L'exposé de M. Nachi s'intitule «Qu'est-ce qu'une société de compromis, remarques introductives» : illustration en quelques passages : «Pour sortir de l'impasse à laquelle mène inéluctablement l'opposition universalisme vs relativisme, il importe d'envisager la question du pluralisme et de la diversité pragmatiquement, c'est-à-dire à la lumière d'une mise à l'épreuve de la pratique de certains principes fondamentaux, tels que la reconnaissance de l'Autre, le respect de la dignité de la personne, l'acceptation de la différence, etc.» «…au-delà de la diversité culturelle, de la multiplicité des mondes sociaux, de la variété des valeurs, une même question demeure : comment construire un monde pluriel, mais commun ? Comment cohabiter dans la différence, mais sans indifférence ? Comment rendre les différences compatibles ? Comment préserver la diversité culturelle ? En somme comment organiser, comment gouverner la vie des individus, des groupes sociaux et celle de la Cité en tenant compte de leur diversité et en reconnaissant leur spécificité.» «…notre tâche est de jeter les bases d'une philosophie sociale et politique adaptée à un monde pluriel où coexistent des valeurs conflictuelles, c'est-à-dire un monde commun de coopération. L'ambition de cette philosophie est de repenser de fond en comble les pactes politiques, les contrats sociaux qui ont jusqu'à présent gouverné nos sociétés.» «Terres de passions, foyers de militantisme religieux, mais aussi théâtre de conflits politiques, (les sociétés islamiques actuelles) pourraient paraître rebelles à toute forme de compromis. Dans ces sociétés plus qu'ailleurs, le compromis pourrait être identifié à la compromission.» « En proposant de penser le compromis, il s'agira de rendre explicites les conditions qui doivent être réunies pour que ces sociétés se modernisent tout en restant fidèles à leurs Traditions, à leur histoire (…) C'est aussi une manière de congédier certains vieux démons qui guettent chaque société : intransigeance des visions littéraliste et absolutiste des textes sacrés, refus de l'altérité, rejet de la différence et du pluralisme.» «C'est en définitive du compromis en tant que rempart contre les extrémismes et la violence qu'il faut faire un élément constitutif du vivre-ensemble. Un tel compromis devrait être perçu comme une promesse plutôt que comme une compromission.» *Extraits de la communication de Mohamed Nachi, initiateur du colloque