Wajdi Bouallegue (28 ans) vient de remporter son 21eme titre africain aux derniers championnats d'Afrique disputés du 3 au 5 mars en Namibie, sa victoire au sol fait de lui un gymnaste invincible depuis 2004 sur la scène continentale. Dans son agrès fétiche, Bouallegue a été victorieux à huit reprises en dix participations continentales de 1998 à 2010. Son premier titre a été obtenu en 1999 lors des jeux Africains de Johannesburg . Aucun gymnaste africain n'a accompli un pareil record de victoires et de podiums (34).De retour de Walvis Bay , Wajdi Bouallegue toujours aussi motivé et determiné ,nous en dit plus sur sa récente participation continentale ,sa carrière et ses objectifs. Le Temps : On attendait mieux de Bouallegue aux derniers championnats d'Afrique surtout lors du concours individuel multiple? Wajdi Bouallegue : Il est vrai que je devais normalement faire mieux mais j'ai été victime d'une infection intestinale qui a nécessité mon hospitalisation à mon arrivée en Namibie. Je me suis présenté à la compétition très affaibli physiquement et je dois m'estimer heureux d'avoir tenu le coup et remporter deux médailles (or et argent). En plus, le matériel utilisé et les conditions de la compétition ont été catastrophiques et indignes d'un championnat d'Afrique. Ce qui m'a le plus frustré, c'est d'avoir retrouvé en Namibie les mêmes appareils de l'époque de l'édition de mes débuts en 1998. L'Egyptien Sourour, qui a réussi le meilleur classement –qui lui a d'ailleurs valu le seul le seul ticket olympique2008 attribué au continent africain -parmi les gymnastes africains lors des Mondiaux 2007, s'est classé 6eme en Namibie au concours individuel multiple. Comment expliquer, qu'après avoir été médaillé aux jeux méditerranéens 2009, vous ratez aussi l'opportunité d'accéder à la plus haute marche du podium au saut de cheval? Comme je le soulignais, le matériel utilisé en Namibie n'était pas réglementaire, il était surtout favorable aux gymnastes d'un niveau moyen, affectionnant les éléments faciles et élémentaires pour éviter les chutes .Ceci n'est pas mon cas où chaque jour à l'entraînement je travaille dur pour maîtriser des enchaînements et des éléments complexes nécessitant des risques de chute. C'est de la sorte qu'on peut rivaliser avec les meilleurs sur le plan international. A l'agrès du saut, une fois de plus le matériel a consacré la victoire d'un gymnaste Sud africain inconnu d'un niveau modeste .Avec un matériel réglementaire, j'aurais pu m'imposer au saut. «Un manque de compétition néfaste » Le désaccord survenu durant l'été avec la FTG et votre suspension ont dû vous affecter moralement et perturber votre préparation ? - Après un tel conflit, il ne fut pas facile moralement de se préparer mais ce qui m'a le plus perturbé, c'est incontestablement mon manque de compétition depuis la fin des jeux méditerranéens. Rester huit mois sans la moindre participation en gymnastique, cela ne se pardonne pas .Mais en arrivant en Namibie, j'ai presque oublié mes soucis de la saison estivale, seul le matériel des agrès a constitué le réel handicap pour briller davantage. Vous devez bien vous souvenir encore de votre première sortie à 16 ans lors des championnats d'Afrique de Namibie en 1998. Aviez -vous songé à l'époque accomplir une pareille carrière ? Depuis mon jeune âge, je savais ce que je voulais faire. Je n'ai jamais cessé de visionner les bandes vidéo des différentes éditions des jeux olympiques et des championnats du monde .Je savais pertinemment que j'allais être en mesure un jour de marquer l'histoire de mon sport favori. «28 ans, un âge favorable pour continuer à briller » Quels seront vos objectifs pour la période 2010 - 2011 ? Pour 2010 et 2011, de nouveaux challenges m'attendent ,d'abord renouer en 2010 avec la réussite avec un bon parcours en coupe du monde tout en accédant à une finale mondiale à Rotterdam. En 2011, l'objectif consistera à se qualifier aux JO 2012 et briller aux jeux arabes et africains. Si je souffre autant aux entraînements, c'est justement pour continuer à briller sur le plan international. A 28 ans, comment expliquer votre grande motivation à continuer la pratique de votre sport favori surtout sur le plan international ? J'ai vu, durant ma carrière, des gymnastes de plus de 30 ans gagner des médailles toutes compétitions confondues, aujourd'hui la gymnastique moderne favorise la longévité des champions et à mon sens, 28 ans est l'âge approprié pour continuer à briller surtout pour un athlète dont l'hygiène de vie, la motivation et le professionnalisme constituent le secret de ma réussite durant ces dix dernières années. Avez-vous déjà réfléchi à l'après carrière d'athlète, votre reconversion dans le futur ? Oui, j' y pense parfois mais je préfère pour le moment me concentrer sur ma carrière sportive pour l'achever un jour en beauté tout en continuant à honorer les couleurs de mon pays. Interview réalisée par Chaker Belhadj