Yasmina Khadra, pseudonyme féminin choisi par l'écrivain algérien Mohamed Moulessshoul, a connu un grand succès ces dernières années aussi bien dans le monde arabe qu'en Europe. Il se révéla pour la première fois au public avec « l'Ecrivain ». Dès lors, les ouvrages à succès se sont succédé. Parmi ceux-ci on peut citer « L'automne des chimères », « Morituri », « A quoi rêvent les loups ? », « Cousine K » et surtout « L'Attentat » qui fut retenu par les jurys du Goncourt et du Renaudot en 2005. Yasmina Khadra a charmé ses lecteurs par son style protéiforme, mais toujours simple et poétique et son langage dépouillé, clair et concis alliant lyrisme et réalisme. Ses romans sur le conflit au Moyen-Orient (les Sirènes de Bagdad) et sur la guerre en Afghanistan (Les Hirondelles de Kaboul) lui valurent une grande renommée à l'échelle internationale. Aussi peut-on, à juste titre, affirmer que Yasmina Khadra fait désormais partie des grands. Il est l'un des grands invités d'honneur du 30è Salon du livre de Paris avec son dernier-né « L'Olympe des Infortunes » qui parut en janvier 2010 aux éditions Julliard. Consacré aux vagabonds et aux laissés pour compte, ces oubliés qui peuplent les grandes villes, le livre dépeint la « famille » des SDF qui partagent le même destin et les mêmes maux dans des sociétés qui leur tournent le dos. Ils vivent en communauté près d'une décharge publique, sur un terrain vague, loin de toute agglomération. C'est là que s'installent les membres de « l'Olympe des Infortunes ». On compte parmi eux « Ach » le borgne, « Junior » le simplet, Mama le fantomatique, le Pacha et sa cour de soûlards et bien d'autres personnages aussi obscurs qu'attachants. « C'est un pays de mirages et de grande solitude où toutes les hontes sont bues comme sont tus les secrets les plus terribles. » Ach le borgne, aussi appelé « le musicien », est joueur de banjo. Il a pris sous son aile un jeune et naïf va-nu-pieds qui lui voue une admiration sans limites. A côté de Ach, il y a Junior qui s'initie à la philosophie des « Horr », ces clochards volontaires qui ont choisi de vivre à l'écart de la ville et en marge de la société en rejetant toutes ses valeurs : argent, travail, famille. Refusant jusqu'à la mendicité, les Horr veulent mener une vie libre de toutes contraintes. Une affection profonde naît entre les membres de cette communauté. L'on se trouve plongé dans un univers méconnu où ce monde de sans-abri a choisi de s'enfermer. Une part de la société mais surtout une société à part.
Hechmi KHALLADI ** « L'Olympe des Infortunes » de Yasmina Khadra, janvier 2010, Editions Julliard