Le surnaturel, la science fiction, le monde des morts et des créatures vivant dans des sphères parallèles ont toujours été présents dans l'imaginaire collectif et notre culture en général. Au-delà des légendes, occidentales comme arabes, le cinéma a souvent travaillé sur ces mythes. Des documentaires ont été tournés dans des maisons dites hantées, des scientifiques ont tenté d'étudier des phénomènes d'apparition, de voix, de lumières étranges et d'ombres glissant sur les murs. Dans toutes les religions monothéistes, il est dit qu'il existe d'autres créatures sur notre terre. Pour le christianisme par exemple ce sont des âmes torturées, des mauvais esprits, les enfants du diable et on procède alors à l'exorcisme. En Islam, les « Djinns » sont là, ils nous voient sans qu'on puisse en faire autant. La sorcellerie, le mauvais œil sont également cités par le livre sacré, mais il est aussi dit que l'on ne peut faire du mal à quelqu'un via ces moyens que si Dieu le veuille. La psychiatrie de son côté parle de schizophrénie. Si l'on entend une voix ou que l'on voit quelqu'un, c'est alors une psychose; une maladie psychiatrique.
Pratiques presque quotidiennes en Tunisie Les croyances populaires des Tunisiens affirment en général l'existence de forces naturelles. Si l'on croit peu aux esprits des morts, ce n'est pas le cas en ce qui concerne les Djinns. Dans certains foyers, on laisse une assiette contenant de la nourriture le soir avant de dormir, afin de nourrir ces «cohabitants invisibles» et de conjurer leur nuisance. Quelques personnes brûlent de l'encens pour le bon plaisir des Djinns et afin de les apaiser. Des mamans n'oublient pas de mettre dans la poche de leurs enfants quelques graines de «sinouj» destinées à éloigner le mauvais œil. Idem pour « la main de Fatma». Les plus pieux préfèrent lire le Coran. Ils connaissent les versets destinés à chasser les mauvais Génies, ceux destinés à éloigner le mauvais œil et les versets pour se protéger contre la sorcellerie, voire en guérir. Le sang a aussi une fonction importante en Tunisie. Avant d'habiter une maison ou de commencer un commerce on égorge un animal et on fait couler son sang sur le palier. C'est supposé donner « la baraka » et surtout, le sang représente une offrande aux Djinns. Beaucoup de gens continuent à notre époque à visiter les mausolées, à solliciter les saints, morts depuis des siècles, et à allumer des cierges, par superstition ou par besoin d'un appui qui intervient en faveur de leur requête.
Quand le surnaturel bascule dans la paranoïa Se protéger par tous les moyens possibles et imaginables fait partie de l'instinct de survie de l'être humain. Ce qui a été ci-dessus cité en fait partie. Seulement, l'idée qu'on est entouré de forces surnaturelles malveillantes peut pousser à des paranoïas ou alors devenir des excuses que fournit notre inconscient en cas d'échec. On ne réussit pas un examen ou alors on n'arrive pas à se concentrer en classe, quelqu'un nous a jeté un mauvais sort ou alors c'est le mauvais œil. On n'arrive pas à construire une relation durable, nos défauts sont plus évidents chez le sexe opposé que nos qualités, c'est qu'un «Djinn ou une Djinneya», nous veut comme époux ou épouse et empêche les humains de voir le bon en nous, pis encore, nous transforme à leurs yeux en monstre dépourvu de qualités. Et si jamais aucun fiancé ne frappe à nos portes, c'est que quelque dame jalouse a enterré notre photo dans une tombe « oubliée » pour que jamais œil ne se pose sur nous ou ne nous remarque ! Cela permet souvent de ne pas se remettre en question, ne pas réviser ce qui peut clocher dans notre comportement, ne pas fournir d'effort dans les études, le travail ou même les relations humaines (…). Souvent les personnes hystériques et névrotiques ne consultent pas les médecins croyant que ces crises sont des manifestations surnaturelles. Et ainsi prospère le commerce des charlatans. Néanmoins, et malgré l'explication médicale et logique qu'on peut donner à plusieurs manifestations prises pour surnaturelles, il reste parfois évident qu'il y a des phénomènes auxquels on ne trouve aucune explication. Sans essayer de vous en donner l'explication, de confirmer les histoires racontées ou de les nier, nous vous exposons ci-après deux témoignages. Des histoires comme cela, on en entend dans chaque famille pratiquement. Elles ne sont point surprenantes, mais restent étranges pour ceux qui croient au surnaturel, effrayantes pour ceux qui le craignent et «à dormir debout» pour ceux qui n'y croient point !
Leila. D : «Mon mari est parti trois jours après le mariage, une dame me l'a ramené grâce à ses pouvoirs ». «Mon mari a défié tout le monde pour m'épouser. Il est plus jeune que moi et il a dû affronter sa famille, la mienne et la société pour que notre union se fasse. On s'est battu un peu plus d'un an et finalement, nous avons signé le contrat de mariage. Nous voilà réunis. Tant d'efforts pour que je sois son épouse et puis une fois chez nous, ce fut le silence. Pendant deux nuits, il s'est muré dans la solitude et nous n'avions presque pas échangé de paroles. Je n'ai pas compris ce qui lui est arrivé, surtout avec tout l'amour qu'il me témoignait jusqu'au dernier moment avant notre mariage. Au bout du troisième jour, il est parti sans prévenir, comme me fuyant. Déprimée et choquée, quelques membres de ma famille m'ont invitée chez eux afin que je change d'air. Au bout de quelques jours, ils m'ont parlé d'une dame qui a des pouvoirs et qui résout ce genre de situation. On est parti la voir et elle m'a raconté qu'une parente m'a jeté un sort, sur le lit conjugal, plus spécialement afin que mon mari ne s'approche point de moi et qu'il me quitte. Elle m'a donné «un traitement»; quelques herbes, encens et je passe les détails. Une semaine plus tard mon mari est revenu. Cela fait un an que nous sommes mariés et je suis heureuse, il ne m'a plus jamais quitté».
Inès. M : «Je les vois et ils me parlent» «Il m'arrive souvent de me sentir en présence d'autres personnes sans vraiment les voir. Elles ne m'ont jamais nui, au contraire, je me sens comme protégée par elles. Parfois, je me sens poussée à faire des choses sans que je comprenne le motif. Une fois par exemple j'étais à la maison et j'ai senti que je devais nettoyer la chambre. J'ai mis des heures à astiquer dans une frénésie incompréhensible. Une fois le ménage fait, j'ai déplacé les meubles, mis un peu de décoration et je me suis endormie tôt. J'ai entendu des petits pas dans la chambre et je me suis réveillée. J'ai vu des femmes très petites de tailles, voire des naines qui peignaient la main d'une d'entre elles avec du Henné. Une vielle dame m'a regardée et m'a remerciée d'avoir nettoyé la chambre pour le mariage de la jeune fille. Elle a fait des prières pour moi et je me suis rendormie. »