure des jeunes est leur attirance pour la communication et leur ouverture sur les autres, et ce, pour des raisons psychologiques reliées à leur penchant à vouloir exprimer leurs opinions et affirmer leur personnalité. Il est évident que l'espace cybernétique peut être exploité pour l'éducation et la formation des jeunes, en leur permettant d'accéder plus rapidement à la connaissance et à la culture, et d'élargir l'horizon de leur savoir. Cependant, ce même espace, du fait de sa nature virtuelle, peut représenter un espace parsemé de divers types de dangers pour les différents groupes d'internautes, et notamment pour les plus jeunes, qui sont particulièrement ciblés à cause de leur enthousiasme pour l'Internet et leur manque de maturité, qui ne peut s'acquérir qu'avec l'âge et la multiplication des expériences. Les dangers de l'espace cybernétique sont innombrables, on y compte notamment des crimes juridiques et des atteintes aux valeurs morales. Parmi tous les crimes électroniques que l'on peut recenser, il y a ceux de l'ordre du droit, comme l'exploitation sexuelle des mineurs, et ceux qui sont de l'ordre de l'éthique, telle la prolifération de la pornographie et l'apologie du terrorisme. Ce sont ces dangers multiples qui ont poussé l'Association tunisienne du droit de l'Internet et du Multimédia à organiser, en collaboration avec l'Alecso et l'Isesco, un symposium international sur «Les jeunes dans le cyberespace: protection juridique et frontières éthiques». M. Jawhar Jammoussi, président de l'association, indique que la protection des jeunes dans l'espace cybernétique est la responsabilité des Etats, ceux-ci doivent être soutenus par la dimension éthique qui ne se contente pas de lois écrites, mais doit se construire patiemment dans l'inconscient collectif, avec un partenariat actif et réfléchi avec la société civile, le secteur privé et les médias. Le processus du Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) a permis d'assurer un accès libre, égalitaire et universel à l'information. Il consiste à réduire la fracture numérique. L'intérêt accordé aux jeunes apparaît dans le point 11 de la déclaration de principes de Genève (2003) et dans le point 25 de l'engagement de Tunis (2005) qui mentionne que les jeunes sont des acteurs essentiels dans l'édification d'une société numérique solidaire. M. Ridha Guellouz, directeur général du Centre d'information, de formation, de documentation et des études sur les technologies de la communication, indique que«les jeunes sont partout dans la vision générale pour la société de l'information. Dès 1998, la Tunisie a pris une initiative à l'adresse de la jeunesse. Il s'agit d'une très forte anticipation de modélisation des TIC sur la vie des principaux acteurs de la société de demain». Aujourd'hui, on parle de criminalité virtuelle et de criminels virtuels qui diffèrent des criminels traditionnels. Ces derniers sont très malins et possèdent de grandes compétences en matière de TIC. Dans ce même contexte, M. Achraf Khafaj, vice-président de l'Association égyptienne de lutte contre les crimes d'Internet, précise que «le criminel virtuel peut exécuter son crime à distance. Il détecte d'énormes informations dans tous les domaines. Le vol des banques, l'espionnage, le harcèlement sont les principaux fléaux des TIC». Le mineur internaute est une personne juridique qui jouit de droits fondamentaux normalement générateurs d'obligations et de responsabilité. «Pour éviter toute déviation dans l'utilisaion d'internet, il faut sensibiliser les jeunes internautes et leurs parents. De même, il est nécessaire d'élaborer un label et une commodité visible. Les sociétés industrielles nous proposent des standards de label mais ces standards industriels «marchandisent» les éthiques. La labellisation industrielle doit prendre en considération les spécificités des pays et communautés d'utilisateurs», souligne le Dr Henri Hudrisier, un expert international en matière de TIC. Les Etats, les créateurs de réseaux, les utilisateurs sont impliqués dans les instances de normalisation nationales et internationales. «Il faut savoir imposer le cahier des charges éthique, psychologique, linguistique, social et économique aux industriels des réseaux», conclut le Dr Hudrisier.