Il est effectivement temps que la culture sorte de l'opacité et s'implique dans une dynamique de développement social et économique. La culture en Tunisie, pourtant foisonnante, toujours en phase avec les mouvements d'époque et d'une sensibilité identitaire particulière, est paradoxalement restée figée dans des pesanteurs structurelles. Le paradoxe tient justement aux revendications intellectuelles des femmes et des hommes de Culture et, en même temps, au refuge dans les sources de financement de l'Etat. Ce n'est pas une dichotomie. Mais c'est une contradiction. Et de surcroît, en cette époque de privatisations, de désengagement de l'Etat - malgré un retour en force après la crise - la culture a besoin de rechercher de nouvelles formes de financement ; elle a besoin d'intégrer cette dimension industrielle et que ses hommes cessent de croire que la formule " industrie de la culture est réductrice et avilissante pour elle-même ". Il faudra donc agir sur les mentalités. Et en filigrane, les intellectuels et, pour tout dire, les femmes et les hommes de Culture, doivent en finir avec une espèce de paranoïa. On attend d'eux qu'ils créent, qu'ils avancent en témoins de leur époque, qu'ils revalorisent un patrimoine culturel (le nôtre) d'un singulier brassage des genres. Oui, mais il leur faut de l'argent, beaucoup d'argent. Et c'est là, justement, le nœud gordien : les entreprises, les banques, les décideurs s'y impliqueraient volontiers. Pour autant, il faudra là aussi ne pas trop raisonner en rentabilité, en chiffres et en rigoureux retour d'investissement. Au rapport de la culture, l'Etat se comporte en mécène. Pourquoi nos entreprises ne s'y impliqueraient-elles pas ?